Mardi dernier, je suis descendu à Québec avec deux membres de ma section de la SSJB. En ce premier juillet, pour la fête du déménagement, nous nous rendions à la vigile devant le monument de Wolfe qu’organisait le Réseau de Résistance du Québécois (RRQ), dernier-né du mouvement indépendantiste et issu du journal Le Québécois (qui est aussi une radio internet, une maison d’édition, etc.). La journée s’annonçait splendide et nous avions bien hâte de quitter Repentigny pour la vieille capitale.
Une fois arrivés à Québec, sur Grande-Allée, le plus difficile fut de trouver du stationnement. Il faut dire que le fédéral avait triplé le montant pour l’organisation de la « fête du Canada » et que les badauds affluaient de partout pour se rendre sur les plaines d’Abraham et profiter de la belle journée. Certains, bien entendu, venaient pour voir les amuseurs publics, les spectacles, les véhicules militaires et les soldats mobilisés pour l’occasion, alors que d’autres venaient juste promener leur chien, faire du vélo et profiter de ce jour chômé et férié. Il y avait aussi, on s’en doute, dès qu’il s’agit de Québec, de nombreux touristes.
Le premier monument érigé en l’honneur du général anglais Wolfe, mort en 1759 pendant la bataille des Plaines d’Abraham, date de 1790. En 1832, il est remplacé par une colonne, puis une autre dix-sept ans plus tard. En 1963, le FLQ, qui passait par là par hasard, la fit disparaître aussi facilement que David Copperfield l’avait fait avec la statue de la Liberté (à la différence que le FLQ n’avait pas le talent du prestidigitateur et n’arriva jamais à la faire réapparaître, si bien que la statue dut être reconstruite par le gouvernement canadien en 1965). L’imposant monument se trouve devant le Musée national des beaux-arts du Québec. Fait de bronze et de pierre, le monument dédié à notre conquérant est d’une hauteur de 38 pieds et d’une laideur excessive.
Dès onze heures, un attroupement important d’indépendantistes se formait à quelques jets de pierre du général anglais. La police se faisait discrète mais présente, car tout ce qui grouille, grenouille et scribouille chez les indépendantistes la rend nerveuse. D’autant plus qu’une semaine auparavant, cette même police arrêtait trois jeunes militants du RRQ soupçonnés d’avoir fait des graffitis politiques sur les murs. Ils passèrent la nuit en cellule et, le lendemain, furent conduits, menottes aux poignets et aux chevilles, devant le juge, qui leur imposa des conditions exagérées, comme ne pas se présenter à la manifestation du 1er juillet, ne pas assister à une réunion du RRQ et autres « ne pas » dont les magistrats ont le secret. Tout cela pour quelques malheureuses lettres dessinées; il est vrai qu’il y a des lettres qui chatouillent plus les autorités que d’autres. Alors, si ça vous chante un de ces quatre d’inscrire quelque chose, faites attention au choix des lettres… ou remplacez le R par un B, comme cela on pourra lire : Vive le BBQ ! plutôt que Vive le RRQ ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, les « poulets » de Québec craignent davantage le RRQ que le BBQ !
L’atmosphère était quelque peu fébrile parmi les manifestants. On remarquait le cinéaste Pierre Falardeau déjà sur place, qui conversait avec sa faconde habituelle, tantôt avec un journaliste, tantôt avec un manifestant. On cherchait parmi la foule Patrick Bourgeois, le bouillant polémiste, mais il n’était toujours pas arrivé. Entre-temps, les passants allaient et venaient, se dirigeant soit vers l’animation sur les Plaines, soit vers le Musée, ou s’en retournant à la maison. La réaction de ceux-ci devant les dizaines de drapeaux des Patriotes (enchâssés du vieux patriote à la pipe et au fusil d’Henri Julien) et du Québec (dont un drapeau de Carillon de l’abbé Filiatrault, que j’affectionne particulièrement) était favorable, parfois chaleureuse, du genre « on ne s’attendait pas à vous voir, mais ça fait du bien de savoir que vous êtes là, qu’il y a des gens qui réagissent à cette mascarade du 1er juillet ». On s’étonne parfois de voir tant de monde, avec leurs jeunes enfants, répondre positivement à de telles mises en scène concoctées par le fédéral pour nous enfoncer dans la gosier le Canada, et on prend cela pour un engouement. En réalité, la majeure partie des gens viennent sur les plaines pour profiter de la nature, du magnifique coup d’œil sur Québec et, pourquoi pas, puisque ce sont les contribuables qui paient, assister sans complexe aux spectacles gratuits qu’on y donne.
