Décidément, notre époque nous réserve plein de surprises.
Par exemple : qui aurait dit que la gauche et le grand capital seraient un jour copains comme cochons ?
C’est pourtant le cas. Sur la question de l’immigration et de l’ouverture des frontières tous azimuts, les gauchistes et les apôtres du néo-libéralisme sont les meilleurs amis du monde.
VIVE LE CHEAP LABOR !
Les uns et les autres rêvent du jour où les nations n’existeront plus.
Quand les gauchistes affirment haut et fort que les frontières devraient être abolies, et que les individus devraient pouvoir aller et venir librement, les apôtres du grand capital salivent.
Car c’est exactement ce qu’ils veulent !
Amenez-en, des miséreux qui sont prêts à travailler pour des pinottes et qui ne sont pas trop regardants sur leurs conditions de travail !
Allez, ouvrez les frontières ! Ça va tirer les salaires vers le bas !
Vous croyez que je délire ?
Voici un texte qui a été publié le 25 mai 2007 sur le site de Radio-Canada.
« Statistique Canada estime que, depuis 1960, chaque augmentation de 10 % de l’offre de main-d’œuvre provoquée par l’immigration aurait fait baisser les gains hebdomadaires des travailleurs de 3 à 4 %.
« Selon une étude de Statistique Canada, l’immigration aurait tendance à faire diminuer les salaires des travailleurs, tant au Canada qu’aux États-Unis. Au Mexique, un exode des travailleurs entraîne plutôt les salaires à la hausse... »
LES CRAINTES DE BERNIE SANDERS
Certains gauchistes ne cachent pas leur malaise face à ce mariage contre nature entre leur camp et le grand capital.
Comme a déjà dit Djordje Kuzmanovic, compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de la gauche française : « La gauche doit aller à l’encontre des politiques ultralibérales au lieu de passer son temps à répéter naïvement qu’il faut accueillir tout le monde.
« Lorsque vous êtes de gauche et que vous tenez sur l’immigration le même discours que le patronat, il y a un problème ! »
Bernie Sanders, l’idole des gauchistes américains, a dit exactement la même chose lors d’une entrevue accordée au webzine Vox en juillet 2015.
« Ouvrir les frontières ? Non.
« C’est une suggestion des frères Koch [des industriels milliardaires]. Ce que la droite aime dans ce pays, c’est une politique d’ouverture des frontières. Amenez beaucoup de gens qui seraient prêts à travailler pour deux ou trois dollars de l’heure ! Ce serait formidable pour eux. Je n’y crois pas.
« Je crois plutôt que nous devons travailler avec le reste des pays industriels pour lutter contre la pauvreté dans le monde. Mais nous ne pouvons pas le faire en appauvrissant la population de ce pays. »
UNE IMMIGRATION CONTRÔLÉE
Le philosophe Michel Onfray, qui se dit « de gauche », partage le même avis.
« Le capital adore la main-d’œuvre à très bas coûts, ça lui permet de dévaluer les salaires de ceux qui travaillent, de jeter le Code du travail à la poubelle en disant que nombre de gens feront le travail pour beaucoup moins cher et sans garanties sociales. »
Il ne s’agit pas de fermer les frontières. Mais de contrôler l’immigration. Et d’en finir avec la vision naïve d’un monde poreux.