Si des élections avaient eu lieu le 21 mars, jour où le sondage a été mené, la CAQ aurait obtenu 45 % des voix après répartition des indécis, très loin devant le Parti libéral (PLQ; 22 %), Québec solidaire (QS; 15 %), le Parti québécois (PQ; 10 %) et les «autres partis» (7 %). Pour la CAQ, il s’agit d’un score comparable à celui qu’elle a obtenu en janvier dans un autre sondage Mainstreet, et c’est supérieur au résultat du scrutin (37 %).
Chez les francophones, la domination caquiste est encore plus prononcée : 51 % des intentions de vote, contre seulement 16 % pour QS, qui se classe deuxième dans ce groupe démographique.
Inquiétant pour les libéraux
En fait, note l’ex-ministre libéral Luc Fortin, maintenant sondeur chez Mainstreet, les choses vont tellement bien pour la CAQ qu’elle semble maintenant capable de gruger dans certains bastions libéraux. Ceux-ci mènent encore largement chez les non-francophones (51 %), mais ils ont perdu 11 points dans cette tranche de l’électorat depuis janvier, et ils ont reculé de quatre points dans l’île de Montréal, où les libéraux ont toujours été très forts. En même temps, la CAQ a gagné six points chez les non-francophones, jouissant maintenant de 23 % d’appuis chez eux, et sept points dans la métropole.
«L’électorat libéral penche un peu plus à droite, donc une partie d’entre eux va avoir une tendance naturelle vers la CAQ, analyse M. Fortin. […] Le fait que le référendum soit sur une voie de garage à court et à moyen terme compte probablement aussi pour beaucoup. On a vu lors de l’élection de 2014 l’effet qu’a eu l’entrée en scène de Pierre-Karl Péladeau [dont le poing levé avait ranimé la flamme souverainiste, mais en même temps ramené tout un lot d’électeurs vers le PLQ].»
M. Fortin note également que les libéraux tentent depuis quelques semaines de se repositionner plus à gauche de l’échiquier politique qu’il ne l’a été au cours des dernières années, notamment en environnement. Cela a aussi pu pousser vers la CAQ la partie de leur base non-francophone qui penche plus à droite.
Mince consolation, peut-être, pour les libéraux, ils semblent avoir connu une forte poussée de neuf points dans la région de Québec, en même temps que la CAQ y perdait 14 %. Il faut toutefois être prudent avec ces sous-échantillons régionaux (une centaine de personnes seulement à Québec), qui comportent des marges d’erreur plus grandes. Et la formation de François Legault demeure toujours bonne première dans la capitale et ses environs, à 43 % contre 18 % chacun pour le PLQ et le PQ.
Ailleurs dans «les régions» — soit en dehors de l’île de Montréal, de sa banlieue et de la région de Québec —, la CAQ récolte pas moins de 53 % de la faveur populaire. Québec solidaire se classe second, mais ne peut faire mieux que 15 %, alors que les péquistes (12 %) et les libéraux (11 %) y semblent particulièrement faibles.
Ce sondage Mainstreet a été réalisé à l’aide d’un système vocal interactif auprès de 940 répondants. Cet échantillon donne une marge d’erreur de ± 3,2 % 19 fois sur 20.