Chaque fois qu'une société doit faire face à un fléau, à une catastrophe, à une tragédie, le premier choc passé, des gestes de solidarité et des élans de compassion spontanés se manifestent pour s'encourager et se réconforter mutuellement et collectivement. On l'a vu ici lors de "la crise du verglas"et lors de la tragédie de Polytechnique, et on le voit actuellement dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19. Ces réactions collectives, pleines d'empathie, nous font du bien et nous rassurent sur notre humanité, mais il ne faudrait pas qu'elles nous aveuglent sur la réalité de le situation à laquelle nous avons à faire face, et il ne faudrait surtout pas qu'elles nous fasse oublier que nous ne n'avons toutes et tous pas les mêmes moyens pour y faire face.
En effet, ça va bien aller ! Vraiment ?
Comment cela peut-il bien aller pour les familles endeuillées et pour celles qui le seront ? Comment cela peut-il bien aller pour tout le personnel du secteur de la santé qui va au travail, chaque jour, avec "la peur au ventre "?Comment cela peut-il bien aller pour les familles qui n'ont plus de revenus ? Comment cela peut il bien aller pour les personnes qui vivent le confinement coupées de leur famille et du monde ? Comment cela peut-il bien aller pour celles et ceux qui vivent le confinement à 4 ou 5 dans un 700 pieds carrés ? Faut-il aussi parlé des effets du confinement sur la violence faites aux femmes et aux enfants ?
Non, ça ne va pas bien, et si, comme l'a écrit dernièrement E. Morin, dorénavant "nous devons vivre avec l'incertitude", cette incertitude sera très inégalement vécue et, pour une majorité d'entre nous, ce sera une nouvelle incertitude de plus qui vient s'ajouter à celle d'un travail précaire et à celle des fins de mois difficiles à boucler.
Il ne s'agit pas de sous estimer les aides financières et les différentes mesures gouvernementales qui vont permettre d'amortir et d'amoindrir les effets du choc causé par la pandémie de la Covid-19, mais, pour l'essentiel la structure de notre société ne sera pas affectée. À cet ègard, l'annonce du premier ministre Legault du 15 avril, indiquant que les médecins spécialistes appelés en renfort seraient payés 211$ de l'heure ( oui 211$ de l'heure, vous avez bien lu!) pour faire un travail d'infirmièr.e ( payé.e,s on s'en doute pas mal moins) laisse planer sucun doute là dessus!
Avant la pandémie de la Covid-19, notre société était très inégalitaire, nous vivons et nous vivrons cette pandémie de façon très inégalitaire, et après la pandémie notre société sera, au moins, aussi inégalitaire.
Alors, pour une société plus égalitaire, pourquoi ne pas combiner le "ça va aller" actuel, plein de bonnes intentions mais plutôt passif, avec le "ah,ça ira,ça ira, ça ira!", plus pro-actif, des révolutionnaires de 1789 .
Pierre Leyraud
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