Après avoir tenu de longues audiences publiques et épluché des milliers de pages d'études, deux commissions d'évaluation environnementale, l'une provinciale, l'autre fédérale, viennent de donner leur feu vert au projet de dérivation de la rivière Rupert. Le projet d'Hydro-Québec, le plus important depuis ceux de la rivière La Grande, deux fois la production de Manic 5, vient ainsi de franchir une étape cruciale. Toutefois, il n'est pas encore certain que les travaux pourront commencer cet hiver.
Le projet prévoit le détournement vers le nord des deux tiers du débit de la rivière Rupert, une grande rivière qui coule d'est en ouest sur 560 kilomètres. Les eaux détournées seraient acheminées jusqu'au réservoir Eastmain 1, où une nouvelle centrale (Eastmain-1-A) serait construite. L'eau coulerait ensuite jusqu'aux centrales de La Grande, dont la production serait ainsi augmentée. Le turbinage de cette eau supplémentaire par des centrales existantes rend le projet particulièrement attrayant du point de vue économique.
Malgré l'accord des commissions d'évaluation, malgré la signature de la paix des Braves il y a quatre ans, des gens continuent de s'opposer au projet, chez les Cris comme chez les Blancs. Pourtant, cette fois-ci, Hydro-Québec s'est pliée en quatre pour calmer les inquiétudes des autochtones et des écologistes. Alors que dans tous ses projets précédents de dérivation, la rivière entière était détournée, cette fois-ci la Rupert continuera de couler dans son lit en aval du barrage. Le débit moyen sera certes beaucoup plus faible mais différents ouvrages permettront d'en maintenir le niveau, de sorte que l'impact sur les poissons sera minime. La majestueuse Rupert ne sera plus ce qu'elle était, mais elle demeurera vivante et navigable. Ce qui fait dire à la commission d'évaluation fédérale que les effets environnementaux du projet sont "susceptibles d'être atténués d'une manière satisfaisante".
Aucun projet hydroélectrique ne satisfera les écologistes qui dénoncent celui de la Rupert. "Les beaux jours de l'hydroélectricité sont derrière nous", tranche d'ailleurs Révérence Rupert. Le Québec devrait donc se priver d'exploiter l'une des richesses naturelles les plus propres qu'on puisse imaginer...
Pour ce qui est des Cris, Hydro discute du projet avec eux depuis sept ans. Chaque trappeur a été rencontré à plusieurs reprises. Les modalités du projet ont fait l'objet d'une entente visant à préserver les cours d'eau et territoires auxquels tiennent le plus les autochtones.
Lors d'un référendum tenu en 2002, la nation crie a approuvé la paix des Braves, consentant au projet de la Rupert en retour d'une imposante compensation financière (70 millions par an, soit quelque 5000$ par habitant) . Cependant, la dissidence demeure. La semaine dernière, trois villages (sur neuf) ont tenu une nouvelle consultation, portant celle-ci uniquement sur la dérivation de la rivière plutôt que la paix des Braves dans son ensemble. Comme il fallait s'y attendre dans de telles circonstances, les trois villages ont voté NON. La participation dans la communauté la plus importante, Chisasibi, a été particulièrement faible: 23%.
Le Grand conseil des Cris ayant donné son aval à la dérivation, que peuvent faire les dissidents? Certains craignent qu'ils ne bloquent l'accès au chantier. Cela créerait une situation explosive que les chefs cris doivent tout faire pour éviter.
Jamais Hydro-Québec n'aura fait autant d'efforts pour tenir compte des préoccupations des autochtones et des écologistes. Si en dépit de cela, l'opposition réussit à empêcher la réalisation du projet de la Rupert, le Québec devra tout simplement tirer un trait sur tout développement hydroélectrique futur.
apratte@lapresse.ca
La Rupert ou rien
Hydroélectricité - développement et exportation
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
Cliquer ici pour plus d'information
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé