À l'heure où les candidats républicains, aux États-Unis, font la belle devant leurs partisans en vue d'obtenir l'investiture de leur parti qui leur donnera le droit de se présenter contre Obama lors des prochaines élections présidentielles, il est bon de se demander brièvement comment fonctionne cette campagne.
Il n'y a pas si longtemps, des mouvements d'occupation des grandes places publiques avaient surgi dans un grand nombre de villes aux États-Unis (et ailleurs dans le monde). C'est en affirmant qu'ils représentaient 99% de la population que ces indignés revendiquaient une plus juste répartition de la richesse et dénonçaient la corruption des milieux banquiers et boursiers qui avait mené à une crise financière sans précédent dont 99% de la population faisait les frais.
Ces revendications semblent bien le moindre des soucis des principaux candidats républicains qui ont mis au point une nouvelle astuce pour financer leur campagne électorale. Il s'agit des Super comités d'action politique ou PAC (political action committee) qui ont la possibilité toute légale d'amasser des sommes astronomiques pour appuyer les candidats à l'investiture ou les dénigrer. Ces comités, qui se sont dotés de noms farfelus: Restore Our Future, Winning Our Future, Americans for a Better Tomorrow, etc., sont des organismes à but non lucratif qui ne paient pas d'impôts.
Ils ont donc fait appel aux plus riches de la société, les multimilliardaires, ce 1% de la population tant dénoncé lors du mouvement Occupons Wall Street. Cent quatre-vingt-seize personnes ou 0,0000063% de la population ont ainsi donné plus de 80% de tous les fonds amassés par les PAC, soit 100 000$ et plus chacun.
En principe, ces PAC n'ont pas le droit de s'identifier à un candidat, mais, dans la réalité, ils font la pluie et le beau temps, sans avoir de compte à rendre. Quelqu'un pourrait ainsi donner 100 millions à un candidat, à travers une super PAC, pour favoriser son élection, en sachant que ce candidat, s'il est élu, favorisera une attaque nucléaire contre l'Iran, par exemple. Sky is the limit, comme on dit.
Cette avalanche d'argent qui favorise l'un ou l'autre des candidats — dans l'État de Floride seulement, le super PAC du candidat Gingrich a reçu deux donations de 5 millions de dollars provenant du magnat des casinos de Las Vegas — a contribué à éloigner le militantisme de la base et a favorisé une bataille d'establishments à coups de campagnes publicitaires télévisées.
Le super PAC du candidat Romney a recueilli 30 millions de dollars, dont le tiers, 10 millions, proviennent de 10 donateurs. En fait, au cours du dernier trimestre 2011, il a recueilli plus d'argent que le propre président des États-Unis.
En 2011, 65% de ces donateurs étaient issus des milieux financiers considérés comme les grands responsables de la crise de 2007-2008: Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley, Citigroup, etc. Peut-on vraiment parler de démocratie ici? Pourtant c'est l'image que prétendent véhiculer les principaux acteurs politiques nord-américains.
Pendant ce temps, dans le ROC, on assiste à une autre tragi-comédie électorale. L'opposition accuse les conservateurs d'avoir faussé le résultat des dernières élections fédérales avec l'utilisation de téléphones cellulaires indépistables et de robots téléphoniques qui, dans certains comtés où le vote s'annonçait serré, dirigeaient les électeurs vers des bureaux de vote inexistants. L'affaire semble suffisamment grave pour que certains aillent jusqu'à demander l'annulation des élections.
Ces pays, comme les États-Unis et le Canada, qui larguent des bombes sur des populations civiles comme en Libye, en Afghanistan, devraient, il me semble, se garder une petite gêne en prétendant défendre la démocratie, un modèle qu'ils voudraient imposer au reste de la planète. Moi, ça m'inspire dégoût et une totale indignation.
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