Il y a bien quelques fédéralistes aussi, ceux-là on les reconnaissait à leurs faces de bœuf, leurs airs pincés ou à leurs petits coups d’épaule hypocrites qu’ils vous assènent en vous croisant, mine de rien, sans s’excuser, contents d’avoir frappé un « séparatisse » (ce sont les mêmes qui nous appellent les provocateurs !). Plusieurs personnes s’arrêtaient pour nous demander ce que nous faisions et la plupart semblaient satisfaits de la réponse ou nous disaient de ne pas lâcher, que cela était nécessaire. Plusieurs touristes aussi, car Québec en regorge, dont ces Américains qui ont tenu à se faire photographier en famille devant les dizaines de drapeaux qui ondulaient, après nous avoir demandé l’explication du drapeau des Patriotes.
Tout d’un coup, d’où j’étais, on vit surgir une dame très âgée, accompagnée d’un bouledogue. Elle avait fixé après le collier de son toutou un petit drapeau unifolié, et elle en tenait dans sa main pas moins de cinq ou six autres. C’était un peu inusité de voir cette dame, qui était sûrement née au moment de la guerre des Boers, déambuler parmi les indépendantistes, qui plus est de ceux à qui les écrivaillons à la solde de Power Corporation attribuent le sobriquet de purs et durs. Mais la mémé ne nous indisposa pas, car – c’était manifeste – elle était parmi nous de bonne foi. Et elle tenait à tout prix qu’on la complimente pour son chien. « Vous savez, c’est le même chien qu’avait Sir Winston Churchill ! N’est-ce pas qu’il est mignon ? » On n’a pas le droit de refuser ce genre de choses à une vieille dame et, de fait, on lui a dit qu’elle avait un bien beau chien. Si vous aviez vu son regard de petite fille, cela valait bien un accommodement raisonnable. Mais, bien sûr, il ne fut pas long qu’un manifestant s’approcha, l’air de demander « Que fais-tu là, Petula, loin de l’Angleterre ? » Pour le rassurer, j’expliquai au schtroumpf grognon que cette dame ne faisait que passer et que les unifoliés dans la main, c’était juste pour ramasser les crottes que ne manquerait pas de faire son Churchill. Elle passa son chemin en nous envoyant quelques tatas. Remarquez que nous n’aurions pas eu la même mansuétude si Alain Dubuc s’était adonné à passer…
Combien nous étions de manifestants à cette vigile ? Écoutez, je n’avais pas avec moi ma calculatrice solaire, mais je pense que cela oscillait entre 150 et 200 personnes. Ma méthode pour arriver à ce chiffre est scientifique : je compte le nombre de jambes et je divise par deux. Chose certaine, les organisateurs avaient la mine réjouie. Cette première mobilisation du RRQ était un franc succès. Puis, on vit s’avancer sur la tribune les jeunes responsables de l’événement… des noms comme Ben, Fred… alors que cent ans plus tôt on aurait eu droit à Onésime ou Alexina. Le premier orateur fut René Boulanger, qui fut suivi par Falardeau et Patrick Bourgeois. René-Marcel Sauvé nous adressa aussi quelques paroles. Ils furent comme cela quelques-uns à recueillir nos applaudissements, parfois nos vivats… Falardeau y alla bien entendu de son langage coloré et cru, de ses formules chocs qui frappent l’adversaire fédéraliste comme autant de coups de canon. Et cette année, avec le budget alloué aux organisateurs de Québec du Canada Day qui avait triplé, on pouvait s’attendre à un cinéaste au sommet de son art oratoire. Personne ne fut déçu.
