Morosité
À l’exception de Vincent Marissal, qui a mis avec raison le doigt sur la part croissante du budget de l’État en santé (et les phobies concomitantes des baby boomers que l’usure implacable du temps transforme en valétudinaires poussifs), l’humeur était à la morosité hier à la dernière de Bazo. Au moins, Joseph Facal a fini par découvrir que le système fédéral, depuis bientôt 150 ans, crée (et recrée interminablement) les bases institutionnelles de la double allégeance des Québécois, condamnés dans leur schizophrénie binationale à se percevoir sous les frocs d’Arlequin, serviteur de deux maîtres. C’est toujours ça de pris.
La « disparition » annoncée du peuple québécois
Mais le clou de la soirée revient sans contredit à Fabienne Larouche qui, en plus de se prendre pour un « petit dieu », s’est (com)plu à jouer les Cassandre. Ces jérémiades sur la « disparition » annoncée du peuple québécois laissent perplexe. En dépit d’une « carrière » florissante, il ne se dégage pas de sa personne les signes d’épanouissement, de sagesse et de maturité auxquels on aurait pu s’attendre : syntaxe défaillante (qu’elle stigmatise chez les amuseurs publics de 110% qu’elle écoute cependant le soir avant de se coucher), absence de franchise dans le regard, bec sec qu’entrecoupent à l’occasion les crispations du rictus, etc. En fait de body language, on ne saurait trouver plus éloquent.
Un genre soporifique et archiconventionnel
Madame, en plus, a trouvé le courage néanmoins de nous parler de la misère des « créateurs »… La misère des créateurs ? Parlons-en. Je lui suggère de relire par exemple la correspondance de Diderot et Falconet sur le fantasme d’immortalité des artistes. Quelqu’un d’autre part peut-il me dire ce qu’il y a de créateur dans un genre soporifique et archiconvenntionel inventé dans les années 1950 pour vendre de la lessive à des ménagères surmenées ? Ce n’est que la force d’inertie qui tient debout encore le misérable et interminable feuilleton qu’elle signe depuis dix ans dans l’indifférence totale.
Les vertus de l’oubli
F. Larouche aurait dû nous expliquer pourquoi, à de rares et notables exceptions, toute la culture du divertissement de masse à laquelle elle a consacré toute son énergie depuis vingt ans est promise au même destin : l’enfouissement instantané dans l’oubli ou je ne sais trop quel espace virtuel que ne visiteront pas, dans les générations futures – on peut en faire le pari -, ni les grues mécaniques, ni les mouettes aux cris aigus et aigres.
Le maillage des réseaux traditionnels
Avec l’émergence de la nouvelle culture mondiale, c’est tout le maillage des réseaux traditionnels qui se trouve en pleine mutation – et avec lui le magistère et monopole discret que ses thuriféraires exerçaient. Bon débarras. Moi, quand je vois dans un café ou dans l’autobus un jeune de quinze ans le nez enfoui dans un livre, je me dis que le sort de notre civilisation repose entre bonnes mains et qu’il y a tout encore à espérer.
François Deschamps
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1 commentaire
Jean-François-le-Québécois Répondre
2 avril 2009En effet, moi aussi, ça me fait ce genre d'effet, quand je vois des jeunes qui se cultivent, qui lisent, qui s'intéressent à autre chose qu'à la «culture» populaire, ou cette chose indigeste qu'on vend à la masse.
Fabienne Larouche, à mon humble avis, n'a jamais fait autre chose (ou presque) que s'emparer du concept d'émissions de télévision américaines, pour les servir`à la sauce Larouche sur le petit écran québécois. Je pense notamment à «Urgences», créée au moment où la série «ER» était immensément populaire, et à Fortier, une très pâle imitation de la série «Profiler»...
La seule originalité dont faisait preuve Fabienne Larouche, en plagiant ainsi des séries américaines bien connues, était d'y apporter sa touche particulière... à savoir amener sa version des oeuvres en question à des niveaux choquants de vulgarité et d'invraisemblance.
Non, franchement, il faut que la clique du Plateau cesse d'avoir une telle influence sur les arts et spectacles d'ici; nous avons besoin d'une bonne bouffée d'air frais!