La Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault et l'Action démocratique du Québec de Gérard Deltell discutent de fusion. Ils trouveront, cela est certain, un terrain d'entente, car ils y ont chacun un intérêt évident. Surtout l'ADQ, dont les chances de survie au prochain scrutin sont de plus en plus minces.
Celui qui souhaite le plus ardemment cette fusion de l'ADQ au futur parti de François Legault n'est pas Gérard Deltell, qui, pour des raisons à la fois de statut personnel et de stratégie de négociation, a certaines réserves. Non, celui qui en est le plus ardent partisan est le fondateur de ce parti, Jean Allaire, dont il a été brièvement le chef avant de céder sa place pour des raisons de santé à Mario Dumont.
L'ADQ, dont les prémices remontent à 1992, a eu toutes les chances de devenir un grand parti. Créé en 1994, il tient son origine de la scission de l'aile nationaliste du Parti libéral du Québec après le rejet du rapport de la commission présidée par Jean Allaire qui s'était penchée à la demande du premier ministre Bourassa sur l'après-Meech. Son credo nationaliste fut mis entre parenthèses après l'échec du camp du Oui auquel il s'était joint au référendum de 1995. Dès lors, il se consacra plutôt à la défense de politiques inspirées d'un conservatisme social et fiscal.
Son heure de gloire aura été l'élection de 2007, qui le mit à portée de main du pouvoir. Devenue opposition officielle grâce aux 31 % des suffrages obtenus, elle n'arriva toutefois pas à s'imposer. Il apparut vite que ce parti était, malgré ses 41 députés, une coquille vide. À l'élection de 2008, les Québécois s'en détournèrent et Mario Dumont, qui l'avait porté à bout de bras, conclut que l'aventure était terminée. Il laissa à d'autres le soin de le ranimer.
Le succès de l'ADQ de 2007 a tenu pour l'essentiel à la capacité de Mario Dumont de porter le désir de changement exprimé par les Québécois et à l'exploitation politicienne de leur inquiétude à propos des résistances de certaines communautés culturelles à s'intégrer à la société québécoise. C'est sur ce désir persistant que François Legault s'appuie aujourd'hui pour lancer son nouveau parti.
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La Coalition pour l'avenir du Québec n'est pas encore un parti. Seulement une promesse. Mais elle a réussi à créer et cultiver depuis un an un sentiment de confiance auprès de plus d'un électeur sur trois. On connaîtra lundi les intentions réelles de son leader et les appuis véritables qu'il a recueillis, mais les réactions de ses adversaires suffisent à convaincre que la CAQ est le point focal de la prochaine lutte électorale.
Ce qu'a compris un Jean Allaire est simple. L'ADQ, si elle ne rejoint pas la Coalition, est vouée à disparaître. Le jour où François Legault créera son parti, les adéquistes perdront la moitié de leurs appuis. Avec seulement 9 ou 10 % d'intentions de vote, ils seraient tout simplement laminés.
Bref, l'ADQ n'a pas le choix. La situation dans laquelle ses militants se retrouvent est difficile. Il leur faut renoncer à vingt années d'efforts. Ce qu'ils peuvent espérer avec une fusion, c'est pouvoir inscrire au programme du futur nouveau parti certains éléments du programme adéquiste et obtenir la garantie de quelques sièges à un éventuel conseil des ministres dirigé par François Legault.
On peut conclure à l'échec de l'Action démocratique comme parti, ce qui est moins vrai, en revanche, du projet politique que porte ce parti. En intégrant la Coalition, il pourra de fait exercer une véritable influence et réussir à mettre en oeuvre certaines de ses politiques. Tout dépendra de la place que lui fera François Legault. L'ADQ viendra certes consolider sa position sur le plan électoral, mais à la limite, elle ne lui est pas indispensable. En lui donnant beaucoup de place, il poussera son futur parti à droite sur l'échiquier politique. L'étiquette adéquiste lui collera inévitablement à la peau. Peut-être ne devrait-il pas entreprendre cette négociation en prévision d'une fusion, mais chercher plutôt à intégrer les éléments positifs de l'ADQ. Ce serait plus prudent.
Politique québécoise
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