Une "Incirlik" dans le sud syrien?

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Les pions américains


L’éditorialiste de Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan aborde comme bon nombre d’analystes, le déploiement des forces américaines et de leurs alliées sur les frontières méridionales de la Syrie, mais il y voit non seulement une démarche hostile contre l’État syrien et ses alliés, mais aussi un coup asséné à la Turquie ».

Abdel Bari Atwan

« Des dizaines de chasseurs, de chars et d’hélicoptères US et britanniques qui se positionnent en ce moment même en Jordanie dans le cadre des manœuvres baptisées “Lion alerte” sont là pour une mission : celle de créer une base militaire en Syrie qui devrait remplacer la base aérienne de l’OTAN en Turquie, Ingirlik. » fait remarquer Atwan. 

Selon l’éditorialiste les tensions aux frontières de la Jordanie avec la Syrie sont croissantes et elles coïncident avec le vaste déploiement de forces étrangères dans cette région. Outre la Jordanie, d’autres pays comme l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie prennent part à ces exercices placés sous le commandement américain. S’il est vrai que ces manœuvres militaires sont régulièrement organisées depuis sept ans, il est étrange de voir une telle coïncidence entre ces manœuvres d’une part et les menaces de guerre contre le sud de la Syrie. 

Atwan revient sur l’idée de la création d’une zone tampon dans le désert syrien où seraient déployées les forces américaines : « une très bonne région puisqu’elle est incluse entre la Syrie, la Jordanie, l’Irak et l’Arabie saoudite. C’est surtout le point de passage d’Al Tanf entre l’Irak et la Syrie qui intéresse les Américains. Les forces entraînées en Jordanie qui ont pour effet de se battre contre l’armée syrienne ont lancé leurs premiers assauts contre la province de Deraa et de Sweida. Leur premier objectif consiste à raccourcir la “profondeur stratégique” où agit l’armée syrienne. C’est une façon pour satisfaire les exigences de certaines parties comme l’Arabie saoudite, la Turquie et Israël. 

Mais la Jordanie, a-t-elle raison d’agir de la sorte ? Le fait d’embraser le front syro-jordanien constitue une grave erreur. Son but pourrait consister surtout à faire échec à l’accord d’Astana et ramener toutes les avancées diplomatiques surtout celles d’Astana à la case départ. Ce n’est pas un hasard si l’émir qatari sort d’un si long silence pour affirmer après une rencontre avec le secrétaire d’État, Rex Tillerson et le ministre saoudien des AE, que l’accord d’Astana ne pourrait en aucune façon remplacer l’idée d’une éviction d’Assad du pouvoir. 

Une chose est sûre : la Jordanie sera la grande perdante du jeu compliqué des rapports de force en Syrie. Les États-Unis sont là pour pousser ce pays vers la guerre, façon de multiplier les belligérants. Quant à la Syrie, les États-Unis veulent y planter une base permanente dans l’est et le sud en lieu et place de la base turque Ingirlik... La Turquie, elle, a aussi du pain sur la planche.


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