Les Anglais avaient décidé d’organiser tout un plan de campagne en 1690 pour attaquer la Nouvelle France, à la fois avec Nicholson par Montréal et en même temps avec la flotte anglaise par le fleuve Saint Laurent. L’attaque de Nicholson n’aboutira pas, il sera obligé de rebrousser chemin, ses troupes ayant été décimés par la maladie.
La flotte anglaise commandée par l’amiral William Phips, remonte le fleuve, elle croise un bateau qu’elle capture, ainsi que les passagers parmi lesquels se trouve la femme de Louis Joliet, puis parvient devant la ville de Québec qui est assiégée le 16 octobre 1690.
A bord du « Six Friends » de Phips ces passagers devenus bien malgré eux des prisonniers vont assister aux bombardements de la ville.
L’évêque de Québec, à cette époque Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de Saint Vallier, successeur de François de Laval, écrivit une lettre pastorale à lire dans toutes les églises « …pour disposer le peuple à bien se défendre contre l’ennemi anglais ». Une sœur hospitalière de l’hôtel-Dieu dira plus tard : « Le père Frémin passa la nuit avec nous à consumer le hosties consacrées, au cas où les Anglais se rendraient maîtres de la ville afin d’empêcher toute profanation impie.Il nous donnait la dernière absolution dès que le péril augmentait en s’efforçant de nous rassurer ! »
L’amiral anglais Phips dépêche alors, avec une belle prétention, un émissaire porteur d’une sommation, au Gouverneur de la Nouvelle France, Louis de Buade, comte de Frontenac, au nom du roi Guillaume III d’Angleterre :
— Votre réponse dans une heure, rendue par votre trompette, où le péril s’ensuivra ! Invitant le Gouverneur Français à se rendre sans combat !
Frontenac renvoie aussitôt le parlementaire avec une réponse emplie de panache :
— Je ne connais pas le roi Guillaume, cet usurpateur qui a violé les droits les plus sacrés du sang, en voulant détrôner Jaques II son beau-père, quant à votre général je n’ai de réponse à faire, que par la bouche de mes canons, que votre général comprenne que ce n’est pas une façon de faire, de sommer un homme tel que moi, qu’il fasse son devoir, de mon côté je ferai le mien !
Puis il organise la défense de la ville, l’attaque dura trois jours, les Anglais débarquent à Beauport tandis qu’ à partir de leurs navires ils bombardent la ville, Frontenac tient jusqu’à ce que des renforts dirigés par Monsieur de Callière, gouverneur de Montréal, arrivent.
C’est un échec complet et absolu pour les Anglais, ils se voient obligés de quitter, piteusement, la Nouvelle France.
Leurs prisonniers seront libérés heureusement lors d’un échange de prisonniers.
Lors de leur retraite, les Anglais furent les premiers à souffrir de leur propre violence. Louis Joliet possédait plusieurs postes de commerce et de pêche, dont certains sur les côtes d’Anticosti.
Ces postes avaient été complètement détruits et brûlés par la flotte de Phips tandis qu’elle remontait le Saint Laurent et se rendait à Québec. Ironie du sort, à son retour cette flotte en pleine déroute, est dispersée par le mauvais temps, et un de ses navires un brigantin “ le Mary ” commandé par le capitaine Rainsford, fait naufrage à la pointe Ouest de cette même île, avec soixante-cinq hommes.
Ils errèrent longtemps sur les rochers, le long des falaises et dans les forêts, cherchant vainement des secours.
Ils parvinrent finalement au poste de Joliet, mais là tout était en cendres, et pour cause !
L’hiver arrivait avec les tempêtes et la neige… Ils construisirent rapidement un abri de fortune, luttant contre le froid et la faim, mais dans ces mauvaises et difficiles conditions de survie, plus de quarante hommes succombèrent… Désespérés cinq survivants arrivèrent à construire une barque rudimentaire, avec les débris de leur propre naufrage et purent de cette façon, après six semaines de navigation fort éprouvantes, rejoindre la côte Sud.
A la suite de cette lourde et humiliante défaite, les Anglais n’organiseront plus eux-mêmes pendant un moment, d’autres attaques contre la Nouvelle France, ils choisiront plutôt d’armer les Iroquois pour attaquer les Canadiens français et les Français à leur place.
Cette belle victoire de Frontenac en 1690 est célébrée avec éclat dans toute la Nouvelle-France ainsi qu'en France.
Plus tard, le 8 janvier 1695, Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain, surintendant des bâtiments et de la maison du roi, décidera de réunir dans un ouvrage sur le règne de Louis XIV une série de médailles, dont celle célébrant la victoire de 1690.
Le revers représente la ville de Québec personnifiée assise sur un rocher, les armes de la France sous son bras. Les pavillons et étendards aux armes de l’Angleterre gisent à ses pieds. À ses côtés, on y voit un castor. Le fleuve Saint-Laurent personnifié s’appuie sur son urne ; au fond, les Appalaches.
FRANCIA IN NOVO ORBE VITRIX
KÉBÉCA LIBERATA MDCXC
La France victorieuse dans le nouveau monde
Québec délivré 1690
L’avers de la médaille montre Louis XIV de profil.
LUDOVICUS MAGNUS REX CHRISTIANUS
Louis le grand roi très chrétien
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