Maître Cloutier,
Je connais la Russie pour y être allé à plusieurs reprises, tant sous le régime “communiste” qui n’a jamais été communiste que sous le “retour” du capitalisme. Les mots ne veulent rien dire ou presque,
dans ma discipline.
Sous régime “communiste”, je n’ai vu que deux choses:
1. L’État est seul employeur.
2. Toute la finance est disséminée en coopératives très semblables à nos caisses populaires.
La “dictature” du prolétariat n’était qu’un mythe. La seule dictature que j’ai pu voir et observée était celle de la Nomenklatura, l’armée de fonctionnaires, une armée extrêmement hiérarchisée. Les “grands”
du système avaient tous les droits et tous les pouvoirs.
En Europe, les Européens m’ont prévenu de la “Nomenklatura” de même que la “Nouvelle Classe” yougoslave, dénoncée par Milovan Djilas et pas plus communiste que les chats dans la rue.
Les seules authentiques institutions communistes que j’ai connues comprennent les kibboutzim, les communautés religieuses et les communes des hautes Alpes en Suisse.
Et pourtant, ce n’était pas l’intention de Lénine. J’ai vu sur films ses discours idéalistes sinon idéalisants. Il avait toutes les meilleures intentions du monde. C’était un idéaliste, fils d’instituteur, sûr et certain
que ses paroles vont faire acte sans difficulté.
Je vois chez vous un autre idéaliste sûr et certain que son discours se traduit derechef en acte et que la réalité répondra favorablement sinon idéalement à ses idéaux.
Pour moi, ce sera l’établissement d’une nouvelle bureaucratie dont je crains l’action “citoyenne”.
J’ai trop longtemps vécu dans une bureaucratie, en l’occurrence l’État-major de l’armée, pour ne pas me méfier lorsque j’en vois poindre une nouvelle.
Je préfère instruire les citoyens sur les moyens de se défendre, notamment contre une bureaucratie et partant, contre une oligarchie, qui tient les citoyens en état de sujétion grâce au fait que
la très grande majorité ne sait ni écrire ni s’exprimer.
Comment ai-je pu obtenir une réponse écrite de l’office du prince William au St James Palace au sujet de ma lettre et mon livre?
Parce que je connais le langage de l’État. Je n’ai aucune idéologie et du point de vue politique, je demeure aristotélicien en ce sens que la transcendance, le chemin du progrès et du bonheur du monde,
est complètement dans la Réalité concrète et le Réel relationnel.
Je vous recommande de lire les travaux de Jacques Grand Maison sur les temps actuels.
Il n’y a rien de mal à être idéaliste sauf que vous prenez le risque de vous heurter contre un mur un de ces jours.
J’ai 80 ans, ne l’oubliez pas et j’ai vécu tout ce que vous avez vécu et davantage.
Salutations cordiales.
JRMS
From: Pierre Cloutier
Sent: Wednesday, July 20, 2011 12:44 PM
To: René-Marcel Sauvé
Subject: Re: [Vigile.net] [forum] Élection et tirage au sort
[1] Avec respect, monsieur Sauvé, qu'est-ce que Lénine vient faire là-dedans?
[2] Lénine voulait la dictature du prolétariat et un parti unique. Je veux la mise sur pied d'une Chambre citoyenne tirée au sort pour contrôler et surveiller les abus de pouvoir des élus et leurs complicités avec les oligarques du pouvoir économique. Desmarais, Charest, Marois, même combat!
[3] Je remets en cause l'élection et la démocratie de représentation (l'oligarchie) et son remplacement par une démocratie citoyenne directe et de participation. Cela n'a rien à voir avec Lénine ou les communistes.
[4] La souveraineté véritable de l'État passe par la souveraineté effective du peuple et la souveraineté effective du peuple passe par la souveraineté monétaire.
[5] Je vous sais beaucoup plus discipliné et rigoureux que cela. Regardez cette vidéo et revenez-moi avec vos objections et j'y répondrai. C'est cela, faire un vrai débat. Pas discarter quelqu'un avec quelques phrases lapidaires. C'est ici : http://www.dailymotion.com/video/xiyzhh_etienne-chouard-conference-le-tirage-au-sort-comme-bombe-politiquement-durable-contre-l-oligarchie_news
Pierre Cloutier
** Élection et tirage au sort **
Maître Cloutier,
Le discours que vous tenez sur une constitution par et pour le peuple
ressemble à s'y méprendre au discours de Lénine au moment de la révolution
bolchévique. Lui aussi était pour le peuple jusqu'à ce que la réalité le
frappe en plein visage.
Le régime tsariste, incompétent et corrompu, a été remplacé par une
"Nomenklatura" encore pire. Et le peuple n'avait qu'à suivre.
Notre histoire à nous ressemble davantage à celle de la Suède de Gustave
Vasa en 1523, lors de l'indépendance de la Suède contre le Danemark.
C'était 11 ans avant les découvertes de Jacques Cartier et 86 avant la
fondation de Québec par Champlain. Après 400 ans d'investissements de notre
part, nous sommes arrivés au niveau statutaire de la Suède de Gustave Vasa.
