Une coalition d'organismes majoritairement arabo-musulmans dénonce «toutes les formes de racisme, d'islamophobie et de xénophobie» entourant les débats à la commission Bouchard-Taylor. Du même coup, le collectif Rejetons l'intolérance au Québec (RIQ) accuse les médias, les partis politiques et même le gouvernement d'instrumentaliser les conflits interculturels au Québec pour occulter les «vrais» problèmes concernant l'intégration des immigrants ou les «nombreuses injustices» dont souffrent les Premières Nations.
«Les membres du RIQ signalent que les débats autour du port du hidjab, du turban, de la kippa et d'autres signes religieux dans l'espace public n'est qu'un paravent à un racisme latent et patriarcal au sein de notre société, a dit May Haydar, une des porte-parole du RIQ, lors d'une conférence de presse organisée hier matin à Montréal. Les vrais résultats de la commission devraient être débattus franchement plutôt que de gaspiller une occasion précieuse pour les débats publics significatifs.»
Cette sortie publique coïncide avec la tenue du premier forum montréalais de la commission hier soir. Les travaux se déplacent à Sherbrooke pour le reste de la semaine et reviendront ensuite dans la métropole.
La coalition ne s'oppose pas officiellement à la commission, bien que certains de ses membres souhaitent qu'elle cesse ses activités. Les couteaux critiques volaient d'ailleurs très bas hier. Les présidents Gérard Bouchard et Charles Taylor ont été traités de «colons blancs» et de représentants du patriarcat. La gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, qui a souhaité la création d'une commission pancanadienne, a été décrite comme le «pion» (token) d'un vaste système d'asservissement.
Deux des quatre porte-parole portaient le hidjab. L'une d'entre elles, Carmen Bouchard, a proposé une relecture de l'histoire du Québec allant du «génocide» des «Sauvages» à la présente montée de l'intolérance envers les immigrants, surtout les musulmans. «La laïcité sert de paravent à un nouveau dogmatisme», a-t-elle tranché.
Elle a aussi attaqué le Conseil du statut de la femme pour ses prétendues positions contre le voile islamique. Dans les faits, l'organisme a récemment recommandé à Québec de modifier la Charte des droits provinciale pour que le principe de l'égalité homme-femme prime en cas de conflit avec d'autres droits. Québec a accepté cette proposition déjà incluse dans la charte fédérale.
Le RIQ, qui rassemble une vingtaine de groupes, comme le Centre islamique libanais, entend organiser son propre forum public «sur des bases différentes». Il va aussi diriger une manifestation «contre le racisme» le 9 décembre à Montréal. Il promet de perturber les futurs travaux montréalais de la commission Bouchard-Taylor avec des piquetages quotidiens.
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Bouchard et Taylor, des «colons blancs»
Le Québec est raciste, accuse une coalition arabo-musulmane
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