Alexandre Taillefer a laissé entendre hier que les chroniqueurs qui écrivent dans Le Journal devaient s’interroger sur leur impartialité. Il se demande si « la position éditoriale des médias de Québecor est en phase avec les positions politiques bien connues de son propriétaire ».
Après nous être bien interrogés, nous avons décidé de lui répondre.
Le choc des idées
Nous informons d’abord M. Taillefer que Le Journal n’a pas de ligne éditoriale, conformément aux souhaits de son fondateur, Pierre Péladeau. Le seul mot d’ordre que nous avons, c’est celui de la diversité des idées. Nos lecteurs trouvent dans nos pages des points de vue souverainistes et fédéralistes, tantôt de droite et tantôt de gauche.
Nos chroniqueurs n’ont d’ailleurs pas la prétention d’être « impartiaux », comme c’est plutôt le devoir des journalistes de nos salles de rédaction. Le journalisme d’opinion poursuit une finalité différente. Nous le rappelons à M. Taillefer, dont l’intervention soulève des questions quant à son propre rapport avec les artisans des journaux qu’il possède.
Chaque jour, nos chroniqueurs écrivent sur le sujet de leur choix. Laisser entendre que le propos de ces professionnels d’expérience est téléguidé par notre propriétaire est une insulte envers leur intelligence et leur intégrité intellectuelle.
Sérénité
Dès le jour suivant l’annonce par M. Taillefer du rôle qu’il jouerait pendant la campagne électorale, il se plaignait d’être l’objet d’acharnement médiatique. Peut-être pense-t-il que nous ne devrions pas soulever les contradictions entre ses positions politiques et nous questionner sur les conflits qui pourraient survenir entre ses intérêts d’affaires et son implication partisane. En somme, M. Taillefer réclame une forme d’immunité.
Nous sommes au regret d’informer M. Taillefer que la réalisation de ses ambitions politiques promet de revêtir des aspects particulièrement pénibles pour lui s’il maintient de telles attentes face aux médias. Pour sa propre sérénité et celle du travail journalistique, nous lui souhaitons de se doter d’une carapace et, surtout, qu’il le fasse rapidement.