Tout le monde en a parlé. Pour moi, le 8 mars paraît le moment tout indiqué pour aborder cette question encore une fois et essayer de démêler la frustration qui s'empare des femmes d'ici chaque fois qu'un incident ranime leur méfiance envers ces signes religieux que la majorité d'entre elles ne veut pas voir s'implanter au Québec craignant sans doute que leur seule présence en arrive à menacer leur liberté si chèrement acquise.
Visiblement, les hommes d'ici ont du mal à comprendre la réaction négative profonde des femmes québécoises quant au port du voile, du niqab ou de la burqa par ces femmes venues d'ailleurs. Chaque fois qu'on en discute avec eux, ça finit toujours par la même question: en quoi est-ce que ça vous dérange? Ce qui pourrait donner à penser, justement, qu'eux, ils pourraient s'en accommoder... ce qui rajoute à notre inquiétude devant ces signes de soumission des femmes.
Ce n'est pas pour rien que le rapport Bouchard-Taylor nous a tant déçues. Nous avions, disons-le franchement, peu d'espoir que ces deux hommes puissent bien saisir l'âme féminine québécoise qui n'en a pas encore terminé avec son cheminement vers sa propre émancipation tant souhaitée et tant attendue. C'est pourquoi beaucoup de femmes ont participé à la fameuse commission Bouchard-Taylor, mais en se croisant les doigts.
Le spectacle n'était pas sans intérêt. On y a vu de tout. Des excessifs et des raisonnables, des inquiets et des révoltés, des grands ouverts et des refermés, une galerie complète d'insatisfaits et beaucoup de femmes. La commission a eu lieu, le rapport a été publié, puis rien n'a changé. Aucune décision n'a été prise par le gouvernement de Jean Charest malgré de nombreux appels au secours venant de la population. Aucune recommandation n'a été retenue ou même évaluée. C'est sans doute à cause de cette indifférence des autorités que certains ont continué d'abuser de notre tolérance. Chaque fois que ça se produit, le débat reprend sans qu'une solution n'arrive jamais à satisfaire les citoyens, qui continuent de penser que si les règles étaient claires pour tout le monde, le choix serait facile à faire et à appliquer.
Une femme portant le niqab a réussi à se faire mettre à la porte d'une classe de français tellement son comportement et ses exigences d'accommodements étaient devenus intolérables pour ceux qui l'entouraient. Ce n'est qu'en dernier recours que la ministre de l'Immigration a tranché.
Il m'arrive de me demander si ces femmes voilées ne sont pas déléguées par des hommes qui les manipulent pour créer des situations qui leur permettront de «tester» les chartes qu'ils connaissent par coeur et les tribunaux. Des bombes à retardement dont le rôle est de tirer sur l'élastique jusqu'à ce qu'il éclate. Nous savons bien que ce sera le niqab cette fois-ci et la charria la prochaine fois.
Ce que les femmes québécoises craignent, c'est la menace que représentent ces petits gains additionnés les uns aux autres et qui pourraient finir par gruger leurs acquis. Les Québécoises ont fait des choix et elles ont lutté pour les faire respecter. Elles ne sont pas prêtes à les mettre en danger même si elles sont disposées à tendre la main à ces autres femmes à qui elles offrent plutôt de les rejoindre, là où elles sont rendues.
Je propose donc aux hommes québécois, à partir de ce 8 mars, Journée internationale des femmes, pour une semaine complète, de porter eux-mêmes le niqab ou la burqa... On sait qu'il a fallu en arriver à ce type d'expérience pour que des bien-portants comprennent ce que ça voulait dire de passer sa vie dans un fauteuil roulant et reconnaissent enfin qu'il fallait adapter l'accès aux trottoirs et aux entrées de maison pour faciliter la vie des personnes handicapées. Il a fallu boucher les yeux de ceux qui voyaient parfaitement bien pour leur faire comprendre à quel point un chien pour aveugle pouvait changer la vie d'une personne non voyante. Peut-être faut-il aussi que les hommes portent le niqab ou la burqa pour savoir comment une femme se sent quand on la méprise au point de vouloir la cacher, de la faire disparaître de la vue des autres et qu'on lui impose ainsi une non-existence au nom d'une religion. La soumission imposée par les dieux, les pères, les frères ou les maris n'a pas sa place ici.
Quand vous aurez fait cette expérience, messieurs, vous répondrez à la question: en quoi est-ce que ça vous dérange?
Moi, ça me dérange autant que la rage de ces fous qui brûlent les écoles des petites filles, que la douleur des femmes qu'on viole comme du vulgaire butin de guerre en Afghanistan, en Haïti ou à Longueuil, que la misère de ces femmes qu'on mutile, qu'on vend, dont on piétine la dignité et dont on étouffe le désir de liberté sous des voiles si lourds à porter qu'on les croirait souvent de plomb. Oui, ça me dérange!
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