Une Saint-Jean exceptionnelle

Québec 2008 - 400e anniversaire de la fondation du Canada?...


1608 n'est pas seulement l'année de la fondation de la ville de Québec. 2008 marquera aussi le 400e anniversaire d'une présence française permanente sur notre continent.
On nous l'a suffisamment rappelé lorsqu'il s'agissait de bomber le torse sur l'importance des fêtes du 400e. Alors soyons logiques. La Saint-Jean 2008 revêt une signification très particulière et elle devrait être soulignée en conséquence. Le spectacle doit être exceptionnel, par sa durée, par le calibre des artistes et par la variété des genres, de façon à rejoindre tous les goûts, à un moment ou l'autre.
L'ajout d'un défilé à Québec pour l'occasion pourrait être un prétexte pour un rappel historique, tout en nourrissant l'imagination des plus jeunes. Les Saint-Jean de notre enface étaient associées dans nos esprits à un défilé. Le Carnaval de Québec fournit déjà son expertise pour le défilé du Père Noël, à Montréal. Il pourrait être mis à contribution pour celui de la Saint-Jean à Québec.
La fête de la Saint-Jean aura inévitablement toujours une saveur politique. Les souverainistes ont su se l'approprier et l'utiliser à leurs fins, alors que les fédéralistes l'ont malheurement abandonnée au camp politique adverse. Au point que plus un leader politique fédéraliste ne s'y montre, à l'exception peut-être de Stephen Harper, lors d'une petite sortie en régions. Une tête d'affiche fédéraliste est maintenant susceptible d'être accusée de provocation si elle se présentait aux spectacles ou en tête du défilé de Montréal.
Les pouvoirs publics ont aussi joué avec la fête nationale, au gré des partis au pouvoir à Québec et de la conjoncture. Les célébrations de la Saint-Jean sont d'ailleurs parmi les rares événements majeurs pour lesquels les subventions annuelles ne sont pas pré-établies pour trois ou cinq ans à l'avance, ce qui permet aux organisateurs de mieux planifier.
La fête du peuple
Il n'en demeure pas moins que politisée ou pas, la population du Québec tient à sa fête nationale; que les jeunes adultes notamment y participent massivement et y expriment leur identité nationale, ce qui est très rassurant pour tout peuple; que les plus âgés en profitent pour redécouvrir leur ville et s'y récréer à leur façon.
Il régnait une atmosphère unique à Québec au cours de la dernière fin de semaine. Les rues du Vieux-Québec étaient bondées; les gens échangeaient des sourires ou quelques mots aux portes des restos et des boutiques; ils s'arrêtaient devant les amuseurs publics; un civisme exemplaire pouvait être noté sur les artères les plus achalandées. Et ce n'était qu'une Saint-Jean «ordinaire». Il est possible de faire de celle de 2008 un événement inoubliable. Je ne comprends pas que des élus et les dirigeants de la Société du 400e n'aient pas saisi ces dimensions et qu'un flottement persiste toujours autour de l'édition 2008, pour les budgets alloués et pour la dimension à donner à la fête du peuple québécois. La Société du 400e subventionnera des dizaines d'événements qui n'intéresseront que des poignées de citoyens et elle excluerait la fête nationale de sa programmation ? Difficile de trouver un meilleur exemple d'une occasion ratée, si la cuvée 2008 ne se démarque pas.
Par ailleurs, il n'y a plus vraiment de craintes à entretenir pour la paix sociale dans la capitale lors de la fête nationale. Le syndrome des émeutes s'est estompé de beaucoup et les policiers ont des méthodes efficaces pour éradiquer les problèmes avant qu'ils ne dégénèrent. D'autre part, il appartiendra aux organisateurs et aux artistes de faire preuve de sens des responsabilités et d'ouverture et de contenir leurs élans politiques pour que cette Saint-Jean spéciale soit une fête pour tous les Québécois. Les souverainistes se targuent toujours de leur grande ouverture à l'endroit des communautés ethniques et, en même temps, ils ostracisent très souvent les Québécois fédéralistes.
Les grands médias et l'opinion publique se chargeraient de leur faire payer leurs débordements, de la même façon que les artistes qui tiennent en otages des politiciens lors de leurs différents galas se font maintenant rappeler brutalement les règles élémentaires de la bienséance.


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