Au cours de la cérémonie marquant hier le début des travaux du projet hydroélectrique de la rivière Rupert, les participants ont répété que celui-ci inaugurait une "nouvelle ère". S'agit-il d'enflure verbale comme on en entend souvent dans des occasions de ce genre? Non. Ce projet-ci est, vraiment, radicalement différent des autres entreprises qui ont fait la gloire mais aussi la mauvaise réputation dans certains milieux d'Hydro-Québec.
Jamais la société d'État n'a fait autant d'efforts pour limiter les impacts d'un projet sur l'environnement. La rivière Rupert n'est détournée qu'en partie; si son débit sera sensiblement réduit, le niveau sera généralement préservé et variera selon les saisons, de façon à permettre aux poissons de continuer de s'y reproduire et aux pêcheurs cris d'y trouver subsistance. La superficie inondée est réduite au minimum par une série d'ouvrages, notamment un gigantesque tunnel de 3 kilomètres de long.
Jamais Hydro-Québec n'a autant consulté et discuté avec les Cris. Ces discussions, en fait, durent depuis plusieurs années. Il y a eu audiences publiques, référendums. Chaque maître de trappe a été rencontré. Une entente a été conclue sur les zones que les Cris voulaient absolument préserver et le projet a été modifié en conséquence. En somme, la dérivation de la Rupert est le projet hydroélectrique le plus vert et le plus respectueux de l'histoire du Québec.
Il y a certes des opposants, notamment parmi les Cris. Mais ceux-ci sont très minoritaires. L'instance suprême de la nation crie a approuvé et appuyé le projet, y compris sous le grand chef actuel, Matthew Mukash, qui à l'origine y était opposé. M. Mukash n'était pas d'un enthousiasme délirant hier et on le comprend: la rivière Rupert, si chère à son peuple, sera bel et bien diminuée. Mais les Cris bénéficieront d'emplois, de contrats et de compensations financières imposantes. Tout cela leur permettra de continuer le développement de leurs communautés, qui en ont bien besoin.
Quand on voit l'Europe, les États-Unis et même l'Ontario chercher désespérément des sources d'énergie plus propres et moins sensibles aux caprices de la géopolitique, on réalise combien nous, Québécois, sommes chanceux de disposer d'une source d'énergie aussi peu polluante, aussi abondante et aussi sûre que l'hydroélectricité.
Ministres, chefs, députés et maires avaient donc toutes les raisons de se réjouir hier. Mais une ombre a plané sur l'événement. Pendant l'heure et demie qu'ont duré les discours, le nom de celui grâce à qui ce projet a pu aller de l'avant n'a pas été prononcé une seule fois. Pourtant, c'est parce que Bernard Landry y a investi toute sa volonté politique, en collaboration avec le grand chef de l'époque Ted Moses, que l'entente baptisée "la paix des Braves" a été conclue en 2002. Pas de Paix des Braves, pas de dérivation de la Rupert. M. Moses avait été invité à la cérémonie d'hier, mais pas M. Landry, partisanerie pré-électorale oblige.
Lorsqu'un journaliste a questionné le premier ministre à ce sujet, M. Charest a noté du bout des lèvres la contribution de l'ancien premier ministre péquiste et a dit que celui-ci serait invité lors de la mise en service de la centrale Eastmain-1-A. Celle-ci est prévue pour 2011... Dommage, cette petitesse est venue gâcher le lancement d'un grand projet.
Un grand projet, une petitesse
Hydroélectricité - développement et exportation
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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