André Boisclair a remporté une bataille, mais il n'a pas gagné la guerre. La proposition du comité exécutif du Parti québécois de tenir le prochain congrès national en septembre 2008 lui donne la possibilité d'amorcer les changements souhaités au Parti, mais ne lui évitera pas une mise à l'épreuve rapide de son leadership.
Le 26 mai, les présidents des 125 associations de circonscriptions doivent d'abord entériner la proposition de l'exécutif national. M. Boisclair a besoin d'un mandat fort de cette conférence des présidents. Si l'insatisfaction à son endroit devait prendre de l'ampleur, une résolution des deux tiers des présidents suffirait pour devancer à cet automne le vote de confiance sur son leadership.
Vendredi dernier, le député François Legault a proposé que l'on tienne un tel vote par correspondance très rapidement, afin d'éviter au Parti les frais d'un congrès spécial. M. Legault n'a pas obtenu l'appui désiré. M. Boisclair a remporté la journée avec une proposition surprise, suggérée par Nicolas Girard, d'avancer le congrès à l'automne 2008. Mais André Boisclair n'a pas dissipé les inquiétudes.
Dans un tel climat, le succès ou l'échec de sa démarche tiendra en partie au degré de confiance que lui accorderont les présidents, le 26 mai. Il lui faudra un appui solide pour passer confortablement à l'étape risquée du conseil national d'orientation, convoqué pour le mois d'octobre. Il devra alors soumettre le cadre général des changements à apporter au programme et aux statuts du Parti. Ce sera la première discussion de fond sur l'avenir du Parti québécois. Si M. Boisclair ne parvient pas à canaliser les efforts de ses militants, il aura échoué un test important.
Exemple : faut-il évacuer du programme du Parti l'engagement de tenir un référendum le plus tôt possible au cours d'un prochain mandat ? L'idée semble faire consensus au sein de la députation, mais elle donnera lieu à des débats acrimonieux sur le plancher du conseil national. Ils sont nombreux, parmi les députés, à penser que le Parti ne doit plus s'enfermer dans un échéancier contraignant et suicidaire en campagne électorale.
Mais ils sont nombreux, parmi les militants, à se méfier des politiciens du Parti qu'ils soupçonnent de vouloir camoufler l'engagement référendaire afin d'améliorer leurs chances de réélection. Bernard Landry a perdu le contrôle de ce débat ; André Boisclair n'a pas le droit d'échouer.
Autre exemple : M. Boisclair tient mordicus à obtenir le droit de désigner certains candidats. C'est une pratique admise dans les autres partis, mais difficile à faire passer dans un parti comme le PQ. Les militants de Québec, en conflit ouvert avec le chef qui leur a reproché d'avoir bloqué ses candidats, seront sur la ligne de front.
À plus court terme, M. Boisclair devra passer l'étape de la rentrée parlementaire. Comme Mario Dumont a déjà déclaré qu'il n'appuierait pas le budget libéral, le chef péquiste aura l'odieux d'avoir à supporter le budget du gouvernement Charest afin d'éviter le déclenchement d'une nouvelle campagne électorale. Ce passage obligé pour 2007 est une véritable hantise pour certains péquistes qui voient mal leur parti appuyer encore le budget libéral en 2008, dans l'attente de leur congrès national de l'automne suivant et d'une décision sur le leadership.
C'est une véritable course à obstacles dans laquelle est maintenant engagé le chef du Parti québécois. Son seul espoir réside probablement dans "l'écoeurite" aiguë ressentie par des milliers de militants devant les interminables chicanes qui n'en finissent plus de saper la crédibilité de leur parti et d'épuiser leurs chefs.
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