On avait jasé ici, en mars, de cette histoire qui avait pris une ampleur mondiale en plus d'impliquer des chercheurs d'ici. Essentiellement, Mme Semenya, multiple médaillée olympique et aux Mondiaux, contestait devant le Tribunal arbitral sportif (TAS) une décision de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme qui impose une limite de 5 nanomoles de testostérone par litre de sang (5 nmol/l = 1,5 microgramme par litre) pour les coureuses de 400, 800 et 1600 m. Les athlètes féminines qui sont au-dessus de ce seuil, comme Mme Semenya, devront prendre des médicaments pour abaisser leur taux de testostérone sous les 5 nmol/l pendant au moins 6 mois.
Le raisonnement derrière ce règlement est que la testostérone, comme on le sait, est une hormone qui «masculinise». Les hommes en ont entre 10 et 40 nmol/l, ce qui est beaucoup plus que les femmes (0,3 à 2 nmol/l), même s'il existe des conditions médicales qui peuvent amener certaines femmes très au-dessus de la fourchette féminine «normale». Et comme la testostérone favorise la croissance et le développement musculaire, cela explique pourquoi les hommes ont une taille et une force plus grande, en moyenne, que les femmes.
Je comprends que c'est là la raison pour laquelle on fait compétitionner les hommes et les femmes séparément. Je suis entièrement d'accord avec le fait qu'il serait injuste de faire courir (ou nager, ou jouer, etc) des femmes et des hommes ensemble, ça me semble être une évidence. Et je vois bien pourquoi certains partent de ce principe pour dire que l'«hormone mâle» n'a pas sa place, au-delà d'un certain seuil, dans les compétitions féminines. Mais je ne suis juste pas convaincu (du tout).
Passons par-dessus les incertitudes et les trous dans la littérature scientifique autour de cette question. Passons par-dessus les autres travers que l'on peut trouver à cette décision. Un coup parti, passons aussi par-dessus les conséquences potentielles sur la santé des athlètes qui doivent subir des traitements hormonaux. Ce qui me fait tiquer par-dessus tout, c'est cette idée selon laquelle un taux de testostérone naturellement très élevé constituerait un avantage indû qui «discriminerait» contre les athlètes féminines «normales» :