L’insulte Bombardier se continue. Sans aucune sensibilité, le président de l’entreprise nous annonce que « le ménage se poursuivra ». On comprend que les employés de Bombardier sont les poussières, dont il faut absolument se débarrasser pour que les gestionnaires continuent à se remplir les poches à coups de millions.
Même si les Québécois ont collectivement investi près de 3,3 milliards de dollars dans les dernières années, Bombardier a annoncé la mise à pied de 2500 employés au Québec. Pendant ce temps, le PDG de Bombardier reçoit plus que le salaire à Carey Price.
Certains se gavent, pendant que d’autres souffrent.
Mais, soyons clairs, 2500 emplois perdus représentent 2500 catastrophes. Des travailleurs qui voient du jour au lendemain leur univers s’écrouler. Et la solution n’est pas aussi simple que de limiter son budget d’épicerie à 75$ par semaine...
Le comble de l’insulte
Devant cette situation brutale, le président de Bombardier, Alain Bellemare, n’a pu trouver le temps de rencontrer le ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon.
Il n’a pas cru bon rencontrer les représentants du gouvernement qui a investi quelques milliards dans son entreprise, minimalement pour expliquer sa décision avec un peu d’humanité s’il en a.
Il a plutôt fait le choix d’aller vendre sa décision dans le confort des salons confortables et luxueux des conférences d’investisseurs, loin des médias et des travailleurs. Il aura fallu attendre une semaine pour que le ministre de l’Économie puisse le rencontrer. Tout ça ressemble aux Temps des bouffons. Pierre Falardeau aurait matière à faire un 2efilm.
Il a aussi préféré utiliser le langage aseptisé des technocrates, où l’on réduit l’individu à une unité économique de base facilement remplaçable. Des « ressources humaines » qu’on laissera de côté quand viendra le temps de se bourrer la face dans le buffet ouvert des fonds publics. Honteux.
Il faut se donner la peine d’aller lire le communiqué de presse de Bombardier. On parle d’« optimisation », de « vente d’actifs non stratégiques » et de « rationalisation » pour camoufler les vies brisées par les pertes d’emplois. Des termes qui paraissent anodins, mais qui sont en fait d’une brutalité pour les employés concernés.
Le populisme
À une époque où un gestionnaire qui coupe 2500 emplois d’une entreprise grassement subventionnée est payé 14 millions par année et où une député libérale, Dominique Anglade, continue de s’époumoner que c’est encore à nous de soutenir l’entreprise, il ne faut pas s’étonner d’une montée du populisme et de la méfiance envers les élites.
C’est de cette déconnexion entre les élites économiques et le reste des citoyens que le populisme et le cynisme s’alimentent. C’est à partir de ce moment que des populistes réussissent à exacerber les frustrations légitimes citoyennes pour gagner en popularité.
Une fierté
Pourtant, pendant longtemps, bien des Québécois étaient fiers de voir cette entreprise bien de chez nous devenir un de nos premiers « fleurons québécois ». Mais, est-ce encore le cas aujourd’hui ? Si Bombardier était autrefois une fierté pour tous les Québécois, il est en train de devenir un poids.
Et je vous fais la prédiction que malgré l’ouverture d’une enquête pour délit d’initié, malgré les coupures de postes, malgré la chute du titre en bourse, Bellemare ne verra aucune gêne à redemander l’aide de l’État... Espérons que le gouvernement Legault saura résister.