Daniel Zizian - Le système universitaire québécois est l'une de nos grandes réalisations collectives. Toutefois, il est aujourd'hui gravement fragilisé. Tant en formation qu'en recherche, notre position relative à l'intérieur du Canada se dégrade et il est urgent de corriger le tir. La Rencontre des partenaires en éducation le lundi 6 décembre offre une rare occasion de convenir des objectifs que nous devrions nous donner pour faire du Québec l'une des sociétés les plus instruites et les plus innovantes en Amérique du Nord et dans le monde, ainsi que des moyens que nous devons mettre en oeuvre pour y parvenir.
Sous-financement chronique
Depuis de très nombreuses années, le réseau universitaire québécois souffre d'un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars par rapport aux établissements du reste du Canada. Une étude réalisée à partir de travaux effectués conjointement par la CREPUQ et le ministère de l'Éducation évaluait l'ampleur du manque à gagner à 375 M$ pour l'année 2002-2003. Une mise à jour récente de cette étude montre que l'écart se situait à 620 M$, net des montants destinés à l'aide financière, pour l'année 2007-2008.
Le gouvernement du Québec contribue davantage en moyenne que celui des autres provinces, mais cela est insuffisant pour compenser les revenus moindres provenant des droits de scolarité et autres frais payés par les étudiants, et des autres sources de financement, notamment la philanthropie.
Réinvestir et maintenir l'accessibilité
Le Québec est à la croisée des chemins quant à l'avenir de son réseau universitaire. Ce dernier a clairement besoin d'un réinvestissement significatif si l'on veut qu'il demeure attrayant pour les étudiants, enseignants et chercheurs de grands talents et qu'il puisse continuer à contribuer au développement social et culturel de notre collectivité, à sa prospérité et à son rayonnement sur la scène internationale.
L'ensemble de la société bénéficie de la présence d'un réseau universitaire dynamique et performant. Il est donc naturel que la société (par l'entremise de subventions gouvernementales), les étudiants (par les droits de scolarité) ainsi que le secteur privé (par la voie de la philanthropie ou autrement) soient appelés à conjuguer leurs efforts pour soutenir le réseau universitaire. Il appartient au gouvernement d'établir les modalités et l'ampleur de la contribution de chacun des acteurs en tenant compte à la fois des bénéfices directs qu'ils en retirent et des contributions qu'ils font déjà.
Aucune solution au sous-financement des universités ne peut toutefois se faire sans une hausse des droits de scolarité, tel que le gouvernement l'a d'ailleurs reconnu. Le rétablissement des droits de scolarité à l'équivalent de leur valeur réelle de 1968-69 devrait faire partie des hypothèses envisagées de façon prioritaire.
La CREPUQ insiste par ailleurs fortement pour que toute hausse des droits de scolarité soit accompagnée de mesures d'aide financière appropriées afin qu'aucun étudiant qui en a le désir et la capacité ne soit empêché d'accéder à l'université pour des raisons financières. À cette fin, une partie de la hausse des droits de scolarité devrait être utilisée pour bonifier les mesures d'aide financière aux étudiants, en portant une attention particulière aux étudiants provenant de milieux socio-économiques moins avantagés.
***
Daniel Zizian, président-directeur général de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ)
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé