François Legault a profité de l'invitation de la Chambre de commerce de Montréal pour faire connaître les «actions concrètes et efficaces» que la Coalition avenir Québec (CAQ) se propose d'entreprendre pour «la relance de la grande région de Montréal». Si l'on se fie au communiqué de presse de la CAQ, la réception que lui ont réservée les gens d'affaires a été «enthousiaste». Mais selon les journalistes présents, elle fut plutôt polie (La Presse) et empreinte de curiosité (Le Devoir).
Quoi qu'il en soit, il est pour le moins curieux en effet de constater que le chef de la CAQ s'en est pris à l'administration Tremblay qu'il a accusée de manquer de leadership en matière de développement économique. Dans l'état actuel de la division des compétences et de la fiscalité, les élus de Montréal ne possèdent que peu d'outils autres que leurs dépenses d'infrastructures pour stimuler les investissements privés. Et dans l'état actuel des choses, l'argent manque même pour les services de base comme la réfection du réseau d'aqueduc.
Pourquoi cette attaque contre un élu local? M. Legault craint-il les accointances libérales de l'équipe Tremblay ou nous annonce-t-il qu'il entend miser sur la frustration des maires de banlieue pour attirer des votes?
S'il devenait premier ministre, M. Legault ne toucherait pas aux structures qui paralysent Montréal à bien des égards. En revanche, il s'interposerait à titre «d'arbitre» entre la Ville et ses banlieues. Drôle de conception du leadership, et quiconque suit la scène municipale depuis assez longtemps ne peut pas être rassuré par de tels propos venant d'un politicien qui a longtemps représenté une circonscription de la couronne nord de Montréal...
Pour la CAQ, Montréal manque cruellement d'investissements privés et de sièges sociaux. Ce qui est vrai. Mais dans cette fédération canadienne anglo-saxonne, comment contrer cette tendance de fond? Comment empêcher les présidents de Bell ou de la Banque Royale, dont le siège social sur papier est à Montréal, de gérer leur «business» de Toronto?
M. Legault avance qu'il exigera une plus grande participation de la Caisse de dépôt au capital des entreprises, qu'il créera un guichet unique au sein d'Investissement Québec et dotera Montréal international de nouveaux outils de démarchage en plus d'accorder d'autres crédits d'impôt. Soit! Mais ne sont-ce pas là de simples ajustements apportés à une politique déjà très interventionniste du gouvernement du Québec dans l'économie? Si on compare le projet de la CAQ au virage négocié depuis 30 ans grâce à l'aéronautique, au pharmaceutique et au multimédia, où sont les indices précurseurs d'un changement équivalent dans les propositions Legault?
Jugement sévère? Peut-être. Mais quand on se donne pour mandat de «sortir des sentiers battus» grâce à «des gestes forts et courageux», il n'est pas inutile de présenter des propositions qui le prouvent.
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