Un extrémisme destructeur

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise


Quand les institutions démocratiques ne suffisent plus à gérer les inévitables conflits politiques, quand le pouvoir s'est prostitué au service d'intérêts particuliers, aux dépens de l'intérêt collectif, et maintenant au prix de la paix sociale, quand l'opinion publique est construite sur des consensus aussi faussés qu'artificiels, quand l'espace public est occupé par l'insignifiance, il est inutile pour un vrai démocrate de geindre et de s'habiller en rose. La poussée vers les extrêmes (fasciste ou anarchiste) exprime le message que "la démocratie" est dysfonctionnelle, qu'elle demande réparation. Inutile de dénier les conflits graves qui la plombent! La démocratie a le droit de se défendre, mais elle se condamne à n'être qu'une "pseudo-démocratie" si elle refuse de désigner autant le fasciste que l'anarchiste! - Vigile

----
Hier, des voyous ont pris pour cible le métro de Montréal. C’était naturellement une cible privilégiée pour ceux qui voulaient radicaliser le désordre social. Depuis toujours, les révolutionnaires, professionnels comme apprentis, le savent : c’est en s’attaquant au système de transport d’un pays qu’on parvient véritablement à le paralyser.
Les convulsions sociales font remonter la lie de notre société à la surface. Je ne parle évidemment pas des étudiants, qui ont dénoncé exemplairement ce sabotage urbain, mais des casseurs tels qu’ils sont apparus depuis quelques semaines. Ils révèlent une pulsion nihiliste qu’une société démocratique refoule normalement très loin de l’espace public.
On soupçonne l’anarchisme radical. Il n’accepte pas les institutions démocratiques. Il les méprise. Il est non seulement minoritaire. Mais marginal. Il attire des personnalités troubles. Des intoxiqués idéologiques. Toutefois, la crise actuelle lui offre un théâtre inespéré. On l’a vu au Palais des congrès et à Victoriaville. On le voit dans le métro de Montréal.
Les casseurs ont une vision du monde qui relève de l’autisme idéologique. On doit pourtant la prendre au sérieux puisqu’elle les fait agir. Selon eux, il y a le système officiel. Absolument détestable. Fasciste, même. Contre lui, tout est permis. On peut jouer à l’émeute et détruire la propriété privée. On peut attaquer la police. On peut assiéger la maison d’un chroniqueur en hurlant des insultes. On peut habiller le premier ministre en nazi.
La prochaine étape
Quelle sera la prochaine étape ? S’ils sont vraiment convaincus que le système est fasciste, certains esprits intoxiqués ne voudront-ils pas aller plus loin ? Je n’ose dire ce que serait ce « plus loin ». Mais que tout cela se passe dans une société aussi douce que le Québec rajoute une bonne couche d’absurdité à la situation.
La stratégie des casseurs est la suivante : plus la situation sociale s’envenimera, plus l’ordre social se révélera tel qu’ils l’imaginent : un monstre fasciste. Il faut donc provoquer les tensions, les radicaliser, exaspérer la population. Il faut déstabiliser l’État, le pousser aux dérapages, et le dénoncer ensuite en trouvant là la justification à une violence radicalisée.
Chaos urbain
Le chaos urbain paverait le chemin de la révolution. Pour les casseurs, la violence est la grande accoucheuse de l’histoire. Elle fait éclater les consensus. Elle libère l’énergie révolutionnaire. La démocratie a fait un autre pari. Elle suppose que le conflit est civilisable. Elle affirme que même les désaccords les plus vifs doivent s’exprimer dans le respect de ses institutions. Les esprits civilisés misent sur la démocratie.
Il faut rétablir la paix civile, qui est le premier bien d’une société civilisée. Tous les acteurs de ce débat doivent en appeler au calme. Immédiatement. Oui, la question des frais de scolarité continuera de se poser. Mais elle ne peut certainement plus se poser dans ce contexte dément où des extrémistes prennent en otage la population.
La violence doit cesser. Maintenant. J’espère qu’on ne trouvera aucun intellectuel en manque de sensations fortes pour excuser ce geste. Pour le relativiser. Ou le « comprendre ». Pour dire que de tels gestes, aussi regrettables soient-ils, seraient « justifiés ». La démocratie a le droit de se défendre. Elle n’a plus à s’aplatir devant ceux qui la vomissent.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé