Libérez Leonard Peltier !Leonard Peltier, indien Anishinabe/Lakota-Sioux, est incarcéré depuis 1976 aux USA pour un crime qu’il n’a pas commis. Amnesty International le considère comme un prisonnier politique, qui "devrait être libéré immédiatement et sans condition." Il est une des victimes de la guerre cachée menée par le gouvernement américain et le FBI contre l’American Indian Mouvement (Mouvement Indien Américain - AIM).
Au début des années 1970, le FBI utilisant son programme de contre espionnage interne (le COINTELPRO) entreprend de déstabiliser et neutraliser l’AIM, dont Leonard Peltier est l’un des leaders. Le 26 juin 1975, une fusillade éclate, après l’intrusion illégale de deux agents du FBI, sur une propriété de la réserve de Pine Ridge (Sud Dakota), où se trouve un campement de l’AIM. Les deux agents ainsi qu’un jeune amérindien membre de l’AIM trouvent la mort. Leonard Peltier est arrêté, inculpé des meurtres des agents et condamné à deux peines de prison à perpétuité alors qu’il n’existe aucune preuve de sa culpabilité. Depuis 1976, Leonard Peltier clame son innocence. En 1981, grâce à la Loi de Liberté d’Information, sur 18000 pages détenues par le FBI, ses avocats en obtiennent la déclassification de 12000. Dans ces pages se trouvent de nombreuses preuves des malversations du FBI dont un rapport ballistique stipulant que l’arme attribuée à Leonard Peltier n’est pas l’arme du crime. Au vu de ces nouveaux éléments, un demande pour l’obtention d’un nouveau procès est déposée. Le gouvernement américian reconnaît alors qu’il "ne peut pas prouver qui, en particulier, a tué les agents." Malgré cela, à cause d’une "technicité judiciaire", la demande d’un nouveau procès est rejetée.
En janvier 2001, le président Bill Clinton n’a pas eu le courage politique de lui rendre sa liberté, en évitant de lui accorder une grâce le dernier jour de son mandat. Leonard Peltier est devenu le symbole de la résistance des peuples indigènes au niveau international. Il est soutenu par Nelson Mandela, Desmond Tutu, Rigoberta Menchù, le Dalaï Lama, le Sous-Commandant Marcos, le Parlement Européen et par plusieurs millions de personnes à travers le monde.
Comité de Défense de Leonard Peltier.
En solidarité avec Standing Rock,
Pour la clémence de l’exécutif
et la Lutte autochtone internationale
Mes sœurs et frères je vous salue
On m’a demandé d’écrire une déclaration de SOLIDARITÉ pour tous ceux qui participent aux manifestations du Camp des Pierres Sacrées sur Standing Rock. Merci pour ce grand honneur. Je dois avouer qu’il m’est très difficile d’entamer cette déclaration. J’ai les larmes aux yeux, mon cœur se gonfle de fierté, alors que des frissons montent et descendent le long de mon cou et de mon dos. Je suis tellement fier de vous, les jeunes, et les autres personnes qui sont là.
Je suis reconnaissant d’avoir survécu pour voir la renaissance unie et invaincue de la nation Sioux à Standing Rock, résistant au conduit empoisonné qui menace la source d’où naissent les fleuves Missouri et Mississippi. C’est un honneur d’être en vie pour voir cela se produire avec vous les jeunes. Vous n’êtes rien de moins qu’impressionnants à mes yeux.
Ces 40 années ont été pour moi une longue et difficile route, encagé par un système inhumain, pour un crime que je n’ai pas commis. Je n’aurais pas pu survivre physiquement ou mentalement sans votre soutien, et je vous en remercie du fond du cœur et des profondeurs de mon âme de m’avoir encouragé à supporter et maintenir une résistance spirituelle et légale.
Nous arrivons maintenant à la fin de cette route. Nous arriverons bientôt à une destination qui, au moins en partie, aura été déterminée par vous. Dans la lignée de ce que Martin Luther King avait dit peu avant son décès : Il se peut que je n’arrive pas avec vous, mais je ne peux qu’espérer et prier pour que ma vie, et si nécessaire ma mort, fassent que mes peuples autochtones progressent vers la Terre Promise.
Je ne fais pas ici référence à la Terre Promise de la Bible chrétienne, mais aux promesses modestes des Traités obtenus par nos ancêtres de ces ennemis résolus à les détruire, pour nous permettre de survivre en tant que peuples distincts et vivre dignement. Nos anciens connaissaient la valeur des mots écrits et des lois de l’homme blanc, de même ils savaient jusqu’où les envahisseurs iraient pour essayer de les contourner.
