TRANSPORT FERROVIAIRE

Un moratoire s’impose

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Une catastrophe qui ne demande qu'à survenir

Quatre nouveaux déraillements impliquant des dizaines de wagons-citernes remplis de pétrole explosif se sont produits depuis moins d’un mois dans l’est du continent. Le temps est venu d’exiger un moratoire sur le transport de pétrole brut par rail dans les zones habitées du Canada.
Au moment d’écrire ces lignes, lundi, le pétrole brûlait toujours à Galena, en Illinois, et à Gogama, dans le nord de l’Ontario. Dans ce dernier cas, le convoi du CN qui provenait d’Alberta se dirigeait vers Lévis, au Québec.

C’est le quatrième incident du genre à survenir en un mois, dont deux dans la même région de Timmins, en Ontario. Les employés du CN étaient d’ailleurs toujours sur place, à Gogama, pour poursuivre les travaux de nettoyage rendus nécessaires par l’accident du 14 février.

Selon les premières constatations, le train du CN ne transportait pas du pétrole de schiste de la formation de Bakken reconnu pour être très explosif, mais du pétrole conventionnel. Voilà qui rend cet accident encore plus inquiétant.

On ne connaît pas la cause de chacun de ces déraillements, mais on ne peut que constater l’incapacité des autorités et des compagnies ferroviaires à empêcher qu’ils ne se reproduisent à un rythme alarmant.

Dans tous les cas récents, les wagons éventrés sous le choc de l’impact étaient du modèle CPC-1232, que l’on disait plus solide que les tristement célèbres DOT-111 impliqués dans la catastrophe de Lac-Mégantic.

Heureusement, les incidents étant survenus dans des zones peu habitées, ils n’ont fait aucune victime malgré des dégâts importants pour l’environnement.

À la suite du premier déraillement survenu à Gogama, le Bureau de la sécurité des transports (BST) a conclu avant même la fin de son enquête que les nouvelles normes adoptées par Transport Canada depuis Lac-Mégantic sont toujours « inadéquates ». Il a donc réitéré sa demande d’imposer la construction de wagons-citernes plus solides. Mais pour cela, il faut qu’Ottawa s’entende avec Washington… et l’industrie pétrolière.

La semaine dernière, le président du CP, Hunter Harrison, a revendiqué le droit de refuser de transporter certains produits dangereux, ce qui lui a été refusé par la ministre Lisa Raitt. Car, pour Ottawa, le transport ferroviaire est la planche de salut de l’industrie albertaine, dont les projets de pipeline suscitent la résistance partout sur le continent. Rappelons que, depuis cinq ans, le nombre de wagons transportant du brut est passé de 10 000 à 500 000 par année en Amérique du Nord !

Comme le constate le BST sans en tirer les conclusions qui s’imposent dans les circonstances, les faits démontrent hors de tout doute que les mesures adoptées depuis deux ans par Ottawa ne protègent ni les Canadiens qui vivent à proximité d’une ligne de chemin de fer ni leur environnement. Chaque quartier, chaque village et tous les sites de valeur qui sont traversés régulièrement par des convois pétroliers sont désormais devenus des zones à risque d’accident majeur.

Si nos autorités politiques sont sérieuses lorsqu’elles prétendent placer la sécurité des Canadiens en tête de leurs priorités, devant la défense des intérêts financiers des uns ou des autres, il est urgent d’imposer un moratoire sur le transport de pétrole par train à travers toutes les zones habitées, et ce, aussi longtemps que l’on n’aura pas ramené le risque de déraillement et d’explosions à un niveau proche de zéro.


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