Saint-Paul peut aller se rhabiller. Pauline Marois deviendra dorénavant le symbole des grandes conversions.
Le texte diffusé hier par la seule candidate à la direction du Parti québécois a le double mérite d'être imprégné à la fois d'humilité et de lucidité. Mme Marois reconnaît que le PQ s'est enfermé dans ses dogmes, qu'il n'écoutait pas la population et qu'il s'était coupé de celle-ci. Elle fait ensuite la critique de l'obsession référendaire qui a toujours miné ce parti, en élevant au niveau d'un dogme l'obligation de tenir une consultation populaire sur la souverainbeté le plus tôt possible après une victoire électorale, en bétonnant même une date butoir, indépendamment de la volonté populaire.
Le PQ doit aussi revoir sa conception de la social-démocratie, dit-elle.
La douche électorale du 26 mars aurait donc réveillé des gens au Parti québécois. Ces constats étaient toutefois faciles à faire: il suffit de décoder la montée de l'Action démocratique et du Parti conservateur. Les aveux de Mme Marois sonnent aussi très bien: elle dit quelque chose qui plait, dans les circonstances. En un sens, le PQ s'est aussi coupé de l'électorat que le Parti libéral du Canada, de Stéphane Dion. La comparaison est loin d'être flatteuse.
Pauline Marois devra cependant nous convaincre de sa sincérité et de celle de ses supporters. Durant la dernière course à la direction du PQ, en novembre 2005, il y à peine 18 mois, Mme Marois aimait bien s'identifier comme une élève de Jacques Parizeau et une partisane d'une «marche rapide» vers le prochain référendum. Elle avait aussi l'appui des plus pressés au PQ, ceux identifiés habituellement comme «les purs et durs», dont Yves Michaud, Paul Bégin, Andrée Ferretti...
Sa lecture de la réalité était d'ailleurs pour le moins embuée. «L'alignement des astres n'a jamais été aussi favorable (pour la souveraineté). Le PQ peut être l'accélérateur», croyait-elle, il y a quelques mois seulement. «On tiendra le référendum le plus tôt possible et une fois tenu, on doit déclarer l'indépendance pour ne pas se faire court-circuiter», promettait-elle. C'était un peu avant Noël dernier, il est vrai. Peut-être croyait-elle même encore au Père Noël ?
Un état-guide
Parallèlement, Mme Marois multipliait les professions de foi dans l'interventionnisme de l'État, pour s'assurer les votes de la gauche sociale au PQ. Elle disait croire dans le rôle d'un «État-guide» pour la société. Elle a aussi sévèrement critiqué le Manifeste pour un Québec lucide, signé par les Lucien Bouchard, Pierre Fortin, Joseph Facal et autres, qui lancaient un appel à plus de réalisme. Elle s'est aussi engagée auprès des leaders de Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ-libre) l'aile gauche du PQ, à resserrer le Code du travail dans le sens souhaité par les centrales syndicales.
Elle a obtenu par ce discours l'appui des Marc Laviolette (ancien président de la CSN) et autres syndicalistes orienteurs d'opinion au PQ. Ces derniers supportent encore sa candidature, mais ils dénoncent de l'autre côté de la bouche toute initiative libérale vers des partenariats public-privé (PPP); les efforts pour réduire la dette et les baisses d'impôt. Quant à l'ADQ, elle est pour eux l'incarnation même du mal !
Mme Marois a elle-même toujours voulu incarner la conscience social-démocrate au PQ. Jusqu'à quel point est-elle vraiment convaincue d'un besoin de recentrage de sa propre pensée ? Deux, quelle marge de manoeuvre lui laisseront ses amis indépendantistes aveuglés et ces syndicalistes qu'elle a toujours favorisés et qui l'ont toujours soutenue dans son plan de carrière?
Mme Marois sera enfin (!) couronnée chef du PQ mercredi prochain, à sa troisième tentative. Aux «filles de Pauline» qui constituaient sa garde rapprochée, se sont ajoutées d'autres personnes de pouvoir (comme Christiane Miville-Dechênes, l'ex-attachée de presse de Lucien Bouchard puis de Gérald Tremblay). Le PQ, endetté, désorganisé, joue en apparence toutes les billes qui lui restent sur une Pauline Marois aux sincéritrés successives, qui vient yout juste d'adopter le dernier discours à la mode.
Un autre (le dernier ?) psychodrame péquiste se prépare déjà.
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