Un peuple, des cultures intégrées?

Cinq grands principes culturels d’intégration

Tribune libre

La notion de culture est malmenée de nos jours. Les définitions sont légions. La culture d’un peuple est fondée sur un patrimoine historique. Le patrimoine culturel d’un peuple est unique, tout en s’enrichissant de cultures diverses. La Culture dominante est le produit de dizaines et de centaines d’années d’histoire, le fruit de la contribution collective de tous les groupes ethniques formant un peuple, à travers leurs langues, leurs valeurs, leurs techniques, leurs pratiques et leurs créations. Toutes ces forces culturelles vivantes s’unissent et s’intègrent dans la Culture dominante d’une nation. Les expressions, pluralisme culturel, biculturalisme, interculturalisme et multiculturalisme sont quelque part trompeuses. Ces expressions modernes font appel à l’ouverture d’esprit des pays d’accueil. Mais elles cachent souvent une pseudo-ouverture qui ne favorise pas l’intégration des immigrants à la Culture dominante de la nation, en les cantonnant dans leur culture d’origine. Elles invitent plutôt à la « tolérance » qui renvoie le message suivant : « Je te supporte, mais je ne t’aime pas », et vice-versa. Dans un contexte de tolérance, on est loin de la coupe aux lèvres, d’un processus d’intégration réciproque. Parfois on peut se laisser prendre au jeu d’une vision réductrice de la culture ou des cultures en général :
- On peut faire de la culture, une marchandise monnayable pour des intérêts ou privilèges;

- On peut faire de la culture, un objet de musée rappelant un passé révolu, mort et enterré;

- On peut faire de la culture, une arme de coercition, d’uniformisation, d’exclusion;

- On peut faire de la culture, un outil d’exploitation, d’infériorisation, de servitude;

- On peut faire de la culture, un folklore de fêtes, de parades, de danses et de chants.
La culture d’un peuple n’est pas que couleurs, sons et saveurs, mais aussi et surtout des modes d’être, de penser et d’agir. L’acculturation, émergeant d’un peuple ou d’une nation, est vivante, se transforme, évolue, s’enrichit au contact de d’autres cultures, mais si cette acculturation n’arrive pas à unifier et à intégrer la vie d’un peuple, celui-ci peut même en mourir. Une culture demeure vivante si elle promeut une saine émulation entre les différents groupes ethniques qui composent la population d’un peuple ouvert sur le monde. C’est ce que fait la Chine progressivement. C’est ce qui fait sa vitalité et sa modernité à la fois, c’est qu’elle s’inspire des grands principes fondamentaux qui ont permis l’émergence de nouvelles nations à travers le monde, depuis une cinquantaine d’années. Pour moi, toute culture s’appuie sur au moins cinq grands principes. Il y en a certainement beaucoup d’autres. J’invite à poursuivre cette réflexion pour en préciser les contours… Aujourd’hui plusieurs pays se questionnent sur leur identité nationale et le Québec ne fait pas exception. La mondialisation et la standardisation des cultures y est pour beaucoup. Voici cinq grands principes pouvant définir notre Culture québécoise.
Le principe de l’autodétermination. C’est le principe selon lequel tout peuple a le droit de disposer de lui-même. Il dispose d'un choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique et de ses institutions, indépendamment de toute coercition, force ou intervention étrangères. D’ailleurs ce principe premier est inscrit à l’article 1, alinéa 2 de la Charte des Nations Unies. En démocratie républicaine, ce principe permet la formation de partis politiques et le droit de vote pour tout citoyen en âge de voter. Le pouvoir démocratique d’un peuple est suprême et chapeaute toutes ses lois, y compris culturelles et religieuses.
Le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » (DUDH, Article 1). Ce principe protège contre toute discrimination de sexe, de religion, de race et de culture. Dans la réalité de tous les jours, cela veut dire des traitements et des salaires égaux. Personne ne peut exiger d’être servi par un homme ou par une femme dans les services publics. Ce grand principe d’égalité et de respect de la dignité des personnes prime sur toute loi religieuse discriminatoire.
Le principe de la primauté de la langue française. Ce principe fait de la langue française la langue officielle du Québec. Le français est la langue de la communication, du travail et de l’enseignement pré-universitaire. Cela n’empêche pas l’utilisation d’une autre langue, mais celle-ci devra toujours être seconde par rapport au français. Pour préserver le visage français du Québec, les panneaux publicitaires comme l’affichage public des raisons sociales doivent en tout temps donner préséance au français. Il est important de mettre en place un contrat de francisation des nouveaux arrivants. Le nouvel arrivant s’engage à apprendre le français et l’État s’engage à l’aider dans sa francisation et à s’établir au Québec, dans sa recherche de logement, d’emploi, etc.
Le principe de la laïcité de l’État québécois. Ce principe maintient la séparation de l’État et des religions. La Constitution et la Charte des droits et libertés ont préséance sur toute croyance religieuse. Au nom de la religion, aucun citoyen ne peut exiger des privilèges ou des accommodements à l’encontre des lois et règlements du Québec. Les agents de l’administration publique doivent se soumettre au devoir de discrétion au niveau politique et religieux. En dehors de leurs responsabilités civiles et professionnelles, les citoyens peuvent exprimer librement leurs convictions et leurs croyances. Cependant sur les lieux de travail, si la loi n’est pas claire, on peut se heurter aux habitudes bien ancrées d’avoir des « locaux » et des « pauses » prière répétées et interminables, au nom de la liberté religieuse. De plus, au nom de la sécurité de soi et des autres, les lois de la CSST doivent avoir préséance sur tout signe, vêtement ou habit politico-religieux (hidjab, kirpan, turban, kippa et autres). L’espace public doit être ouvert et accessible à tous, dans les édifices gouvernementaux, hôpitaux, écoles, restaurants, théâtres, cafétérias, piscines, gymnases, parcs publics, etc. Je n’apprécie pas les centaines de milliers de dollars que nos grandes chaînes alimentaires paient pour la certification (MK) des produits kasher ou halal sur leurs étagères. C’est un non sens dans une société laïque, non régie par des lois religieuses.
Le principe de la protection du patrimoine historique. Ce principe protège les racines historiques d’un peuple. Notre civilisation est européenne, française, occidentale et chrétienne. Qu’on soit d’accord ou non, c’est la réalité québécoise. Le peuple québécois n’a pas commencé à exister à partir de 1960, comme certains intellos essaient de nous le faire croire. Comme peuple, nous avons le devoir de connaître et de respecter notre passé, notre histoire. Nous existons depuis 400 ans comme Canadiens-Français et les célébrations de 2009 nous l’ont bien rappelé. Oups, je viens de chatouiller quelques oreilles avec l’expression Canadiens-Français! Ne tombons pas dans un délire d’aliénation de notre passé. Nos ancêtres, les Canadiens-Français, ont trimé dur et ont fait le pays. Ne l’oublions jamais! Ils ont défriché et labourer cette terre à la sueur de leurs fronts et de leurs prières. Ils ont tracé les routes et les chemins de fer, ils ont construit des villages, des églises, des écoles, des hôpitaux, des manufactures, des barrages, etc. Sans le rôle de suppléance de l’Église catholique, des religieux et des religieuses, nous ne serions pas le peuple que nous sommes aujourd’hui. Et j’en veux pour preuve, que l’on n’est même pas capable aujourd’hui de construire un seul Centre universitaire de santé à Montréal qui soit fonctionnel! Qu’il y ait des symboles catholiques, dans le paysage public québécois est tout à fait normal, car ils font parti de notre patrimoine historique. On ne peut pas raser tous les clochers d’église et déboulonner la croix du Mont-Royal sans nous délégitimer et nous dénationaliser nous-mêmes.