La différence tient complètement aux communications, anciennes et actuelles
car toute existence est relationnelle, ni relative, ni virtuelle ni
rationnelle.
Je m'excuse de vous assommer avec mon ontologie, base de toute
géopolitique.
Nous vivons dans les continuités de l'histoire de l'Amérique du nord et
c'est fonction de cette géographie et cette histoire assez courte que nous
trouverons notre élan vital et nos statuts de peuple libre et Maître chez
Lui.
Salutations
JRMS
Lettre à Pierre Cloutier
C’était un idéaliste...
Tribune libre 2011
René Marcel Sauvé217 articles
J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en E...
Cliquer ici pour plus d'information
J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011Monsieur JPB,
Je compare deux idéalistes dans deux contextes différents.
Dans le premier cas, Lénine a été tôt rattrapé par la Réalité.
Il ne voulait pas de Staline, déjà beaucoup trop dur et
Staline, réaliste froid, a attendu la mort de Lénine pour
escamoter son testament et imposer sa manière à lui, au
grand dam de la Russie et tous les États limitrophes.
Ma conclusion est simple: le réalisme l'emporte sur les
plus beaux idéaux. Je l'ai vu de mes deux yeux vu et vécu
dans l'armée au cours de mes 28 années de service sur
trois continents.
C'est tout ce que j'ai voulu dire à Me Cloutier.
Par contre, selon Sun Tsu, la connaissance des grands
principes permet de trouver en toutes circonstances
les solutions qui conviennent.
Celà aussi vous
allez le trouver dans le livre au chapitre 9,
complètement consacré à ce sujet et que je trouve
encore insuffisant.
JRMS
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011Me Cloutier,
Votre solution consiste donc à ré-ouvrir une Chambre Haute
composée de représentants de toutes les professions, corps
de métiers et artisans et qui auraient un droit de
regard et de désaveu sur la chambre basse, représentative
des régions.
Ce système est déjà en vigueur en Scandinavie
et je l'avais recommandé il y a longtemps pour le Québec,
avant que le Parti Québécois soit élu pour la première
fois.
Il fallait le dire cher Maître Cloutier.
JRMS
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011Message à J.C. Pomerleau
[1] Vous êtes en dehors de la discussion, cher ami.
[2] On parle de pouvoir citoyen, de chambre citoyenne, de tirage au sort et vous nous ramenez votre crédo péquiste à la sauce géo-politique.
[3] Vous faites une affirmation qui me fait rire :actuellement le rapport de forces n'est pas favorable. Alors votons pour la peste pour éviter le choléra.
[4] Les faits sont têtus monsieur Pomerleau. Quand on n'a pas le courage de mettre le pays sur la table et qu'on essaie de se faire élire par la porte en arrière comme des lâches, on ne mérite pas le respect de personne.
[5] Quand le PQMarois aura le courage élémentaire et minimal de mettre un projet de pays sur la table lors de l'élection au lieu de le cacher dans le garde-robe, comme une maladie honteuse, on verra.
[6] Si Mme Marois démissionne et que le Plan Marois est abandonné, le Parti québécois aura peut-être mon vote. On verra. En attendant, c'est non. Il n'en n'est pas question.
[7] Votre appel à la peur (la louisianisation) ne m'impressionne pas du tout.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011[1] Comparer le régime communiste, le stalinisme, la dictature du prolétariat, le centralisme dit "démocratique", le parti unique, la terreur institutionnalisée est à 10,000 lieues de distance du pouvoir citoyen.
[2] Chez les Soviétiques, il y avait un parti unique et des élections déterminées d'avance avec des plébiscites et passablement de tordage de bras.
[3] On est très loin d'une Chambre citoyenne avec des citoyens tirés au sort occupant des postes temporaires d'un an, sans renouvellement de mandat, qui détiendraient des pouvoirs de surveillance et de contrôle sur la Chambre des élus, le tout formant une vraie Assemblée Nationale.
[4] Féru d'histoire, vous savez oublié, monsieur Sauvé, avec tout le respect que j'ai pour vous que, jusqu'en 1968, le Québec avait une chambre haute, le Conseil Législatif, qui a été aboli par une simple loi du Québec. Voir ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_l%C3%A9gislatif_du_Qu%C3%A9bec
[5] Il suffirait d'une simple loi, sans amendement constitutionnel, pour faire revivre cette chambre en la modifiant pour la transformer en Chambre citoyenne au lieu d'être une chambre aristocratique dont les membres étaient nommés par le Lieutenant-Gouverneur en conseil, donc le conseil des ministres.
[6] Ceci serait hautement symbolique puisque c'est le peuple qui est souverain et non pas le Lieutenant-Gouverneur au nom de Sa Majesté La Reine par conseil des ministres interposé.
[7] Dans la vraie vie, monsieur Sauvé, personne ne donne de chèque en blanc à personne et tout ce que nous faisons dans notre vie repose sur la défiance, c'est-à-dire une confiance mérité, analysée, contrôlée et surveillée. Ce n'est pas être idéaliste que de penser comme cela. C'est être au contraire tout ce qui a de plus réaliste.
