Il est bien difficile de classer cet ouvrage. Le titre laisserait présager une apologie de la destinée manifeste de la France, comme il en existe déjà mais qui ne sont pas dans les rayonnages des librairies ayant pignon sur rue. Le sous-titre quant à lui ferait plutôt pencher du côté de l’essai historique promettant d’être riche en rebondissements : « La véritable histoire de la fille aînée de l’Église. » Rien que ça ! Puis, l’on s’attelle à la lecture de l’ouvrage. On se croit lire un roman, de par le ton, la structure du texte, les libertés narratives de l’auteur. Et finalement, on n’est pas plus avancé : où donc classer cet ouvrage ? Eh bien ! Classons le là où nous le souhaitons, car il est inclassable ! Nous sommes ici en présence d’une réhabilitation affirmée, c’est dans la préface, du roman national.
Oui, vous avez bien lu ! Du roman national ! Les bonnes âmes sont effrayées, voici le retour des heures les plus sombres, de l’extrême droite intégriste ! Les « nationaux » sont sceptiques : être de culture chrétienne très bien, mais nous vivons en démocratie laïque ! Qu’on ne m’impose rien, pas même le bon sens ! Le Français lui, est ravi, car enfin, on parle du roman national sans lui cracher au visage, sans en griffonner les pages au marqueur rouge censure ! On a ici affaire à une apologie affirmée, que dis-je ? Une apologie militante, contre le structuralisme, contre les ayatollah du relativisme, contre l’histoire mièvre des programmes scolaires, cette histoire végétative, qui décourage l’honnête homme à se réapproprier ses racines par de saines lectures, qui trop souvent s’attachent à déconstruire plutôt qu’à promouvoir, saper les légitimités, brouiller les pistes, affadir le discours, dans le but assumée de « rationaliser » l’histoire de France, à reléguer le miracle au rang d’hallucination, fut-il vécu par plusieurs milliers d’hommes ; le sacré à la superstition ridicule, à juger la piété de nos ancêtres avec mépris et leur amour de la terre avec dédain. Oui, il faut rationaliser l’histoire, tout déconstruire, tout balayer ! Ne faisons pas de l’histoire la source des revendications à venir, l’instrument de la politique, la source d’inspiration des ennemis du camp du Bien, des esprits partisans, de l’instrumentalisation, de la récupération, vous aurez compris, chers lecteurs, de qui il s’agit.
Il n’est pas pour autant question ici de faire une publicité publicité vantarde de cet ouvrage, même si, disons le d’emblée, il mérite largement d’être lu. Il y a dans ce livre du très bon, du bon et du moins bon. Le très bon d’abord : la première chose qui rend cet ouvrage très bon, c’est qu’il a le mérite d’exister, tout simplement ! Enfin ! La catholicité de la France n’est plus l’apanage d’éditions spécialisés ou boycottés par les librairies, telles que les vénérables éditions du Cerf ou bien les éditions Clovis et de Chiré, qui méritent, soit dit en passant, un intérêt tout particulier pour tout bon lecteur nationaliste. Notons d’ailleurs que ce genre d’ouvrages se multiplient au sein de grandes maisons d’éditions généralistes : les éditions Perrin viennent de publier le dernier ouvrage de Monsieur Arnaud Blin, Les figures catholiques de la France, reprenant le même thème tout en se focalisant sur les personnalités plutôt que sur les événements. Remarquons que cette série d’ouvrages paraît à un moment opportun où nos concitoyens – mais, hélas ! Encore trop peu – redécouvrent la mémoire de leurs pères, voire même, et c’est heureux, font pénitence et se convertissent. Ce genre d’ouvrage a d’ailleurs vocation, je ne pense pas trop m’avancer en disant cela, à réinscrire l’histoire de la France catholique dans la mémoire française et surtout de rappeler une énième fois, mais jamais une fois de trop, que comme l’écrit l’auteur lui-même, « la France tient du miracle. » Elle est la fille aînée de l’Église catholique, apostolique et romaine, pas du temple juif ou protestant – encore moins du temple maçonnique et de ses idées « lumineuses » – épouse du Christ, le « Dieu vivant et vrai » dont parle saint Paul.1
Ce livre nous le rappelle fort bien, à travers chaque chapitre, autant d’adresse à notre peuple, errant dans le désert de son existence pathétique, espérant au retour du « mieux » d’ « avant », sans réellement le vouloir puisque refusant obstinément, tel un enfant mal élevé, le joug paternel du Père, et quel Père ! Car oui – profitons d’être dans le thème – Il ne s’agit pas de se dire chrétien « culturel », ce qui est bien commode mais peu utile avouons le, mais de l’être en vérité. Le malade ne guérit pas en fixant le flacon de sirop, mais en suivant son traitement ! La France a été la France car elle a cru. Seuls ceux qui ont cru, croient et croiront seront sauvés.
