Dans Le Devoir du 2 février 2017, l’enseignant Éric Cornellier plaide pour l’acquisition d’une culture religieuse de base à l’école, la considérant comme un élément incontournable pour construire un vivre-ensemble harmonieux. De plus, Cornellier intercède également pour une information de qualité et une éducation aux valeurs de tolérance. Et c’est dans ce contexte qu’il prend la défense du cours Éthique et culture religieuse, cours auquel sont soumis tous les élèves du primaire et du secondaire. Mais le cours Éthique et culture religieuse donne-t-il une information de qualité aux enfants du primaire et aux adolescents du secondaire et offre-t-il une éducation aux valeurs de la tolérance ?
Interrogeons tout d’abord la terminologie culture religieuse du cours. S’agit-il ici d’offrir une information susceptible de poser un regard critique sur les religions, mythes ou sectes existant dans le monde ou ne s’agit-il pas plutôt de laisser croire faussement que les religions sont intrinsèquement garantes du respect d’autrui et du bien commun ? Quiconque se donne la peine de lire La face cachée du cours Éthique et culture religieuse (2016) ou les différents manuels scolaires approuvés par le ministère de l’Éducation prend rapidement conscience que le cours amène l’étudiant à s’identifier à une religion précise, qu’il existe des pratiques qui lui sont propres que l’on se doit de respecter pour un vivre-ensemble harmonieux. Peu importe que ces religions ne reconnaissent pas l’égalité hommes-femmes, peu importe qu’elles ne tolèrent pas les agnostiques et les athées, peu importe qu’elles ne critiquent pas les livres prétendument sacrés auxquels elles se réfèrent.
Il faut garder à l’esprit ce qu’écrivait le pape Jean-Paul II dans son livre Entrez dans l’espérance (1994) pour saisir qu’une religion qui se respecte ne peut en tolérer aucune autre quand vient le temps de statuer qui détient irréfutablement les vérités établies par Dieu : « Quiconque lit le Coran, en connaissant bien l’Ancien et le Nouveau Testament, percevra clairement le processus de réduction dont la Révélation divine y est l’objet. Il est impossible de ne pas être frappé par l’incompréhension qui s’y manifeste de ce que Dieu a dit de Lui-Même, d’abord dans l’Ancien Testament par les prophètes, ensuite de façon définitive dans le Nouveau Testament par son Fils. »
La notion de culture religieuse, un paradoxe
Par ailleurs, la notion de culture religieuse a en elle-même quelque chose de paradoxal. On ne peut parler qu’improprement de culture religieuse dans la mesure où les religions cherchent à régenter les cultures, ce qui est d’ailleurs dans leur nature de le faire. Car, et il faut le souligner à grands traits, une religion ne peut jamais accepter qu’on la définisse comme un produit culturel. Elle ne peut que s’y s’opposer violemment, persuadée qu’elle possède la vérité absolue sur l’origine du monde, de la vie et de l’homme. Cette vérité, elle dit la détenir de révélations divines transmises à des prophètes et attestées par des livres sacrés.
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