Le PDG d'Hydro-Québec, Thierry Vandal. Photo: Ivanoh Demers, Archives La Presse
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À tout événement soulevant des enjeux d'ordre éthique, il est bon d'en tirer des leçons aussi bien que l'exagération. La récente donation d'Hydro-Québec au collège Notre-Dame, un établissement privé d'enseignement secondaire de Montréal, en est une excellente illustration.
L'exagération: le collège Notre-Dame ne devrait pas recevoir des dons du secteur public, parce qu'il est un établissement privé. Plusieurs commentaires dans les médias et de personnes avec lesquelles j'ai discuté reprochaient à ce collège dit de «riches» de recevoir des donations d'organismes du secteur public. Il est désolant de constater que cet établissement voit entachée sa réputation si durement acquise par cet événement.
Il va de soi que l'argent de parents aisés aide énormément ce collège. Cependant, reconnaissons la qualité de sa gestion, de ses enseignants et de ses programmes qui en font l'un des fleurons de notre système d'éducation. Que le collège Notre-Dame récolte de l'argent du privé et du public, si ses intentions et objectifs sont de développer le corps et l'esprit de ses élèves, la responsabilité de la décision d'accorder cet argent revient aux organisations donatrices. L'on peut cependant reprocher au collège de n'avoir pas suffisamment encadré son risque réputationnel en acceptant la donation d'une organisation dont le PDG était également le président de son propre conseil d'administration.
La première leçon: les PDG des sociétés d'État ne devraient pas se placer dans des situations compromettant leur intégrité. Que les intentions des PDG soient bonnes et même s'ils se soustraient à la décision de leur conseil d'administration d'accorder une donation, il n'en reste pas moins qu'il est maladroit de se placer eux-mêmes, leurs organisations, mais surtout les organisations bénéficiaires telles que le collège Notre-Dame, dans des situations embarrassantes.
En tant que citoyens, nous nous attendons à ce que les dirigeants de nos sociétés d'État agissent de façon irréprochable et non de manière ordinaire. Rappelez-vous, messieurs - car il y a encore trop peu de femmes -, que vous occupez les plus importants postes de notre société.
Seconde leçon: les sociétés d'État s'éloignent de leur mission lorsqu'il est question de donations. Tout en reconnaissant qu'une immense pression s'exerce sur ces entreprises afin de bien paraître socialement, il faut également admettre qu'elles ont parfois perdu de vue leur objectif en subventionnant avec notre argent des centaines d'organismes communautaires et environnementaux.
Certes, cela signifie que de l'argent est injecté dans divers organismes qui en ont souvent bien besoin. Mais il est possible que ces sociétés ne soient pas les meilleurs juges pour prendre ces décisions. Chacune possède sa propre politique et se fie trop souvent aux suggestions de leurs premiers dirigeants. Une solution serait qu'elles se concentrent sur leur mission et que la somme actuellement consacrée aux donations soit gérée par un organisme spécialisé et indépendant.
Le contribuable est en droit de questionner les pratiques de donations des sociétés d'État, puisqu'en bout de ligne, la somme d'argent accordée sort de sa poche.
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Donald Riendeau
L'auteur est un avocat, expert en éthique, et directeur général chez IVA Conseils.
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