Jean Charest a finalement offert un autre portefeuille ministériel à Michelle Courchesne que celui de l'Éducation. Était-ce à la demande de cette dernière? On le saura peut-être un jour. Quoi qu'il en soit, il fallait avoir la couenne dure pour demeurer si longtemps à la tête d'un ministère aussi ingouvernable.
Les critiques ont été extrêmement dures envers madame Courchesne. Dans le cas du calendrier scolaire où l'on a appris qu'elle avait menti, à mon avis, à la population sur les pressions qu'elle avait subies de la part de la communauté juive, ces jugements négatifs étaient fondés.
On peut aussi reprocher à la ministre de souvent avoir procédé à des annonces très «politiques», par exemple celles sur le français ou la violence.
De belles intentions, mais pas toujours les investissements pour les réaliser. Et cela, sans oublier qu'elle ne pouvait pas toujours compter sur les commissions scolaires et certaines directions d'école qui se traînaient les pieds parce que celles-ci n'aiment pas se faire dire quoi faire et comment le faire.
Une crise en cadeau
Par contre, si j'ai été un ardent critique de cette ministre, madame Courchesne a souvent eu à payer pour le cadeau empoisonné dont elle a hérité en occupant ce ministère.
Qui se souvient de l'état de crise permanent qui régnait en éducation à son arrivée avec l'imposition improvisée d'un Renouveau pédagogique? Certains collègues, à la mémoire défaillante, ont reproché à madame Courchesne les divers changements de bulletin, alors que c'est elle qui a remis sur les rails une évaluation carrément fantaisiste.
De même, on a dénoncé son attitude dictatoriale au ministère de l'Éducation alors que, de l'autre côté de la bouche, on ne cesse de se plaindre des fonctionnaires déconnectés et fantasques qui imposaient leurs volontés à un ministre qui ne faisait souvent que passer.
Madame Courchesne paiera le prix d'avoir été celle qui aura dû ramener un peu d'ordre dans un ministère en proie à un délire pédagogique. Elle aura voulu changer les choses petit à petit, donnant malheureusement l'impression de cautionner une situation souvent indéfendable.
Parmi les bons coups de madame Courchesne, il ne faudra pas oublier la hiérarchisation des apprentissages en français, la création de passerelles pour permettre l'embauche de diplômés issus d'autres disciplines que le «fumeux» bac en enseignement, la création de tests de français pour s'assurer de la maîtrise de cette langue par les futurs enseignants.
Et il faudra se rappeler que cette ministre aura su s'entendre tant avec la Fédération des syndicats de l'enseignement que la Fédération autonome de l'enseignement en ce qui a trait à de nombreux dossiers pédagogiques, ce qui n'est pas un mince exploit!
Michelle Courchesne partie, c'est au tour de Line Beauchamp d'être à la tête de ce monstre qu'est le ministère de l'Éducation. Cette dernière devra travailler à refaire des liens, parfois brisés par maladresse, parfois brisés parce qu'il était important de remettre certains intervenants en éducation à leur place et effectuer un nécessaire ménage.
Le monde de l'éducation est encore chaotique et il conviendra d'unir tous ceux qui y oeuvrent si on veut assurer la réussite de nos jeunes. Il s'agira d'une situation difficile, mais la nouvelle ministre pourra au moins concentrer son énergie à construire au lieu d'éteindre des feux et de réparer des catastrophes comme a dû le faire la précédente.
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Luc Papineau - Enseignant, coauteur de l'ouvrage Le Grand Mensonge de l'éducation (Lanctôt éditeur, 2006)
Au revoir, madame Courchesne!
Corrution libérale - Michelle Courchesne
Luc Papineau3 articles
Enseignant, coauteur de l'ouvrage "Le Grand Mensonge de l'éducation" (Lanctôt éditeur, 2006)
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