Bulletin de l'opposition

JJC - chronique d'une chute annoncée


Le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, n'est pas un grand tribun, mais son enquête sur l'octroi des places en garderie aux contributeurs à la caisse électorale du PLQ a plongé le gouvernement Charest dans un profond embarras, à l'image de la très mauvaise session qu'il a vécue cet automne. A
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Le métier de leader parlementaire ne s'apprend pas du jour au lendemain, mais Stéphane Bédard (Chicoutimi) a fini par s'imposer et commande maintenant le respect de l'adversaire. Il s'est même permis de prendre la défense de la chef intérimaire de l'ADQ, Sylvie Roy, quand Jacques Dupuis a voulu la traîner abusivement devant une commission parlementaire. A
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Même si son statut de politicien le plus populaire du Québec est surtout dû à son passé de comédien, Pierre Curzi est aussi un parlementaire très efficace. Dans le dossier linguistique, il n'est pas très difficile de déstabiliser Christine St-Pierre, mais M. Curzi a aussi le don de faire enrager la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne. A
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Sylvain Gaudreault (Jonquière) a forcé la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, à reconnaître que le Plan Nord de Jean Charest était une simple «démarche», sinon un concept publicitaire. En commission parlementaire, il a fait passer un très mauvais moment au président d'Hydro-Québec, Thierry Vandal. B
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Amir Khadir (Mercier) a réussi à gagner le coeur des Québécois, avec sa sincérité et sa ténacité. Sa collègue de Matapédia, Danielle Doyer, a tout de même trouvé qu'il y allait un peu fort en comparant les travailleurs forestiers de sa région à des esclaves exploités par les pharaons de l'industrie de la forêt. À 80 000 $ par année, «on veut tous être esclaves», a-t-elle lancé. B
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Au printemps dernier, Gérard Deltell a eu le bon sens de décliner les invitations à se lancer dans la course à la succession de Mario Dumont. L'hécatombe des derniers mois à l'ADQ l'a rendu incontournable, mais sa bonne fortune ne l'a pas empêché de garder les pieds sur terre. B
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Le style pittoresque de Sylvie Roy fait parfois sourire, mais elle a été la première à réclamer la tenue d'une enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction. Elle a tenu le fort pendant que les adéquistes se déchiraient sur la place publique. B
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Le rapport du vérificateur général a en quelque sorte répondu aux nombreuses questions sur la collusion dans l'octroi des contrats du ministère des Transports que Stéphane Bergeron (Verchères) avait adressées à Julie Boulet depuis le début de la session. B
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Face à un adversaire aussi vulnérable que le ministre de la Santé, Bernard Drainville (Marie-Victorin) a eu la partie belle. Il devrait cependant varier le ton systématiquement alarmiste de ses interventions. Cela ne peut pas être l'Apocalypse tous les jours. B-
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Ce n'est pas la férocité qui fait défaut à Jean-Martin Aussant (Nicolet-Yamaska), comme le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a pu en faire l'expérience dans le dossier des FIER, mais M. Aussant serait encore plus efficace s'il s'humanisait un peu. B-
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Les bottes de François Legault sont bien grandes à chausser pour le nouveau député de Rousseau, Nicolas Marceau. Personne ne doute de sa compétence en matière économique et financière, mais il a encore beaucoup à apprendre sur le plan de la communication politique. C
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Même Sam Hamad a reconnu la contribution de François Rebello (La Prairie) au débat en commission parlementaire sur le projet de loi 73 contre la criminalité dans la construction. On peut comprendre que M. Rebello, très ambitieux, craigne la concurrence des jeunes loups péquistes, mais faire continuellement son autopromotion auprès des journalistes n'aidera pas sa cause. C
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Le responsable du dossier autochtone au PQ, Camil Bouchard, est demeuré très discret. Pourtant, il devrait y avoir beaucoup à dire du ministre responsable, Pierre Corbeil, et du peu de cas que le gouvernement semble faire des intérêts des Premières Nations. C-
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Comme parlementaire, François Bonnardel (Shefford) a fait des progrès, mais il est sorti très éclopé de la course à la direction de l'ADQ. La lettre de démission incendiaire et paranoïaque publiée par Gilles Taillon, sans même prévenir son principal lieutenant, l'a placé dans une situation misérable. C-
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Janvier Grondin (Beauce-Nord) a dû regretter amèrement l'appui de dernière heure qu'il a donné à Gilles Taillon. Sans lui, l'ADQ aurait peut-être évité la descente aux enfers qui a suivi son élection. D
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Éric Caire a contribué encore plus fortement à la désintégration de son parti en suivant M. Taillon dans l'escalade des injures. La zizanie s'était installée dans son camp bien avant la fin de la course à la direction. Même s'il revenait à l'ADQ, comment le nouveau chef pourrait-il lui faire confiance? E
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Le Club des silencieux s'élargit sans cesse. Pas moins de 17 députés d'opposition n'ont pas réussi à poser une seule question durant la session. Six d'entre eux sont même restés cois au cours des deux dernières sessions: Marjolain Dufour (René-Lévesque), Luc Ferland (Ungava), Nicole Léger (Pointe-aux-Trembles), Martin Lemay (Sainte-Marie-Saint-Jacques), Irwin Pelletier (Rimouski) et Daniel Ratthé (Blainville).
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mdavid@ledevoir.com


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