Changements climatiques - Le bilan de GES du Canada se détériore encore un peu

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L'effet des sables bitumineux

Ottawa — Le bilan de gaz à effet de serre du Canada s’est encore un peu alourdi en 2011. Le pays, ses industries et ses citoyens ont émis une mégatonne d’émissions de plus qu’en 2010, ce qui place désormais le Canada à 26 % au-dessus de la cible de réduction qu’il s’était fixée dans le protocole de Kyoto.
C'est ce qu'on apprend dans le rapport annuel d'inventaire national soumis par Environnement Canada à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Ce rapport 2011, le plus récent, a été soumis le 15 avril dernier.
Ainsi, les émissions canadiennes de GES ont atteint 702 mégatonnes en 2011, par rapport à 701 l’année précédente, pour une augmentation d’un million de tonnes d’équivalent de CO2. Cela place le pays bien loin des cibles du protocole de Kyoto, protocole duquel s’est officiellement soustrait le Canada en décembre dernier.
Selon le protocole, en effet, le Canada aurait dû ramener ses émissions de 2012 à 6 % sous leur niveau de 1990, soit à 556 Mt. Le Canada se trouve donc, en 2011, à 146 Mt au-dessus de ce niveau. Depuis, le gouvernement a remplacé les objectifs de Kyoto par ceux de Copenhague, beaucoup moins contraignants. Il vise désormais à réduire ses émissions de 17 % par rapport à leur niveau de 2005, et ce, d’ici 2020. Comme 2005 vient au deuxième rang des années les plus polluantes du Canada (749 Mt), cela signifie ramener les émissions canadiennes à 612 Mt. Par rapport à 2005, les émissions de 2011 sont inférieures de 6 %.

La production pétrolière
Le rapport soumis aux Nations unies démontre que la production pétrolière et gazière a contribué à la détérioration du bilan environnemental du Canada. À eux seuls, les sables bitumineux ont représenté 55 Mt (8 %) de toutes les émissions canadiennes de 2011, en hausse de 6 % en un an et de 62 % par rapport à 2005. Cette industrie contribue donc plus à elle seule au dérèglement du climat que tout le parc automobile canadien (41 Mt, presque stable par rapport à 2010). Les transports, qui regroupent le parc automobile, mais aussi l’aviation, la navigation, les camions et les trains, totalisent 199 Mt.
Le rapport souligne toutefois que l’intensité des émissions de gaz à effet de serre diminue. Ainsi, l’activité économique, telle que mesurée par le produit intérieur brut, a crû de 8,4 % depuis 2005 (ou 65 % depuis 1990) tandis que les émissions de GES ont diminué de 4,8 % par rapport à 2005 (ou augmenté de 18,7 % par rapport à 1990).
« Ensemble, les accroissements de l’efficacité et les changements technologiques et structurels (c’est-à-dire un passage d’une économie industrielle à une économie basée sur les services) se sont soldés par un affaiblissement constant du lien entre la croissance du PIB et les émissions, de façon telle que l’intensité de GES de l’économie a diminué de manière constante », est-il écrit dans le rapport.
De la poudre aux yeux, réplique Patrick Bonin, le responsable de la campagne climat-énergie chez Greenpeace. « Cela fait plusieurs années qu’on produit moins d’émissions par dollar d’activité économique, mais ce découplage n’est pas suffisant, car le total d’émissions continue d’augmenter. Ce qu’il faut, c’est réduire le total. La planète, ça lui importe peu qu’on produise moins de GES par PIB. Elle veut savoir si les émissions diminuent, point final ! »

Fierté
Encore mercredi, le ministre de l’Environnement, Peter Kent, affirmait à la Chambre des communes que le gouvernement de Stephen Harper « est le premier gouvernement canadien à effectivement réduire les GES ». Les émissions canadiennes ont radicalement diminué en 2008-2009, années de crise économique, mais augmentent depuis ce temps.
Le ministre Kent avait par ailleurs vanté « l’approche secteur par secteur » de son gouvernement pour réduire les GES. En fait, seul le secteur des transports est concerné, le Canada ayant adopté les normes américaines sur l’efficacité des futures flottes automobiles, comme le faisaient les gouvernements libéraux précédents. L’autre secteur visé est celui de la production d’électricité à partir du charbon. Le projet de règlement, que le ministre Kent annonce pour bientôt depuis l’été dernier, n’est prévu que pour la fin d’août. Il ne sera au mieux en vigueur que l’année suivante, selon le site Internet d’Environnement Canada.


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