Une coalition de groupes environnementaux émet de sérieux doutes quant à l’impartialité d’une étude commandée par Québec en vue de l’enquête du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) dans le dossier de l’uranium.
Alors que le BAPE doit entreprendre le mois prochain une vaste étude sur les impacts environnementaux et socio-économiques de l’exploration et de l’exploitation de l’uranium en sol québécois, la Coalition Québec meilleure mine estime que le rapport préparatoire qu’a commandé le ministère de l’Environnement à un groupe de chercheurs est « incomplet » et sous-estime de nombreux facteurs pourtant essentiels à la compréhension du dossier.
Affilié à l’Université Laval, le groupe de chercheurs ayant rédigé l’étude, Diversification en exploration minéral (DIVEX), compte dans ses rangs des membres proches de l’industrie et leurs conclusions comptent d’importantes omissions, estime le porte-parole de la Coalition. « On ne comprend pas pourquoi le ministère de l’Environnement a mandaté le DIVEX pour faire cette étude, alors qu’il aurait été plus sage de faire appel à d’autres groupes d’experts, qui sont véritablement indépendants de l’industrie », affirme Ugo Lapointe, de la Coalition Québec meilleure mine, qui regroupe une trentaine d’organismes.
Le rapport DIVEX passe sous silence de nombreux éléments importants, tels que l’existence de moratoires sur l’exploitation de l’uranium en Nouvelle-Écosse, en Colombie-Britannique ainsi qu’en Virginie en raison des risques pour l’environnement et les populations, croit le groupe. Les mines d’uranium génèrent en effet des contaminants et des déchets miniers radioactifs. Le rapport omet également d’aborder en profondeur la question de la gestion à long terme et très long terme de ces résidus miniers.
« Le rapport de 150 pages de DIVEX, il faut le lire, le considérer, car il présente des éléments pertinents, mais il faut savoir que cela a été écrit par des gens qui sont très proches de l’industrie de l’uranium », ajoute M. Lapointe.
Un rapport le 20 mai
Après plusieurs mois de réflexion, le gouvernement Marois a décidé en avril 2013 de confier au BAPE le soin d’évaluer « les impacts environnementaux et sociaux de l’exploration et de l’exploitation de la filière uranifère au Québec ». Celui-ci entreprendra officiellement ses travaux le 20 mai. Il devra déposer son rapport au ministre au plus tard le 20 mai 2015.
La possibilité de voir cette filière se développer au Québec a suscité la controverse en raison des risques environnementaux et pour la santé.
Au Québec, le projet d’exploration le plus avancé est celui de Strateco, qui contrôle un projet situé au nord de Chibougamau. Comme Québec lui refuse le droit de poursuivre l’exploration, Strateco poursuit le gouvernement. La cause est toujours devant les tribunaux.
Strateco réclame pas moins de 16 millions de dollars à Québec afin de compenser ses pertes sur les marchés boursiers depuis que le gouvernement a décidé de mandater le BAPE.
BAPE : l’étude préalable sur la filière uranium remise en doute
La Coalition Québec meilleure mine attaque le groupe qui l’a rédigée
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