La liberté de presse est menacée au Québec. Il est grand temps d’adopter une loi sur la protection des sources pour mettre fin aux abus de la police.
Il ne s’agit plus d’un cas isolé ou d’un abus de pouvoir anecdotique par une grosse police en mal de contrôle. L’espionnage des journalistes d’enquête est un mal si répandu au Québec qu’il faut maintenant des actions fermes pour casser cette désagréable impression de vivre dans un État policier.
Ces tares ne sont pas uniques au SPVM puisque la Sûreté du Québec (SQ) fouine aussi dans les téléphones intelligents des journalistes. Radio-Canada a révélé mercredi que la police provinciale avait obtenu les registres d’appels des téléphones intelligents de trois de ses reporters, Isabelle Richer, Marie-Maude Denis et Alain Gravel. Au total, les communications d’une bonne dizaine de journalistes ont été épiées par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ou la SQ depuis 2013.
La dérive des policiers n’a d’égale que celle des juges de paix qui ont autorisé ces chasses aux sources. Deux institutions fondamentales en démocratie, la police et la justice, ont traité la liberté de presse, le journalisme d’enquête et la protection des sources avec une grossière indélicatesse.
Le resserrement des règles dans l’octroi des mandats de surveillance des journalistes, annoncé mardi par le premier ministre Philippe Couillard, est un pas dans la bonne direction. À l’avenir, les mandats de surveillance visant des journalistes devront faire l’objet d’une autorisation du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) avant d’être soumis à un juge de paix. Les journalistes bénéficieront du même traitement que les avocats, une avancée considérable. Le combat le plus important reste à mener, afin que Québec et Ottawa adoptent des lois pour protéger les sources des journalistes. Le statut des journalistes, qui ne sont pas de véritables professionnels, contrairement aux avocats, ne devrait pas servir d’excuse à l’inaction à ce sujet.
M. Couillard doit aussi amender le projet de loi visant à protéger les lanceurs d’alerte. Dans sa mouture actuelle, le projet force les lanceurs d’alerte à contacter la police avant les médias s’ils veulent bénéficier de la protection de l’État. Ce projet fait abstraction de la réalité. Si les lanceurs d’alerte se tournent vers les médias, et non la police, pour dénoncer des irrégularités, c’est souvent parce que les organismes de surveillance, y compris la police, ont failli à leur mission.
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PROTECTION DES SOURCES
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