Ce lundi 6 juin, premier jour du ramadan, une serveuse musulmane a trinqué.
Ce lundi 6 juin, premier jour du ramadan, une serveuse musulmane a trinqué. Entendons-nous bien : elle n’a pas bu un verre à la santé d’une amie ou de son patron – ce qui, dans une France laïque et démocratique, n’aurait pas mérité les honneurs d’un article -, elle a été agressée par deux de ses coreligionnaires parce qu’elle servait de l’alcool.
Mais, justement, la France est-elle encore une République laïque et démocratique ? C’est la question qu’on peut se poser en entendant le témoignage de cette jeune femme : « En Tunisie, j’exerçais le même métier et je n’ai jamais eu le moindre problème. Je ne pensais pas qu’en France, pays de libertés, je puisse être agressée pour ça. »
Alors qu’elle souffre d’un grave hématome à l’arcade sourcilière, ses agresseurs jugent, pour leur part, le châtiment bien trop clément. L’un d’eux, en effet, avant de la frapper, lui avait assené, en arabe évidemment : « Si j’étais Dieu, je t’aurais pendue. » La réponse de la jeune musulmane (« Tu n’es pas Dieu pour me juger ») est admirable de courage et de hauteur théologique. Mais, malheureusement, que ce soit dans des pays officiellement musulmans, comme l’Arabie saoudite, ou dans des territoires contrôlés par Daech, c’est la solution radicale prônée par ce « bon musulman » qui prévaut, en application stricte de la charia. Il est inquiétant de constater, une fois de plus, que certains musulmans voudraient imposer cette loi en France. Et, s’ils s’en prennent ainsi à une de leurs coreligionnaires pratiquante, qu’adviendrait-il a fortiori de tous les Français qui ne sont pas musulmans et refuseraient de se convertir ?
Le même jour, M. Juppé démentait être l’auteur d’un tweet qui laissait supposer qu’il pouvait être musulman et tweetait en retour : « Je vous confirme que je suis toujours catholique, même si je ne suis pas très pratiquant. » Un « bon catholique » se désolera sans doute que son sentiment religieux soit aussi tiède que ses convictions politiques. S’il a un esprit missionnaire vraiment opiniâtre, il tentera peut-être même de le convaincre d’assister de temps à autre à un office. Mais l’idée d’aller le frapper pour cela ne viendrait certainement à l’idée d’aucun catholique. Ces deux musulmans, eux, n’ont pas hésité à gifler violemment une serveuse qui pratique elle-même le jeûne mais ne refuse pas de faire son métier.
Ainsi, s’il y a un amalgame à éviter, c’est celui qui consiste, au nom d’une laïcité mal comprise, et à cause d’une certaine inculture historique et religieuse, à mettre toutes les religions dans le même sac. Dans la gestion des pratiques rituelles, dans le rapport à l’État et au reste de la société, les musulmans de France auraient certainement beaucoup à apprendre du catholicisme.
Dans la crise culturelle et identitaire grave que traverse notre pays face à l’islam, nous avons plus que jamais besoin d’un catholicisme fort, qui ne se réduise pas aux discours humanitaires et aux bons sentiments du pape François. Mais encore faudrait-il que l’Église affiche des positions claires, que les responsables politiques prennent leurs responsabilités et que les Français veuillent vraiment que la France reste la France.
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