Cela revient à intervalles réguliers, comme les oies blanches au printemps. Non, un peu de respect pour les oies blanches! C’est plutôt comme une maladie récurrente, le remake d’un classique archiconnu, ces Belles histoires des pays d’en haut que Radio-Canada va nous refaire pour la énième fois.
Je parle bien sûr du débat sur le mode de scrutin, cette proportionnelle censée guérir nos maux politiques.
Et comme on sait que Séraphin va finir avare, on peut être sûr que ce débat n’aboutira à rien. Pour cent raisons, l’une étant qu’un référendum est désormais incontournable en cette matière, comme on l’a vu en Colombie britannique et en Ontario où cette fausse bonne idée a été rejetée par les citoyens!
Parler plutôt que gouverner
Cela n’empêchera pas une partie de nos élites de gaspiller papier, salive, temps et argent, comme à l’époque des États généraux de Claude Béland sur les institutions démocratiques.
Même si le PQ et la majorité francophone y perdraient de toute évidence, une certaine gauche souverainiste est obsédée par l’affaire, faisant passer le discours avant le pouvoir. Cette célébration de la parole impuissante dispense de se préoccuper de ces cols bleus qu’on oblige à travailler en anglais au Québec.
Quand vous voulez changer les règles du jeu, c’est que vous avez perdu espoir de gagner
Mais ne voilà-t-il pas que, dans un incroyable aveu d’échec, après s’être fait dérober le thème des finances publiques par les libéraux, la CAQ en fait un cheval de bataille. Avec d’autres gadgets à l’américaine, comme le rappel des méchants élus ne respectant pas leurs promesses électorales.
La CAQ! Ce parti supposément pragmatique qui veut mettre fin au déclin tranquille du Québec. Mais quelle mouche a donc piqué François Legault?
Quand vous voulez changer les règles du jeu, c’est que vous avez perdu espoir de gagner. Que vous avez oublié également que le système actuel est bien sûr imparfait, mais qu’il a, entre autres, le grand avantage d’assurer que les élections au Québec soient décidées pour l’essentiel par la majorité francophone.
Pouvoir francophone
Y compris pour les libéraux, qui ne sauraient actuellement miser principalement sur leurs appuis en dehors de cette majorité pour l’emporter, comme cela serait plus facile à faire avec la proportionnelle.
La meilleure façon d’installer pour de bon au pouvoir ces libéraux qui y ont déjà leurs aises, ce serait d’instaurer un système où l’impact électoral de leur clientèle captive non-francophone, actuellement concentrée dans un nombre limité de comtés, serait revalorisé.
Cela serait le dernier clou dans le cercueil du PQ comme grand parti de pouvoir. Mais cela aiderait les petits partis idéologiques, comme Québec Solidaire, auxquels nos tout-puissants libéraux ne craindraient pas de faire magnanimement appel, au besoin, pour gouverner.
Soyons méchants! Françoise David, ministre de la Solidarité juste quelques mois dans un gouvernement de coalition libéral! Quelle belle fin de carrière, en plus d’être l’aboutissement logique d’un processus où Québec solidaire fait le jeu du pouvoir.
Le premier ministre Couillard a dit son opposition à cette chimère. Pierre Karl Péladeau est le seul candidat à la chefferie péquiste qui n’a pas exprimé son appui à la proportionnelle. Espérons que son côté gagnant l’empêchera de revenir là-dessus, comme il l’a parfois fait dans le passé pour bien se faire voir.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé