Le prince William et la princesse Kate, accompagnés de leurs enfants, rendent visite au Canada cette semaine.  Aux frais de la princesse ? Pas précisément. Cette famille milliardaire nous rend visite à nos frais. Ce ne sont pas vraiment les millions que coûte cette visite qui agacent. Sur le budget total du gouvernement du Canada, c’est une goutte d’eau. Mais cette dépense illustre l’incongruité de cette relique monarchique dans une démocratie du 21^e siècle.

Pourquoi le Canada doit-il subir un roi et une reine ? Bien-sûr, la défaite contre la Grande-Bretagne explique cette survivance de la monarchie. Sinon, il y a fort à parier que l’esprit de la Révolution française aurait incité les habitants de la Nouvelle-France à réserver à la noblesse d’ici le même sort qu’à celle de France. La Nouvelle-France serait devenue une république. Mais l’histoire en a décidé autrement. Nous avons donc hérité des institutions parlementaires britanniques.

Tout de même, pourquoi devrions-nous conserver un roi et une  reine ? En fait, il n’y a plus de raison valable de le faire.

L’attachement des Canadiens anglais

La première raison tenait à l’attachement de certains Canadiens anglais à leurs racines britanniques. Mais multiculturalisme et immigration massive obligent, ces canadiens anglais qui aiment faire révérences et génuflexions devant une famille royale sont de moins en moins nombreux. L’institution monarchique récolte au mieux l’indifférence, au pire le mépris de la plupart des Canadiens. Les efforts de Stephen Harper et sa bande de joyeux conservateurs ne sont pas parvenus à rehausser les sentiments pro-monarchiques dans la population.

Le dernier rempart de la démocratie

La seconde raison tenait à l’idée un peu tordue que la reine et son représentant constituaient le dernier rempart pour protéger la démocratie. Un peu comme le roi Juan Carlos en Espagne était parvenu à stopper un coup d’État au début des années 80. Mais la Gouverneure générale, Michaëlle Jean, n’a pas réussi à imposer sa volonté à Stephen Harper, lorsqu’il était minoritaire, et que les députés ont voulu majoritairement remplacer son gouvernement. Michaëlle Jean a échoué à protéger la démocratie. Malgré tout, d’autres élections ont eu lieu, d’autres gouvernements se sont succédé et la démocratie a retrouvé son cours. Mais à ce moment précis, la démocratie a été bafouée et la gouverneure générale du Canada s’est rendue complice d’un coup de force. Ce faisant, Michaëlle Jean a discrédité l’idée que la Reine ou sa représentante pouvaient servir de dernier rempart à la démocratie.

Une institution répugnante

Alors quoi ? Alors une démocratie ne devrait pas avoir de roi ou de reine. Pourquoi des gens pourraient-ils de par leur simple naissance posséder plus de droits que les autres citoyens ? Ce principe est complètement indéfendable. Il est même répugnant. Le pouvoir que donne l’argent ou l’éducation peut s’acquérir. Mais pas celui du roi ou de la reine.

Ceci n’a rien à voir avec la personnalité de William et Kate d’Angleterre. Ce sont probablement des gens très corrects, peut-être même sympathiques. Mais ce qu’ils représentent, c’est-à-dire la survivance de privilèges juridiques de naissance, est insupportable dans une société démocratique. Cela devait donner des haut-le-cœur à tous ceux qui sont des démocrates. Faute de pouvoir facilement ouvrir la constitution et abolir la monarchie, le gouvernement canadien devrait au moins d’abstenir de faire venir ces personnages royaux en visite officielle.