Une vigie pour le français

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L'échec honteux

La piètre qualité du français chez les jeunes Québécois revient sporadiquement dans le débat public, donnant lieu à de hauts cris, à des réformes et à des coups de barre.
Le constat demeure pourtant le même et c'est ce qui est inquiétant. Comment se fait-il que les élèves terminent le primaire et le secondaire, soit 11 années de scolarité, sans maîtriser le français?
La question demeure sans réponse parce qu'il n'y a pas de suivi des réformes. Il n'y a pas une obligation de rendre des comptes.
Le dernier coup de barre a été donné en 2008. Inquiète des conclusions d'un comité d'experts sur l'apprentissage de l'écriture, la ministre Michelle Courchesne a annoncé des mesures pour améliorer l'apprentissage du français.
L'une des principales recommandations du rapport est toutefois restée lettre morte, soit celle de créer un organisme indépendant pour assurer le suivi et l'évaluation du plan d'action.
Une étude menée auprès d'enseignants du français au secondaire, dévoilée l'an dernier, a par ailleurs démontré que l'enseignement a peu changé depuis 25 ans, et ce, malgré les réformes.
Ces enseignants dressent un constat pessimiste. La moitié d'entre eux estiment que leurs élèves ont du mal à comprendre ce qu'ils lisent et que leurs compétences en écriture sont insuffisantes à la fin du secondaire.
Le taux de réussite à l'épreuve ministérielle de français, examen obligatoire pour obtenir son diplôme d'études secondaires, est pourtant élevé: 90,6% en juin 2013. Un taux relativement stable au cours des dernières années.
Cet examen ne fait pas foi de tout, d'autant plus qu'il est possible d'ajuster et de pondérer la grille d'analyse. Le portrait est d'ailleurs fort différent si l'on décortique les résultats.
Les élèves sont évalués en parts égales sur le fond, soit leur capacité à exprimer clairement leurs idées dans un texte d'opinion et sur la forme, soit l'orthographe, le vocabulaire, la ponctuation et la syntaxe.
Un bilan produit par l'Office québécois de la langue française en 2008 a démontré que de 1997 à 2004, la moitié des élèves auraient échoué s'ils avaient été évalués uniquement sur l'orthographe. Rien n'indique que ces résultats aient changé aujourd'hui.
Il ne faut pas s'étonner, comme on l'apprenait récemment, que près d'un diplômé universitaire sur cinq ne maîtrise pas les compétences de base en lecture et en calcul. Certains traînent ces lacunes depuis l'école primaire.
Les gouvernements successifs ont promis de faire du français une priorité. Il est temps de passer à l'action. Il faut nommer un organisme qui agira comme chien de garde pour assurer des résultats. Ce rôle de vigie peut être assumé par une structure existante, mais qui aura l'obligation de dévoiler publiquement son bilan, et ce, sur une base régulière.


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