La Chambre des représentant a approuvé une résolution permettant de mener des auditions publiques dans le cadre de l'enquête lancée par les démocrates contre Donald Trump pour le destituer. Il y a cependant peu de chances que celle-ci aboutisse.
C’est une première depuis plus de 20 ans. Le 31 octobre, la Chambre des représentants des Etats-Unis a adopté une mesure visant à autoriser des auditions publiques dans l’enquête en vue d’une procédure de destitution contre Donald Trump. La Chambre, à majorité démocrate, a approuvé cette résolution par 232 voix contre 196, donnant ainsi un cadre formel aux investigations à venir. «C’est notre démocratie qui est en jeu», a assuré Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants dans l’hémicycle.
«Avec ces auditions publiques, nous recherchons la vérité et nous ferons en sorte que les Américains puissent se faire leur propre idée [sur l’affaire ukrainienne]», a-t-elle également fait valoir alors qu’Adam Schiff, chef démocrate de la commission du Renseignement, qui co-dirige l’enquête, a lui assumé «ce devoir avec le sérieux qu’il mérite».
Les démocrates accusent le 45ème président des Etats-Unis d’avoir intercédé auprès de son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’un appel téléphonique, afin que celui-ci se penche sur les affaires du fils de Joe Biden, Hunter, lorsqu’il se trouvait en Ukraine alors que son père était le vice-président de Barack Obama. Ils accusent en outre le milliardaire d’avoir abusé de son pouvoir à des fins personnels, Joe Biden étant un des candidats démocrates potentiel à la Maison Blanche pour 2020 et donc un de ses adversaires probables.
Les élus républicains dénoncent une «mascarade»
De son côté, le président américain a dénoncé le 31 octobre sur Twitter «la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire américaine».
Se disant victime d’un «coup d’Etat», Donald Trump continue d’affirmer que l’appel téléphonique était «irréprochable». Celui-ci a même envisagé, le 31 octobre auprès du Washington Examiner, de faire une lecture de la retranscription de la conversation à la télévision afin de démontrer que l’appel était «réglo».
Dans un communiqué diffusé le 31 octobre, la Maison-Blanche a renchéri, parlant d’une «procédure illégitime de destitution», la qualifiant «d’inique, d’anticonstitutionnelle et de fondamentalement anti-américaine». Les élus républicains, qui ont fait bloc autour de Donald Trump, ont pour leur part dénoncé une «mascarade».
Le vote du 31 octobre permettra de rendre les investigations publiques – alors que les démocrates ont déjà entendu une douzaine de diplomates et de conseillers de la Maison Blanche – mais uniquement à huis clos. Le président et son entourage ont vivement critiqué le secret autour de ces auditions, reprochant aux démocrates de violer le droit du président américain à se défendre.
Destitution impossible ?
Si les auditions devront désormais se tenir en public, le vote offre la possibilité aux républicains de pouvoir convoquer leurs propres témoins devant la Chambre. De plus, le texte prévoit le transfert des preuves à la commission judiciaire qui sera elle chargée de rédiger les articles de mise en accusation du président américain. C’est à partir de ce stade que Donald Trump ainsi que ses conseils, au premier rang desquels Rudy Giuliani, seront autorisés à participer à l’enquête.
La procédure de destitution, lancée pour la dernière fois en 1998 contre Bill Clinton – accusé de parjure devant le grand jury et d’obstruction à la justice – offre à la Chambre des représentants le soin de mettre en accusation le président en exercice alors qu’il revient au Sénat la mission de le juger. Or avec une assez large majorité républicaine à la chambre haute (53 républicains pour 45 démocrates), Donald Trump devrait selon toute vraisemblance pouvoir terminer son mandat et se lancer dans une seconde campagne présidentielle.