En clair, toute constitution, toute charte, tout projet de loi doit s’inspirer de ces grands principes fondamentaux qui font parti des acquis socioculturels de l’Humanité. Jusqu’à aujourd’hui, le rôle principal des Nations Unies a été de mettre en valeur ces grands principes et de les protéger. Soyons fiers de notre Culture et du pays que nous portons secrètement au fond de notre cœur.
Marius MORIN
mariusmorin@sympatico.ca

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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 janvier 2010

    Je remercie M. Raymond Poulin de m’avoir écrit personnellement et de rappeler : « La souveraineté de l’État est en tout subordonnée à la souveraineté du peuple, dont l’expression majoritaire dûment constatée par referendum a préséance, le cas échéant, sur toute loi existante, toute décision du pouvoir exécutif ou tout jugement rendu par le pouvoir judiciaire, dès lors que l’objet de ce referendum ne contrevient pas à la Constitution. ». J’apprécie aussi la question posée par Grand-papa et Oscar Fortin. À quand, une Constituante votée au Québec?

  • Archives de Vigile Répondre

    13 janvier 2010

    grand-papa m'arrache les mots de la bouche: une constituante votée par le peuple, ça presse.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 janvier 2010

    Vous avez tout à fait raison mais au Québec...sur quels textes fondamntaux peut-on se fier.
    Une constitution ça presse.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 janvier 2010

    Le sujet traité par M. Morin tombe à point et donne certains repères qui sont fondamentaux pour les discussions portant sur les accommodements raisonnables. Je suis évidemment d’accord avec ces repères. Je voudrais renchérir sur le fait que la culture québécoise, celle qui nous a faits et qui s’est développée depuis les premiers jours de notre arrivée sur cette terre d’Amérique ne peut en aucun cas et en aucun moment être mise sur le même pied de toutes ces autres cultures qui sont venues s’y joindre, je fais, ici, exception des communautés amérindiennes qui nous ont précédé et avec lesquelles des liens particuliers nous unissent .
    Le peuple du Québec constitue de par ses racines un peuple distinct et de par son histoire un peuple ouvert en qui s’enrichissent les cultures de tous ceux et celles qui choisissent de s’y joindre. Si les caractéristiques de notre identité culturelle, politique, économique, sociale, n’arrivent plus ou pas à déteindre sur les nouveaux arrivants ce sera sans doute parce qu’elles auront été mises en veilleuse et que tous auront l’impression que les multiples cultures ont la même importance au Québec, y comprise celle qui fait l’identité de notre peuple. Que l’on porte fièrement nos couleurs, ne veut pas dire que nous méprisons celles des autres, mais que notre identité n’est pas celle des autres. Il est important que ceux et celles qui viennent à nous sachent qui nous sommes. Il y a des endroits où je vais et d’autres où je préfère m’abstenir. C’est un peu l’histoire de nos émigrations et de nos immigrations. Il est préférable que nos visiteurs ou futurs immigrants sachent qui nous sommes sans devoir nous travestir nous-mêmes.
    Un dernier mot sur nos racines religieuses. Je pense qu’une fois que nos historiens nous auront brossé le portrait des horreurs d’une Église dominatrice et complice des pouvoirs en place, ils auront alors le temps de relever l’héroïcité et le talent de cette même Église, représentée par les hommes et les femmes des diverses communautés religieuses, qui a construit des écoles, des hôpitaux, éduqué et soigné ces ancêtres qui nous ont conduit là où nous sommes. Lorsque nous découvrirons cette page nous serons sans doute heureux de pouvoir nous y identifier, tellement elle sera remplie de belles choses.