Contrairement à ce que plusieurs affirment, la patience ne rime pas avec vieillir. Au contraire. Personnellement, je suis d’une impatience inqualifiable devant les statistiques sur l’usage du français à Montréal.
Née à Montréal d’une famille de Montréalais, j’ai connu l’évolution du français dans l’espace public.
Je ne m’étonne donc guère du recul du français parlé dans la ville. Un recul que le gouvernement libéral a tenté de cacher pendant près de 20 ans. Fini le respect de la langue de la majorité québécoise, qui est devenue minoritaire de nouveau à Montréal. Car n’oublions jamais qu’au tournant du vingtième siècle, Montréal venait de redevenir une ville francophone.
L’apport d’immigrants allophones, la désaffection, au sens propre, c’est-à-dire l’absence d’affection pour le français chez les jeunes de 18 à 35 ans et la fatigue des Canadiens français qui ont mené ces combats pour la langue, ont creusé le fossé dans lequel est le français.
Pente glissante
Bonjour « Ail ! » est devenu une manière insolente de nous interpeller. Lorsque la mairesse de Montréal, Sœur Sourire, débite un discours uniquement en anglais et avoue face à des reproches ne pas s’être rendu compte qu’elle n’avait parlé qu’anglais, on sait que la pente descendante est inévitable.
En effet, l’avenir du français parlé au Québec, c’est à Montréal qu’on peut le prédire. Montréal est une ville en voie de bilinguisation définitive. Montréal, territoire en partie à l’abri de la loi 101.
Le français parlé rétrécit. Dans la rue, dans les commerces et dans les entreprises. Chaque statistique à venir émergeant de l’Office québécois de la langue française indiquera ce glissement. Le bilinguisme nouveau chic signifie le déclin du français.
Mon mari anglais ne cesse d’exiger qu’on lui parle en français. Et même lui, le plus francophile des Anglais du monde, est fatigué de mener ce combat. C’est tout dire !