Patrick Bourgeois, qui, sous un air un tantinet baveux de celui qui ne craint pas d’en découdre avec les fédérastes, qui dérange les mollassons de la cause souverainiste, les adeptes du copinage et du bonententisme, prit la parole. Ce jeune homme, j’en suis persuadé, ira loin. Sa fougue, sa détermination, empreinte à la fois de ruse et d’intelligence, est assurément ce qui manquait au mouvement depuis que des gens comme Pierre Bourgault nous ont quittés. Il a fustigé l’État fédéral canadien, dit ne pas comprendre pourquoi ce monument honteux à la gloire de notre conquérant n’avait pas été jeté dans le fleuve quand les Libéraux formaient l’opposition, il a aussi déclaré qu’il fallait radicaliser le mouvement indépendantiste, mais sans pour autant devenir des têtes brûlées.
Mais le clou de cette vigile a été sans contredit la diffusion en direct sur la bande FM des discours, à l’aide de petits émetteurs de fabrication chinoise, sans l’aval du CRTC. Ce geste de rupture visait à défier la mainmise de l’État fédéral sur notre destinée, à montrer que désormais Ottawa nous aurait sur son chemin, à secouer la torpeur qui nous paralyse devant un État qui nous assimile et qui aimerait nous voir prendre notre trou, devenir des citoyens de seconde classe sur notre propre territoire.
Enfin, avant de mettre un terme à cette vigile, les participants furent invités à prendre une craie et à aller tous ensemble faire des graffitis sur la colonne de Wolfe. Vous comprenez bien que la plupart saisirent là l’occasion de jeter leur fiel sur ce symbole de notre asservissement et que chacun y alla de slogans bien inspirés. En moins de quinze minutes, le socle du monument était recouvert de « Vive le Québec libre ! », « Salaud » et autres mots doux du genre, si bien que si on ne manqua pas de craies, ni d’artistes, on manqua d’espace. Quelques policiers observaient la scène sans broncher. Alors que les manifestants s’étaient éloignés des lieux du crime, un policier gradé, enragé comme un petit coq bendy et retonti de nulle part, arriva sur la scène. Il fut accueilli par un petit geste, qui consiste à lever le majeur, qui n’eut pas l’heur de lui plaire. Le petit boss de bécosse fulminait de rage que cela en devenait désopilant.
Bien que la vigile était terminée, quelques dizaines de manifestants décidèrent de défiler avec les drapeaux sur les plaines, question d’enquiquiner les organisateurs. Je décidai d’y aller, d’autant plus que j’étais en compagnie de Samuel de Champlain en personne ! Eh oui, Régent, de Montréal, avait décidé de louer pour cette vigile un costume qui le faisait ressembler en tout point à l’illustre navigateur. Disons qu’il ne passait pas inaperçu. Plusieurs personnes le prirent en photos, quand ce n’était pas pour lui demander de poser avec eux ou avec leurs enfants. Et Régent se prêtait généreusement aux caprices des photographes en herbe, en prenant soin de leur dire qu’il était revenu à Québec pour promouvoir l’indépendance, qu’il n’était pas le fondateur du Canada comme le prétend un dénommé Harper, non plus que le prédécesseur de la reine-nègre, l’usurpatrice Michaëlle Jean. Autrement dit, il remettait les choses à leur place.
Nous déambulions parmi les kiosques qui étalaient une orgie de drapeaux unifoliés, jusqu’à la nausée, que l’on distribuait aux enfants comme autant de bonbons empoisonnés. En passant près des camions de l’armée canadienne, certains qui avaient conservé leurs craies ne manquèrent pas d’inscrire quelques « Vive le Québec libre ! » et « Non à la guerre ! », sous le regard tantôt indifférent, tantôt complice des soldats de Sa Majesté.
