Bien humblement, je n’aurais jamais imaginé ça, il y a un mois. Si on se fie aux sondages (le « si » est important), il semble qu’en dehors du Québec, il y a un sérieux mouvement en train de se produire dans les intentions de vote, en particulier en Ontario, là où se font et se défont les gouvernements canadiens.
Comme d’autres, j’ai noté que le sourire de M. Mulcair avait disparu dans les derniers jours. C’est que le NPD a entrevu son pire cauchemar : une chute brutale de ses appuis en Ontario. Le pouvoir, si proche, qui se dérobe à la main, encore une fois!
M. Harper aussi avait la mine basse, ce matin. Le sourire grimaçant. Pendant ce temps-là, le sourire de Justin Trudeau irradiait d’un océan à l’autre.
En Ontario, le dernier sondage Nanos donnait une avance de 23 points au Parti libéral de Trudeau sur le NPD de Mulcair. 23 points! Il y a un mois, la même firme donnait une solide avance au Parti conservateur de Harper, loin devant le NPD et le PLC. IPSOS donnait une avance de 8 points aux libéraux sur le NPD le même jour. La semaine dernière, EKOS donnait une avance de 7 points aux libéraux et Léger de 10 points. La tendance est claire. En Ontario, Trudeau est en forte montée, Harper s’accroche, tandis que Mulcair décroche.
Vu du Québec, ça peut sembler étrange cette poussée pour Trudeau, mais j’ai ma théorie là-dessus. Depuis des mois et des mois, Mulcair fait le procès de Stephen Harper. Il frappe sans cesse le chef conservateur. Pendant que Trudeau parcourait le Canada, Mulcair demeurait à la Chambre des communes et il frappait, frappait, frappait. Pour le plus grand bonheur des journalistes et des nombreux pourfendeurs de l’homme du pétrole. Mulcair est devenu le héros des scribes de la Colline. Enfin, quelqu’un allait avoir la peau de celui qui méprise ouvertement les journalistes politiques.
Le problème pour Tom, c’est qu’en tapant sur Harper, il rabat des électeurs dans le giron libéral. Le deuxième choix des électeurs canadiens qui ont voté conservateur en 2011, ce n’est pas le NPD, c’est le Parti libéral. Plus Tom tape sur Harper et plus Justin récolte de votes. Difficile de se sortir de cette impasse stratégique.
Parce que le seul et unique argument de campagne du NPD depuis le début, c’est de marteler qu’il faut battre Harper. Les néo-démocrates ne disent pas aux électeurs de voter pour eux parce qu’ils ont la meilleure proposition ou le meilleur chef. Ils nous proposent de voter pour eux pour battre Harper. Ce n’est pas un vote pour le NPD, c’est un vote contre Harper. Les électeurs ontariens semblent leur donner raison...Mais en votant libéral!
Au Québec, les électeurs ne voient pas encore se dessiner cette tendance forte. J’ai hâte de voir comment réagiront ceux qui ne votent NPD que pour vaincre Harper. Vont-ils soudainement se mettre à voter libéral, puisque c’est Justin qui a les meilleures chances de remplacer Harper?
J’ai comme un doute...
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