Et si la Jordanie dont les troupes se trouvent désormais massées aux frontières avec la Syrie, passait-elle à l'acte? Qu'attend le royaume hachémite s'il entrait en guerre contre la Syrie?
Raï al-Youm revient sur le déploiement massif des forces jordaniennes près de la province syrienne de Deraa, déploiement fait sous l'appellation de manœuvres militaires annuelles, ' Lion alerte".
Le journal aborde l'état de la société jordanienne et sa réaction aux "mauvaises nouvelles qui arrivent du Nord" : " les Jordaniens regardent d'un mauvaise œil la probable intervention de leur armée dans la guerre en Syrie. Du matin au soir, les milieux officiels bassinent les oreilles des Jordaniens par des slogans patriotiques, genre "on ne permettra à personne d'agresser les frontières" ou encore " on fera radicalement face à toute tentative d'agression quand bien même cela demanderait une intervention militaire en plein territoire syrien" car " c'est la sécurité nationale qui prime sur toute autre considération". Ces slogans sont reçus souvent par la population avec de la méfiance surtout que les autorités refusent de reconnaître la mise en ordre de bataille des militaires jordaniens le long des frontières avec la Syrie, ce que contredisent les images diffusées sans cesse sur la chaîne Al Mayadeen et que suivent une majorité de Jordaniens.
Il semblerait que le discours patriotique des officiers ne suffise plus à convaincre la population, aussi bien les gens de la rue que l'élite, du bien-fondé d'un engagement militaire jordanien en Syrie. Car en Jordanie, tout le monde le sait : la Syrie ne menace pas la sécurité jordanienne. Les gens ne sont dupes : ils savent que le roi a déployé son armée sur les frontières avec la Syrie pour contrer l'action de l'armée syrienne et du Hezbollah et rendre ainsi service à Israël. En d'autres termes, c'est le seul motif qui justifie le déploiement de plus de 4000 soldats jordaniens le long du sud de la Syrie, sous l'auspice des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Mais une chose est sûre : l'États syrien ne restera pas les bras croisés à regarder la Syrie être amputée de ses régions stratégiques méridionales. Les propos de l'ancien ambassadeur syrien en Jordanie, Bahjat Suleiman, inquiètent d'ailleurs et profondément les Jordaniens : l'intéressé a mis en garde contre une "explosion sociale" en Jordanie, si cette dernière venait à entrer en guerre contre la Syrie. Après tout, la "sécurité et la stabilité" constituent les seules vraies richesses de la Jordanie. Surtout en ces temps de crise économique qui provoque par intermittence des protestations de rue. Il suffirait d'un faux pas de l'armée (une entrée en guerre contre la Syrie, NDLR) pour que la population, au bout de leur patience, perde totalement la confiance en l'armée
Une question se pose d'emblée : le roi Abdellah II ira-t-il sacrifier la sécurité nationale sur l'autel des intérêts des puissances et ce, en échange de "vagues promesses d'aide économiques"? Ira-t-il jouer le rôle de pion dans le plan qui vise à "renverser Assad" et à " déclencher le processus du démembrement la Syrie" à partir de la province de Deraa ?
Certes, Riyad s'est comme toujours porté candidat pour financer l'équipée militaire jordanienne dans le sud de la Syrie. Mais la sécurité nationale et la vie des centaines de soldats jordaniens qui ne savent d'ailleurs pourquoi il faudrait se battre contre l'armée "frère" syrienne, ont-ils un prix? Et surtout une fois l'incendie déclenché, y a-t-il quelqu'un pour l'éteindre? Les Jordaniens ne voient autour d'eux que des pompiers pyromanes.
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