Fusion ADQ-CAQ

Une cohabitation incertaine

CAQ - c'est parti



La Coalition avenir Québec de François Legault a fait sa première victime. L'Action démocratique accepte d'intégrer ce nouveau parti. Elle n'avait pas le choix, étant au bout de son souffle. Elle ne perd toutefois pas tout. Elle gagne un pouvoir d'influence sur la formation de François Legault, qui s'ouvre ainsi à des politiques de droite.
e président fondateur de la CAQ a raison de se réjouir de cette «fusion» dont il est apparemment le grand gagnant. La fusion n'est en effet qu'un artifice légal pour transmettre à sa formation le financement annuel attribué à l'ADQ par le Directeur des élections. Dans les faits, il s'agit bien d'une intégration qui donne à François Legault ses quatre premiers députés avec un budget de recherche et des droits de parole à l'Assemblée nationale, quelques milliers de membres et une structure organisationnelle. Tout cela rend concrète l'idée de coalition qu'il défend.
François Legault peut aussi y voir une illustration de la force de son mouvement, qui à peine lancé attirait à lui une large partie de l'électorat de l'ADQ. La futilité des efforts de redressement de ce parti amorcés par son jeune chef, Gérard Deltell, a été démontrée lors de l'élection complémentaire de Bonaventure. L'alternative devant laquelle se trouvait celui-ci se résumait à voir l'ADQ rayée de la carte à la prochaine élection ou à disparaître maintenant en faisant en sorte toutefois de préserver une partie de son héritage.
Cette dernière option s'imposait tout naturellement, même aux yeux de ses deux fondateurs, Jean Allaire et Mario Dumont, qui eux ne s'y sont pas trompés. Les adéquistes perdent un parti, mais gagnent une nouvelle plateforme politique où ils amèneront une culture politique qui repose sur quelque 20 ans de militantisme. En intégrant la CAQ une fois la «fusion» avalisée par les membres, les députés et les militants adéquistes ne laisseront pas à la porte leurs valeurs et leurs convictions. D'emblée, François Legault s'est plié à cette réalité en acceptant un premier compromis qui porte sur un projet-pilote de médecine privée.
Les adéquistes jouiront au sein de la CAQ d'une influence certaine que François Legault, pressé de réaliser cette intégration, n'a peut-être pas bien mesurée. Il devra se méfier. L'avantage des adéquistes, et en ce sens leur force, est d'intégrer la CAQ en groupe. Ils arrivent avec quatre députés, du personnel politique, des organisateurs dans une formation qui ne regroupe pour l'instant que des individus dans une structure encore en devenir, sans tradition partisane. En plus, l'image publique de la CAQ sera définie ces prochains mois par la prestation du petit caucus caquiste à l'Assemblée nationale que dirigera Gérard Deltell.
Si le mariage entre la CAQ et l'ADQ est pratiquement chose faite, reste à voir s'il sera un succès. Les prochains mois permettront de prendre la mesure des qualités de leader de François Legault. Il lui faudra tenir ensemble les morceaux disparates que sont des militants adéquistes avec des militants péquistes, des fédéralistes avec des souverainistes, tous des gens qui ont des convictions fortes et opposées. Cette cohabitation demeure incertaine. La formule passe-partout «je-suis-un-pragmatique» est commode pour ne pas répondre aux attaques de ses adversaires, mais elle cache bien mal l'absence de vision. Or les adéquistes ont une vision bien définie. La nature ayant horreur du vide, même en politique, ils pourraient être tentés de l'imposer.


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