Si l'image du ministre Yves Bolduc - et du gouvernement - est mise à mal parce qu'il a empoché un montant forfaitaire d'environ 215 000 $ pour prendre en charge des patients lorsqu'il est revenu à la pratique tout en agissant comme député dans l'opposition, ses agissements ne réclament pas sa démission.
Les faits reprochés au Dr Bolduc n'ont aucun lien avec ses fonctions actuelles.
Le ministre n'a, en aucun temps, dérogé aux règles. Une entente conclue entre le gouvernement et les omnipraticiens prévoit un montant forfaitaire pour inciter les médecins de famille à s'occuper de patients orphelins.
Ces sommes sont puisées à même la hausse globale consentie pour la rémunération des médecins. Une équipe de négociateurs est derrière cette entente.
On demande au politicien de laver plus blanc que blanc. À l'époque, plusieurs ont pourtant salué le fait qu'il retourne à la pratique tout en continuant d'occuper ses fonctions de député de l'opposition. Il l'a fait avec la bénédiction du commissaire à l'éthique.
Le ministre Bolduc est reconnu comme un travaillant. Il affirme avoir vu des patients à la clinique le soir et les fins de semaine. Vrai, le chiffre de 1500 patients pris en charge en une année et demie semble important. Mais peut-on réellement lui reprocher d'avoir accepté de s'occuper de patients qui l'ont consulté à la clinique sans rendez-vous ? De patients malades référés par le CLSC ou la clinique ?
Il est par ailleurs présomptueux d'affirmer, comme on l'entend ces jours-ci, qu'il a donc exercé son travail de député avec moins d'ardeur.
M. Bolduc a-t-il agi de façon immorale ? Pour cela, il aurait fallu qu'il agisse sciemment, en sachant qu'il ne pourrait s'occuper des patients à long terme, c'est-à-dire plus de 12 mois selon l'entente.
Bien sûr, le gouvernement de Pauline Marois était minoritaire. Mais qui aurait pu prévoir que les libéraux reprendraient le pouvoir de façon majoritaire 18 mois à peine après en avoir été chassés ?
La vindicte populaire réclame que M. Bolduc rembourse totalement le montant forfaitaire. Rappelons que la Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ) se chargera de récupérer les sommes versées en trop pour les patients qui n'ont pas été suivis pendant un an. C'est ce que prévoit la procédure pour tous les médecins.
Le problème de perception n'est pas résolu pour autant. Le ministre a demandé hier à la RAMQ de procéder rapidement aux ajustements. Il s'est engagé à divulguer publiquement le résultat des vérifications et, bien sûr, à procéder au remboursement des ajustements si nécessaire. C'est un pas dans la bonne direction.
Chose certaine, « l'affaire Bolduc » s'inscrit dans un contexte plus large. Avec le climat de compressions actuelles, le temps est à la réflexion. Le mode de rémunération des médecins, particulièrement les nombreux montants forfaitaires et les primes, est-il toujours de mise ? Nous y reviendrons.
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