Les médecins de famille montent au créneau contre le projet de ticket modérateur de 25$ annoncé par Québec dans le budget Bachand. Noble geste, mais les «omnis» défoncent des portes ouvertes puisque ce projet est mort-né.
Selon des sources politiques et du monde médical, le ministre Bolduc a déjà fait son deuil de cette mesure. Il aurait d'ailleurs clairement indiqué cette fin de semaine à la présidente de l'Association médicale canadienne, Anne Doig, que cette idée de faire payer les Québécois selon le nombre de visites chez le médecin ne fonctionnera pas.
Le ministre des Finances, Raymond Bachand, avait lui-même écarté cette idée en entrevue au quotidien Le Soleil, le lendemain du dépôt de son budget.
Bref, le ballon d'essai sur le ticket modérateur lancé avec le budget s'est complètement dégonflé. C'était prévisible.
Si on connaissait davantage de génie aux stratèges du gouvernement libéral, on pourrait même penser que ce ballon a été volontairement lancé vers son échec pour faire mieux passer le reste, notamment le «gros» morceau, c'est-à-dire la «contribution santé» de 25$ par année par adulte cette année, de 100$ l'an prochain et de 200$ dans deux ans.
La réalité est, malheureusement pour Jean Charest, beaucoup plus terre à terre: il s'agit, en fait, d'un autre recul dans le désordre, une manoeuvre devenue la grande spécialité de ce gouvernement.
Le même gouvernement qui pensait, apparemment, faire avaler aux Québécois des ponctions majeures dans leur poche avec une promesse... de faire le ménage dans les affaires du gouvernement! Faire le ménage, rationaliser, couper dans le gras... On a déjà entendu cette chanson-là.
«La population est sceptique sur le fait que 62% des économies viendront du gouvernement. Ils vont le croire quand ils verront les chiffres sur six ou douze mois», a prédit le ministre Bachand la fin de semaine dernière.
Le ministre des Finances se désolait par ailleurs de constater que le gel des budgets de dix-huit ministères pour trois ans «ne fait que les dernières lignes des articles».
Raymond Bachand vise les messagers, c'est une réaction classique, mais le problème, c'est le message.
Un gouvernement le moindrement branché sur sa population, en particulier un gouvernement secoué par une crise de confiance, aurait su qu'il ne peut faire passer des augmentations de taxes et de tarifs avec une vague promesse d'autodiscipline dont les résultats sont attendus dans plusieurs mois.
Idem pour la réunion extraordinaire du Conseil des ministres, dimanche, d'où rien de neuf n'est sorti, sinon que les dirigeants des grandes sociétés d'État «commerciales» garderont leurs bonus. Pas la peine d'organiser un tel exercice par un beau dimanche de printemps si c'est pour en ressortir en disant que les gens ont raison d'être sceptiques sur les projets de ménage du gouvernement et que les bonis resteront. Sur le fond (la nécessité de maintenir une structure de bonus pour être compétitif), le gouvernement a raison, mais dans le contexte actuel, c'est le pire message à envoyer à la population.
Ce gouvernement navigue sans gouvernail sous les ordres confus d'un capitaine en qui les Québécois n'ont plus confiance.
Prenez le gâchis des garderies, un dossier qui continue de hanter le gouvernement, malgré le recul spectaculaire du ministre Tony Tomassi, cette semaine.
Prenez la création en catastrophe d'une commission d'enquête sur la nomination des juges provoquée par les «révélations» de Marc Bellemare.
Vraiment, toutes ces manoeuvres de panique, tous ces reculs sentent plus l'improvisation que le génie.
En fait, depuis sept ans, ce gouvernement a, le plus souvent, navigué à vue dans le brouillard. Sauf pendant l'épisode du gouvernement minoritaire, qui correspond aussi à l'époque du tandem Dan Gagner-John Parisella au poste de chef de cabinet et de conseiller spécial.
La rechute du gouvernement Charest correspond aussi, ce n'est peut-être pas un hasard, au départ de M. Gagner à la retraite et de M. Parisella à la tête du Bureau du Québec à New York.
Jean Charest aurait intérêt a établir dans les plus brefs délais un lien Skype entre son bureau et celui du nouveau délégué du Québec à New York.
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