Plus loin, il y avait un gigantesque gâteau d’anniversaire avec un glaçage rouge illustrant le drapeau canadien. Une cinquantaine de personnes faisaient la file pour obtenir un morceau. À deux enjambées de là, des sanitaires publics attendaient une autre cinquantaine de personnes. En fait, la séquence était simple : on fait la queue devant le gâteau, on le mange et on refait la queue devant les chiottes. Comme quoi le gâteau canadien, c’est… le gâteau canadien, ma foi… mais c’est de la m…
Marchait à côté de Samuel de Champlain et de moi, Danièle, qui était accompagnée de son cerbère Olympe… une chihuahua intrépide comme sa maîtresse. Après un long parcours sur les plaines, nous revînmes au lieu de départ pour assister à un spectacle pathétique : des employés, armés de brosses, étaient déjà en train d’effacer tous les graffitis qui souillaient la statue du général anglais. C’est la preuve que les employés des travaux publics sont plus efficaces à Québec qu’à Montréal, puisque dans la métropole vous avez beau avertir la ville qu’il y a des nids-de-poule dangereux, cela peut prendre des jours avant qu’ils soient colmatés. Mais il faut croire que Wolfe a droit à un traitement privilégié.
Champlain avait chaud dans son habit de circonstance, mais, en bon Français, il « toffait la ronne ». Sauf qu’en marchant, son costume finit par se déglinguer et il annonça péremptoirement qu’il allait bientôt perdre ses culottes. À deux reprises, on comprit qu’on était à deux doigts d’un scandale. Vous imaginez cela aux nouvelles du soir : Samuel de Champlain montre son cul sur les champs de bataille ! Et c’est sans parler de l’embarras des historiens Jacques Lacoursière et Denis Monière, obligés d’expliquer en ondes les tendances exhibitionnistes du gouverneur de la Nouvelle-France. Méchant contrat !
Heureusement, l’événement du RRQ était terminé et Régent pouvait remiser son costume. Je décidai de l’accompagner jusqu’à sa voiture, sauf que Régent avait une vague idée de l’endroit où il l’avait garée. Nous marchâmes pendant quelques kilomètres, lui retenant son pantalon de navigateur pour ne pas qu’il tombe et moi cherchant une entrée de stationnement souterrain qui serait la bonne. C’est là que j’ai compris que Samuel de Champlan avait beau être géographe et cartographe, quand il perdait son chemin il était comme vous et moi bien mal pris. Tout au long du trajet, les gens ne rataient pas l’occasion de saluer Samuel de Champlain, qui, imperturbable, leur disait qu’il était revenu à Québec pour faire l’indépendance. Le parking fut enfin retrouvé et Régent, alias Samuel de Champlain, put remonter sur le « Don de Dieu » en route vers de nouvelles aventures.
Jean-Pierre Durand
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
7 juillet 2008Merci Jean-Pierre de nous avoir narré de façon si drôlatique ton escapade à Québec en ce funeste Canada™ Day.
Monsieur Ouhgo, Patrick Bourgeois n'a pu malheureusement être des nôtres lors de la distribution de feuillets du RRQ à la Parade de la St-Patrick le 16 mars dernier.
Et m'est avis qu'il s'y trouvait là bien peu d'Irlandais dignes de ce nom.
J'avais, pour l'occasion, fabriqué une pancarte où sur l'une des deux surfaces étaient représentés de grands patriotes de la verte Érin dont James Connolly, Michael Collins et Bobby Sands. Or UN seul de ces prouds Irishmen a pu les identifier et il était fraîchement débarqué de Dublin.
Les autres n'étant rien d'autres que de prouds canadians déquisés en Shamrock de circonstance.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
7 juillet 2008Autre participant à la sortie du RRQ le 1er juillet, je confirme tout. Mais, M. J.-P., il ne s'agissait certainement pas de la première sortie du RRQ, maintenant pourvu de cellules dans les grandes villes du Québec. Nous avons aussi marché avec eux à la journée des Patriotes à Montréal sous la pluie battante. Et le "petit séparatiss intello à lunettes" comme se qualifie Pat lui-même, a aussi tenté de fraterniser avec les Irlandais à la St-Patrick's mais ceux-ci n'étaient pas d'humeur à ça. Ils s'écrièrent plutôt: Here's a separatist, call the police!
Ceux qui ne sont pas encore convaincus que Patrick Bourgeois est le digne successeur de Pierre Bourgault doivent lire ses essouflants écrits: Quebec-bashing, Nos ennemis les medias, le Canada, un état colonial et ses chroniques dans le Québécois et le Forum du RRQ(Internet).
Archives de Vigile Répondre
6 juillet 2008J'étais présent à la vigile devant la colonne de Wolfe, le 1er juillet, et je peux vous dire que le récit du camarade Jean-Pierre est fidèle, en plus d'être savoureux comme d'habitude. J'ajoute un petit récit de mon cru.
À un certain moment, avant son discours, Pierre Falardeau eut soif. Déjà qu'il est d'une humeur massacrante le 1er juillet, alors je m'empressai de lui porter secours pour éviter une répétition de 1963 qui aurait pu faire des victimes, vu le nombre considérable de badauds qui déambulaient. Drapeau du Québec en main, je le guidai de l'autre côté de la rue, où se trouvait une fontaine.
Arrivé là, je plantai mon drapeau devant la fontaine comme pour en prendre possession au nom du roi de France. Mais, un jeune garçon de huit ou neuf ans s'apprêtait déjà à boire. Il eut un mouvement de recul devant l'impressionnant étendard. Alors, pour le rassurer, je lui dis: «Ça, c'est la fontaine du Québec. Bois de cette eau et tu seras fort. Si tu vois une fontaine avec un drapeau rouge et blanc, passe ton chemin. Ça veut dire que l'eau est empoisonnée.» Le gamin but, et j'arrachai ainsi un rire à Falardeau.
À ce moment, j'étais encore de bonne humeur. Après, je pris mon allure de manifestant.
Quand nous déambulâmes parmi les participants apolitiques de la fête du Canada déguisée en fête des enfants, la plupart des gens nous semblèrent sympathiques. Plusieurs sourires complices nous accueillirent. Mais, il y eut quand même quelques ronchonneurs.
L'un deux, un monsieur d'au moins soixante-dix ans, s'avisa de menacer l'un des manifestants de lui «casser la gueule» et le traita de «maudit séparatiste». Devant tant d'impolitesse, je m'approchai et lui scandai dans la prothèse auditive trois ou quatre Québec libre! Je lui fis remarquer que nous étions plus nombreux que lui et son groupe de fédéralistes de l'âge d'or et que, sans doute, s'il s'avisait de bousculer un manifestant, c'est lui qui finirait par avoir la gueule cassée. Il s'éloigna sans demander son reste.
Lorsque nous arrivâmes près des véhicules militaires, une fédéraliste qui faisait la file pour avoir des hot-dogs fédéraux gratuits nous conseilla d'aller travailler au lieu de perdre notre temps à manifester. Sans doute pour lui payer davantage de hot-dogs avec l'argent de nos impôts.
C'est alors que j'eus l'idée de graffiter de ma craie les véhicules. Si, si camarade Jean-Pierre, c'est moi qui eus l'idée le premier. Permettez-moi de m'en vanter. Ma craie rose n'avait eu qu'un effet mitigé sur la colonne de Wolfe, mais sur un fond kaki, elle fit fureur. Je précise que l'une de mes inscriptions fut «FLQ», ce qui rappela sans doute de bons souvenirs aux militaires.
De retour devant la sordide colonne, où s'affairaient les concierges fédéraux avec une célérité inhabituelle, je ne pus m'empêcher de les interpeler: «Aimez-vous ça passer la vadrouille pour Ottawa?» Le grand sept pieds au mégaphone du RRQ vint me demander de me calmer.
Voilà pour mes anecdotes à moi.
Ne connaissant pas le camarade Jean-Pierre, je n'ai pas eu l'occasion de la saluer le 1er juillet. Mais, je suis certain qu'il sait maintenant qui je suis, c'est-à-dire le plus énervé des manifestants. Un vrai pit-bull. Heureusement qu'il y avait les jeunes du RRQ sur place pour me tenir en laisse.