Lorsqu'on se permet de parler de la «Nakba» (mot arabe qui signifie catastrophe), il faut rapporter les faits tels qu'ils ont été vécus par les victimes, car nul n'a le privilège de toujours se tromper comme le fait M. [André Le Corre dans son exposé intitulé «Un nouveau négationnisme»,->1174] paru dans Le Devoir du 12 juillet dernier. Que furent ces jours terribles nommés «Nakba» par les Arabes?
Le 15 mai 1948, Israël proclamait son indépendance, conformément à la résolution 181 de partage de la Palestine, votée par l'ONU le 29 novembre 1947. Quelques heures plus tard, les Arabes déclaraient la guerre à Israël et déclenchaient la «Nakba». Cette guerre créa deux problèmes de réfugiés : l'un arabe, l'autre juif.
En effet, plusieurs dizaines de milliers de Juifs palestiniens durent abandonner leurs foyers en raison des combats, notamment les habitants de la vieille ville de Jérusalem, ceux de la région d'Etzion en Judée et ceux de plusieurs kibboutzim du Néguev. Par ailleurs, quelque 800 000 Juifs des pays arabes furent contraints à l'exil, à la suite de menaces ou de sévices.
Au cours des débats à l'ONU sur la Palestine, en 1947, le délégué de l'Égypte avait proclamé devant l'Assemblée générale : «La vie d'un million de Juifs vivant dans les pays musulmans sera menacée par la création de l'État juif.»
Les réfugiés juifs des pays arabes ont été déracinés de leur patrie, la plupart ont été obligés de tout perdre et la majorité des familles ont été décimées à travers le monde. Cet exode et ces souffrances, personne n'en parle. Ces réfugiés juifs ne restèrent pas longtemps des réfugiés. Ils furent intégrés pour la plupart en Israël. D'autres ont trouvé une patrie en Europe, aux États-Unis, au Canada ou ailleurs.
Quelque 600 000 Arabes palestiniens quittèrent le territoire qui constitue aujourd'hui Israël, pour se replier dans les zones de Palestine sous contrôle arabe et dans les pays arabes voisins. Ils ne furent pas accueillis généreusement. La plupart des gouvernements arabes s'efforcèrent d'empêcher leur intégration ou même toute forme d'adaptation des réfugiés dans les zones d'accueil. Ils laissèrent la responsabilité économique des camps de réfugiés à la communauté mondiale, et en particulier à la United Nations Relief Works Agency (UNRWA). Aujourd'hui encore, c'est cette agence qui aide les Palestiniens.
Il n'y aurait pas eu un seul réfugié arabe palestinien si les Arabes avaient accepté la résolution 181 des Nation unies en 1947, créant deux États en Palestine, un juif, l'autre arabe. Le refus du monde arabe de faire la paix avec Israël ainsi que ses conflits internes sont, depuis 58 ans, la cause des incessants, inutiles et cruels déplacements de populations arabes.
Les dirigeants arabes ont cherché depuis 1948 à rejeter sur les Israéliens leurs responsabilités dans le drame des Arabes palestiniens. Mais ce sont eux, et non les Israéliens, qui ont poussé la population arabe à fuir, afin d'entraîner l'ensemble du monde arabe et musulman dans une guerre sainte contre les Juifs.
Escomptant une victoire rapide, les dirigeants arabes promirent aux Arabes palestiniens qu'ils rentreraient bientôt dans leurs foyers et qu'ils pourraient non seulement retrouver leurs biens, mais aussi s'emparer de ceux des Juifs.
L'exode commença avec le départ des éléments les plus aisés de la société arabe palestinienne, qui préféraient se trouver au Caire ou à Beyrouth pendant les hostilités. (Un phénomène du même ordre a été constaté au Liban à partir de 1975; les classes supérieures libanaises, fuyant la guerre civile, ont gagné Damas, Le Caire, l'Europe, l'Amérique).
On estime à 20 000 les Arabes palestiniens qui quittèrent le pays pendant les deux premiers mois des hostilités. Vers la fin de janvier 1948, l'exode avait déjà pris des proportions telles que le Haut Comité arabe palestinien demanda aux États arabes voisins de refuser tout visa aux réfugiés et de fermer les frontières devant eux. Au fur et à mesure que les soldats arabes pénétraient en Israël, la population civile arabe l'évacuait.
Un journal arabe de Jaffa, Ash Sha'ab, écrit le 30 janvier 1948 : «Le premier groupe de notre cinquième colonne est constitué par ceux qui abandonnent leurs maisons et biens et vont vivre ailleurs. Dès les premiers troubles, ils n'ont eu cesse de fuir pour échapper au combat.»
Plusieurs milliers d'Arabes quittèrent la plaine côtière du Sharon, entre Tel-Aviv et Haïfa, pour les collines de l'intérieur dès l'hiver 1948. Beaucoup d'entre eux vendirent leurs biens à des voisins juifs. À Tibériade, le 18 avril 1948, 6000 civils partirent brusquement, obéissant de toute évidence à une injonction arabe supérieure. Il est à noter que ce sont les Britanniques qui fournirent les moyens de transport.
La communauté juive locale déclara officiellement : «Ils ont eux-mêmes choisi de quitter la ville. Il est interdit aux citoyens juifs de toucher à leurs biens.»
À Safed, 14 000 Arabes plièrent bagage en une nuit, bien qu'ils fussent maîtres de tous les points stratégiques de la ville et que, face à eux ,ne se trouvait qu'une petite brigade de la Haganah et 1500 civils juifs.
Différents facteurs influèrent sur la décision des Arabes palestiniens de prendre la fuite. Les armées arabes qui se préparaient à envahir la Palestine firent notamment savoir que les Arabes palestiniens qui resteraient en Palestine et accepteraient la protection juive seraient considérés comme des traîtres.
Les Juifs font tout leur possible pour persuader la population arabe de rester en Israël et de continuer à y vivre normalement, de garder magasins et entreprises ouverts, dans l'assurance que leur vie et leurs intérêts seront saufs.
Mais ils n'avaient qu'une seule réponse : «Nous savons que nous n'avons rien à craindre, mais nous devons partir. Nous reviendrons.» Golda Méir (premier ministre d'Israël de 1969 à 1974) déclare dans ses mémoires : «J'étais certaine qu'ils s'en allaient non par peur de nous, mais terrifiés à l'idée d'être considérés comme des traîtres à la cause arabe.»
M. Le Corre, voilà ce qu'a été vraiment la «Nakba». Le négationnisme et la haine d'Israël et du peuple juif exprimés sous toutes ses formes ne seront jamais des éléments de valeur susceptibles d'apporter la paix au Proche-Orient.
Jean-Marie Gélinas
_ Président Amitiés Québec-Israël
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