Nos ancêtres n’ont pas bénéficié de ces Traités, mais ils ont habilement et de manière persistante, négocié les meilleurs termes possibles de manière à nous protéger des guerres qui finiraient par notre destruction, en dépit du courage et de l’efficacité avec lesquels nous nous battrions. Non, les Traités étaient à l’avantage des étasuniens, cette nation parvenue avaient besoin des Traités pour appliquer un vernis de légitimité à sa conquête de la terre et sa rébellion contre ses propres compatriotes et leur roi.
Il convient de noter que Standing Rock était le site de la conférence en 1974 du Mouvement autochtone international qui s’est propagé à travers les Amériques et au-delà ainsi que le point de départ de la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations Unies (DDPA). Celle-ci a été combattue par les États-Unis durant trois décennies, jusqu’à son adoption par l’ONU en 2007. Les États-Unis étaient l’un des quatre pays à voter contre la ratification, le président Obama a considéré la Déclaration comme un document ambitieux et sans caractère contraignant au regard du droit international.
Alors que certains des leaders de ce mouvement sont des anciens combattants de la résistance à Pine Ridge des années 1970, ils partagent la sagesse de nos anciens en percevant le symbolisme moral et politique que la manifestation pacifique d’aujourd’hui est aussi nécessaire pour nous que pour les habitants de Pine Ridge des années 1970. L’occupation des 71 jours de Wounded Knee a pris fin sur un accord d’enquêter à propos des droits de l’Homme et des violations de Traités. Cette enquête et cette promesse n’ont jamais vu le jour ni été honorés par les États-Unis. L’accord de Wounded Knee devrait être honoré par une Commission de vérité et de réconciliation créée pour examiner soigneusement le rôle du gouvernement étasunien lors du « règne de la Terreur » à Pine Ridge dans les années 1970. Ce projet devrait être coordonné en coopération avec de nombreuses organisations internationales des droits de l’Homme qui appellent pour ma libération immédiate et inconditionnelle depuis plus de quatre décennies.
Je dois vous mettre en garde vous les jeunes, soyez prudents, car vous avez à faire à un groupe de personnes très malfaisant, dont le seul souci est de se remplir les poches avec encore plus d’or et de richesse. Ils n’ont rien à faire de combien d’entre vous ils auront à tuer ou enterrer dans une cellule de prison. Ils ne se soucient pas si vous êtes un jeune enfant ou une vieille grand-mère, et il vaut mieux que vous soyez avertis qu’ils recrutent dans nos propres rangs pour faire des délateurs et des traîtres. Ils se serviront des ivrognes, des drogués et des agresseurs d’enfants. Ils prennent pour proies nos vieux et nos enfants ; ils recherchent les personnes faibles d’esprit. Vous devez vous rappeler qu’il vous faudra être très prudents vis-à-vis des fausses accusations contre des personnes fondées sur des opinions personnelles plutôt que sur des preuves. Soyez astucieux.
Je demande à tous ceux qui me soutiennent et à mes alliés de se joindre à la lutte à Standing Rock dans un esprit de résistance spirituelle pacifique et de travailler ensemble pour protéger Unci Maka, Grand-mère Terre. Je demande aussi à ceux qui me soutiennent et tous ceux qui partagent cette Terre de s’unir pour obliger les États-Unis à se conformer et à honorer les dispositions du Droit international tel qu’il est exprimé par la DDPA des Nations Unies, les Traités internationaux des droits de l’Homme et les Traités longtemps négligés ainsi que les accords de confiance avec la nation Sioux. Je lance un appel particulier à Jill Stein et aux Partis verts des États-Unis et du monde de se joindre à cette lutte en demandant ma libération et l’adoption de la DDPA comme nouveau cadre juridique pour les relations avec les peuples autochtones.
Finalement, j’exhorte aussi mes soutiens d’en appeler immédiatement et urgemment au président Obama d’approuver ma demande de clémence, et de me permettre de vivre mes dernières années dans la réserve de Turtle Mountain. Des savants, dirigeants locaux politiques, humanitaires et lauréats Nobel de la Paix demandent ma libération depuis plus de quatre décennies. Ma pétition de clémence s’adresse au président Obama pour qu’il commue ou mette un terme maintenant à mon emprisonnement de manière à ce que notre nation puisse progresser vers le rétablissement de ses relations fracturées avec les communautés autochtones. En confrontant les injustices du passé ensemble, nous pouvons construire un avenir meilleur pour nos enfants et les enfants de nos enfants.
Encore une fois, mes sincères remerciements à vous tous pour avoir travaillé ensemble pour protéger l’eau. L’Eau c’est la Vie.
Dans l’esprit de Crazy Horse,
Doksha
Leonard PELTIER
16 septembre 2016
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