En début de campagne, le secrétaire-général de la FTQ convoquait les médias pour expliquer la volonté de la centrale syndicale qu’il représente de se ranger derrière des candidats au Québec qui pouvaient aspirer à défaire un député Conservateur. Une dizaine de comtés étaient visés. Sur 338. Une goutte d’eau tant le poids du Québec dans le prochain gouvernement fédéral risque d’être insignifiant. Finalement, sans surprise, la FTQ a jeté son dévolu sur des candidats NPD, toujours selon le plan que « voter NPD aiderait à sortir les Conservateurs ».
Cet argumentaire est désormais plombé et si c’était là la réelle volonté de ceux qui se proposent de « sortir les Conservateurs à tout prix », il faudrait revoir la stratégie.
Pourquoi?
Simple, le NPD de Mulcair descend à vue d’oeil dans le Rest of Canada, une descente vertigineuse qu’on voit mal être renversée complètement. Au contraire en fait, ce qui semble se cristalliser dans cette campagne, c’est le vote Conservateur. Je l’ai écrit ici à quelques reprises, le vote Conservateur est le plus solide, Harper dispose d’environ 100 comtés « sûrs », c’est-à-dire gagnés par plus de 25% lors de la dernière élection. Il mène outrageusement en ce qui concerne le « vote captif », cet électorat qui jure ne pas vouloir changer d’idée.
Le journaliste-éditorialiste et blogueur Pierre Allard compile les chiffres des sondages nationaux dans le ROC et le dernier coup de sonde national de Nanos est assez révélateur. Le parti Conservateur dépasse le NPD dans le Canada hors Québec par environ 11 points.
Les analystes s’entendent sur une donnée essentielle pour que le NPD n’ait même qu’une minime chance de former un gouvernement majoritaire, voire maintenant minoritaire;
A) Mulcair DOIT percer en Ontario. Ce n’est pas du tout ce qui se produit, l’électorat de cette province capitale qui n’est pas acquis aux Conservateurs se tourne massivement vers Trudeau et le parti Libéral. Les gains des Rouges sont impressionnants.
On parle ici de gains potentiels de plus de 40 sièges en Ontario pour Trudeau. Il s’agit d’un constat d’échec retentissant pour Mulcair en Ontario. Cette perspective sombre dans cette province pour le NPD bloque les néodémocrates.
B) Sur l’ensemble du territoire canadien, le NPD devait aussi faire des gains substantiels dans toutes les régions. Même au Québec le NPD semble incapable de dépasser la récolte de la « vague orange ». En fait, au cours de la dernière semaine seulement, au Québec, le NPD a chuté de 6 points. Cela ne compte pas encore de sondages qui tiennent compte de la représentation régionale au Québec. Si le NPD baisse encore au Québec, Mulcair sera en danger d’être détaché substantiellement par ses adversaires.
Dure semaine pour « Tom » Mulcair
Mulcair a beaucoup été attaqué au cours des derniers jours. Par ses adversaires dans la course fédérale bien sûr mais aussi par d’anciens collègues politiques au provincial au parti Libéral du Québec par exemple. Ce politicien de carrière s’est beaucoup d’ennemis et ceux-ci lui rendent la monnaie de sa pièce. Je le mentionnais suite au Thatchergate que ce sont des proches de Charest qui m’ont coulé l’info concernant l’apologie passée faite par Mulcair de la Dame de Fer. Ceux-ci cherchaient à régler leurs comptes avec Mulcair qui, dans sa biographie notamment, fait un mauvais parti à Jean Charest dans le dossier de Orford entre autre. La Presse a d’ailleurs ressorti cette affaire en fin de semaine, rien pour arranger les choses dans le clan Mulcair. Encore une fois, le chef du NPD a tout nié mais il est de plus en plus isolé et sa version des faits est contestée par l’ensemble des intervenants au dossier.
Il ne fallait pas que Mulcair s’attende à une couverture complaisante en Ontario non plus où plusieurs collègues de l’estimé chroniqueur du Toronto Star Tim Harper ont été agacé par la réponse de l’entourage du chef du NPD suite à la révélation faite par Harper des tractations de Mulcair envers les Conservateurs et surtout des questions que ce « flirt » soulevaient.
D’ailleurs, dans le ROC, on ne ménage pas Mulcair et ses contradictions sont quotidiennement étalée au grand jour. Rien de cela n’est terminé et les adversaires de Mulcair détiennent encore beaucoup d’informations qui pourraient le mettre dans l’embarras.
Ironiquement, si la campagne électorale en avait été une plus conventionnelle de 37 jours, il est probable que Mulcair aurait été élu premier ministre du Canada. Cependant, il aura été impossible de taire, de camoufler tout le passé contradictoire du chef du NPD pendant presque trois mois alors que tous ont le temps de fouiller, et de ressasser les vieilles querelles du passé.
Si la tendance se maintient comme le dit la formule consacrée, Mulcair pourrait bien se trouver relégué au troisième rang à condition que ses appuis ne fléchissent pas au Québec. Rien n’est moins sûr, surtout quand un chef de parti comme lui subit des attaques frontales par d’anciens collègues libéraux comme ce fut le cas en fin de semaine.
Ça, et le fait que le chef du NPD est vertement critiqué au Québec pour ses positions qui sont en contradiction de consensus au Québec sur le pipeline Énergie Est ou pour son appui inconditionnel au principe du multiculturalisme dans le dossier de l’assermentation à la citoyenneté.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé