OUI À LA LAÏCITÉ « QUÉBÉCOISE »

Non aux accommodements religieux

Réécrire nos lois

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Tribune libre

Voici deux grandes affirmations qui circulent dans les discours politiques et nos médias en général. Premièrement, « L’islam n’est pas monolithique. Il y a autant d’islams qu’il y a de gens qui pratiquent l’islam. » Et deuxièmement, « De près ou de loin, l’islam n’a rien à voir avec l’islamisme. » Derrières ces déclarations, je pressens aussitôt une version idéalisée de la réalité. Qui dit vrai? Sommes-nous tombés dans le politiquement correct, niant le réel au nom d’un idéal? Oui, je sais que nous rêvons tous d’un monde où règnent la démocratie, la laïcité, (pour certains la religion), la liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de changer de religion, l’égalité homme-femme ou encore le développement de l’esprit critique, la logique et la raison. Pour clarifier et sortir de cet imbroglio, le gouvernement québécois a mis sur pied la commission Bouchard-Tayler.


La commission Bouchard-Tayler et la Loi 62


Tous nos problèmes d’accommodements ont commencé le 10 septembre 2007 avec cette commission Bouchard-Tayler qui avait pour but de se pencher sur les questions liées aux accommodements consentis aux minorités culturelles et religieuses du Québec. Les noms d’Eve Torres, de Rania El-Alloul et de Zunera Ishaq, et autres, vous disent quelque chose? De grandes questions fusent de toute part. Peut-on devenir canadien sans montrer son visage? Peut-on voter voilé? Peut-on témoigner en cour en portant un niqab? Peut-on porter un burqa sur son permis de conduire ou sa carte d’assurance maladie? Toutes ces questions sont importantes pour certains et farfelues pour d’autres.


Le 18 octobre 2017, le gouvernement libéral vote le Projet de loi no° 62 sur la neutralité de l’État, interdisant aux fonctionnaires et aux usagers le port de vêtements cachant le visage au moment de l'octroi et de la réception de services publics. Certains détracteurs y voient une mesure discriminatoire à l'égard de certaines femmes musulmanes, alors que d'autres y voient un rejet de la laïcité de l’État ouvrant la porte à toutes demandes d'accommodements religieux. Décidément je dois conclure que la commission Bouchard-Tayler et le Projet de loi no° 62 n’ont rien réglé en soi. Nous nageons toujours dans un marécage juridique imprécis et obscur.


Je vais vous dire très succinctement comment je suis arrivé à être contre tout accommodement religieux. Et pour le faire, je me suis basé sur l’enseignement de la prestigieuse Université Al-Azhar du Caire, d’allégeance sunnite. Lors de la défense de sa thèse de doctorat le Cheikh Mustafa Mohamed Rached, un éminent professeur de la charia et du droit islamique connu pour ses innombrables travaux et publications, aurait affirmé que le port du voile islamique relevait plus d’une « tradition » que d’une « obligation » coranique. Samer Al-Atrush, chef adjoint du bureau de l'AFP au Caire a réagi à cette nouvelle apparue dans plusieurs médias sociaux. Il a démenti cette nouvelle en affirmant qu’à travers l’Agence Mena, l’université Al-Azhar a rejeté cette proposition à Damanhour, sa branche chargée de la charia. Ce journaliste a souligné qu’Al-Azhar a toujours maintenu les principes fondamentaux de la nation islamique, et que cette thèse de doctorat s’éloignait de la voie de la vérité et de la charia. (1)


Propos de Sayed Tantaoui, grand imam d'Al-Azhar (Égypte)


Samer Al-Atrush, en toute honnêteté, rappelle toutefois les propos de l'ancien cheikh d'Al-Azhar, Mohammed Sayed Tantaoui, décédé subitement en 2010. Lors de la visite de Nicolas Sarkozy, le 30 décembre 2003, Tantaoui avait déclaré : « L’obligation de porter le voile islamique est valable si la femme vit dans un pays musulman. Si elle vit dans un pays non musulman, comme la France, dont les responsables veulent adopter des lois opposées au voile, c'est leur droit… Je répète: c'est leur droit et je ne peux pas m'y opposer, avait-il insisté, affirmant versets coraniques à l'appui qu'une musulmane qui se conforme à la loi d'un pays non musulman n'a pas à craindre le châtiment divin. » Et au début de 2004, il a déclaré au quotidien Al-Charq al-Awsat : « La France applique la laïcité et celui qui conteste cette politique doit quitter le pays… Ils (les Français) sont laïques, ils n'acceptent pas l'intervention de la religion dans leurs affaires. Il s'agit d'une affaire interne. » L'imam Tantaoui a aussi déclenché une vive polémique fin 2009 en Égypte en affirmant que « le niqab n'était qu'une « tradition » qui n'avait pas de lien avec la religion. Cette position-là est toujours celle d'Al-Azhar. » (2)


Que retenir de tout cela?




  1. Que le port du voile islamique est une obligation religieuse pour la femme musulmane en dehors de son foyer et non pour l’homme musulman.




  2. Que l’obligation du voile ne s’applique pas à la femme musulmane dans des pays laïcs. Si elle ne veut pas s’y conformer ou qu’elle se sent lésée dans ses droits et libertés, elle doit quitter le pays.




  3. La laïcité fonde les droits de l’État et non la neutralité qui n’est qu’une séparation artificielle des pouvoirs politiques et religieux. La neutralité ne fait que générer une lutte à finir entre le politique et le religieux, légitimant ainsi les signes et accommodements religieux au nom des libertés individuelles et des croyances religieuses.




  4. Sans tenir compte de la laïcité constitutionnelle de l’État et de ses institutions publiques, la neutralité favorise aussi le communautarisme de groupes, de communautés, d’associations réclamant toujours plus de droits individuels et collectifs.




  5. Il est urgent que nos gouvernements révisent nos lois et forment avocats et juges sur la laïcité constitutionnelle de l’État canadien et québécois afin d’éviter aux Cours d’appel et à la Cour Suprême de faire le jeu des puissants lobbys religieux. La Constitution canadienne ainsi que nos Chartes de droits et libertés doivent être révisées et mises à jour face à la laïcité de l’État.




  6. Combattre toute victimisation et étiquette de racisme, d’islamophobie, d’xénophobie, discrimination, quand des « citoyennes/citoyens n’arrivent pas s’intégrer et trouver un emploi dans l’administration publique et dans certaines entreprises.




  7. L’État laïc propose la laïcité comme un principe d’inclusion qui permet à l’État de dire, on ne fait pas de distinction entre vous, on est ouvert à tout le monde dans l’administration et les services publiques, sans signes ou accommodements religieux ostentatoires. Toute religion a sa place dans l’espace publique sans accommodement religieux.




  8. http://gate.ahram.org.eg/News/236458.aspx




  9. https://factuel.afp.com/non-luniversite-al-azhar-nestime-pas-que-le-voile-nest-pas-une-obligation-islamique




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Marius Morin130 articles

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1 commentaire

  • Me Christian Néron Répondre

    10 septembre 2018

    Le réformateur Mohamed Abdouh, au début du 20 ième siècle,


    avait déjà écrit que le port du voile était une tradition, et non pas


    une obligation de l'islam.


    Son avis avait tout de suite mis en pratique, de sorte que le port


    du voile avait beaucoup décliné entre les deux guerres.


    Ce sont les islamistes qui vont le rétablir à partir des années 1980.