Neuf épisodes sont développés dans cet ouvrage : le baptême de Clovis, le couronnement impérial de Charlemagne, le rachat de la Sainte Couronne d’épines – qu’aujourd’hui trop peu, voire aucun visiteur ne prend la peine de révérer d’une simple génuflexion ; cette relique sacro-sainte exposée dans ce haut lieu de la chrétienté française devenu un vulgaire musée qu’est Notre-Dame de Paris – la querelle des investitures entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII, Jeanne d’Arc et l’Anno mirabilis 1429, le vœu de Louis XIII, le Concordat et la séparation de l’Église et de l’État. Quoi de remarquable dans la séparation de l’Église et de l’État me direz-vous avec force justesse ? N’est-ce pas la victoire du Temple sur l’Église du Christ ? Oui, c’est en partie exact, même si l’Église ne fut pas grande perdante pour autant. Mais c’est précisément parce que cela est mis en avant que l’épisode trouve ici tout son intérêt ! L’auteur, pourtant ignorant je pense, de la bibliographie de Monseigneur Delassus, ose écrire, chose assez rare pour être soulignée, que la franc-maçonnerie tient les rênes de la IIIe République ! Cela est fort bien démontré lors de l’affaire des fiches, décrite dans le chapitre en question. On reste néanmoins loin de la verve d’un Louis de Bonald ou d’un Joseph de Maistre : l’auteur arrive à détourner l’attention sur le « moindre mal », sans pour autant tomber dans l’hypocrisie. Pour le reste, chaque événement montre l’alliance d’un peuple et de son roi, d’une Nation et de son Dieu, solus sanctus, solus Dominus, solus altissimus. Même au moment des fameux inventaires qui suivent la loi de 1905, au moment où les suppôts de Satan déchaînèrent leur haine de la Vérité contre les paroissiens venus protéger leurs églises et surtout le Très Saint Sacrement des mains des impies, comme le raconte Jean Sévillia2
Tout cela nous est narré dans un style romancé, quasi épique parfois. On a l’impression de lire Castelot, même si ce dernier avait bien plus de talent. C’est là d’ailleurs notre principal reproche. Non pas que nous n’apprécions pas le style romancé, mais l’auteur en fait parfois trop, voire beaucoup trop. Trop de lourdeur parfois, que d’allusions lubriques fort malvenues, surtout vue la gravité du sujet ! Cela tourne presque à l’obsession lorsque, sur presque une page, l’auteur nous livre des passages scabreux, déstabilisants, voire carrément détestables. On s’en serait bien passé !
Mais cela ne doit pas assombrir plus que de raison l’œuvre en elle-même, une œuvre rafraîchissante, parfois sublime malgré les défauts que nous venons de citer. C’est un ouvrage qui mérite vraiment d’être lu, car il nous rend fiers de ce que nous sommes, nous qui manquons cruellement de cette fierté nationale qui seyait tant à nos ancêtres. Fiers d’être les héritiers d’une noble race, destinée à de grandes choses, ad majorem Dei gloriam !
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