[8] Pourquoi devrait-il en être autrement dans nos institutions politiques? Pourquoi donnerions-nous notre confiance aveugle aux élus qui la plupart du temps couchent dans le même lit que les oligarques? Pourquoi serions-nous condamnés à n'être que des spectateurs en votant une fois à tous les 4 ans?
[9] Vous me traitez d'idéaliste mais vous oubliez que ce sont les idées qui mènent aussi le monde. Sinon vous niez toute l'influence des gens qui ont fait l'histoire, d'Aristote à Hegel et de Marx à Keynes et les autres.
[10] Le communisme n'a absolument rien à voir avec le pouvoir citoyen. C'est une comparaison odieuse et fausse.
[11] Vous savez fort bien que nous ne vivons pas en démocratie mais en oligarchie et que cette oligarchie n'est possible justement qu'avec la complicité des élus.
[12] Qu'attendez-vous pour mettre votre créativité au service de la vraie démocratie et du pouvoir citoyen au lieu de n'être qu'un simple défenseur de l'État. Qui contrôle l'État et au profit de qui, monsieur Sauvé?
[13] Quand vous répondrez à cette question vous ne serez pas loin de vous faire le défenseur du pouvoir citoyen et c'est la "grâce" que je vous souhaite.
Un simple citoyen avec aucun ambition électorale
Pierre Cloutier
Jean-Pierre Bélisle Répondre
22 juillet 2011Capitaine Sauvé,
J'ai aussi connu la Russie "sous le régime communiste". Encore adolescent, je l'ai même entièrement traversée aller-retour par le Transsibérien. L’Oural, la Sibérie, le lac Baïkal... Des paysages aussi fascinants et divers que les êtres humains qui les habitaient et avec certains desquels j'ai correspondu pendant trente ans durant.
J'ai aussi traversé la Mongolie, ses plaines verdoyantes, ses plateaux et cet immense désert de Gobi. Je me souviens comme d'hier d'avoir dessiné "Québec Libre" dans le sable d'une haute dune entourant un hameau de pasteurs, tout comme je l'avais fait peu après sur la grande Muraille de Chine.
C'était à l'été de 1966. J'avais 19 ans. Indépendantiste ou idéaliste, comme vous dites, Je m'étais alors improvisé "délégué itinérant de l'indépendance du Québec en Chine". Avec la hardiesse et l'effronterie de ma jeunesse, dans les villes les plus importantes de Chine,j'avais même requis des rencontres avec des instances politiques "afin de livrer un message important en provenance du Québec".
Baignant dans l'atmosphère hyper chargée et violente des tous débuts de la Révolution culturelle, croyez-moi, il "fallait le faire".
Près de vingt ans plus tard, je suis retourné en République populaire de Chine. J'y ai étudié, voyagé bref, j'y ai vécu pendant deux années au cours desquelles, j'ai eu la chance de bouloter pour l'Ambassade du Canada et surtout, de suivre et d'accompagner les visites du premier ministre René Lévesque et du maire Jean Drapeau.
Alors, voilà: est-ce tout cela suffisant à vos yeux pour que je puisse aussi vous demander avec respect, monsieur Sauvé, ce que Lénine vient faire dans l'appréciation des propos de Pierre Cloutier ?
Vous écrivez à Pierre Clourier : "Il n’y a rien de mal à être idéaliste sauf que vous prenez le risque de vous heurter contre un mur un de ces jours. J’ai 80 ans, ne l’oubliez pas et j’ai vécu tout ce que vous avez vécu et davantage."
Avec respect, je ne peux m’empêcher de penser au dicton chinois:
不听老人言,吃亏在眼前 (Bu Ting Lao Ren Yan, Chi Kui Zai Yan Qian.)
ou comme le traduirait Homier-Roy: "If you don't listen the Old Man, you will suffer losses quickly."
JPB
P.s. Je viens justement d'acheter votre livre ce matin, chez Guérin. Votre dernière citation est d'Aristote: "Les meilleurs gouvernements sont ceux qui obtiennent les meilleurs résultats". Allons-y voir.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
22 juillet 2011On doit à Lénine cette phrase: '' Les faits sont têtus''. Sans doute le constat qu'il y a une marge entre le souhaitable et le réalisable.
Nous en sommes là: Bien que souhaitable, la souveraineté n'est pas réalisable dans les conditions actuelles pour la simple raison que nous ne sommes pas dans un rapport de force favorable pour rendre effective cette décision.
Cela n'empêche pas les idéalistes de nier cette réalité. Mais tôt ou tard ils devront faire le constat que: ''Les fait sont têtus''
Or le temps est court pour le réaliser et dégager une stratégie pour bâtir ce rapport de force. Car perdre la prochaine élection aura des conséquences dramatiques pour la suite de l'histoire: Nous serons inscrit dans la pente irréversible de la louisianisation.
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011Les soviétiques s'en remettaient au tirage au sort ? J'en doute fort, M. Sauvé.
Puis la finance n'était pas toute disséminée. Elle était aussi centralisée à la Banque Centrale qui elle-même était grassement entretenue par Wall Street.
D'accord avec vous que son "communisme" était bien fictif, mais incomparable à ce que propose M. Cloutier.