FÊTE NATIONALE

Un défilé aux allures de précampagne

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Tentative des politiciens fédéralistes de récupérer la Fête nationale. Preuve de l'importance du vote des Québécois

L’incontournable défilé de la Fête nationale a pris des allures résolument fédérales, mercredi après-midi dans la métropole, pendant que les festivités battaient leur plein aux quatre coins du Québec.

À quelques mois des prochaines élections canadiennes, les chefs de presque toutes les formations politiques avaient rendez-vous avec des dizaines de milliers de Québécois le long d’une rue Saint-Denis tapissée de bleu et de blanc et illuminée d’un soleil radieux. L’occasion pour les chefs de partis et les députés de serrer des mains et de se faire prendre en photo avec les festivaliers, certains plus enthousiasmés que d’autres par la présence accrue de politiciens fédéralistes à ce rassemblement pendant longtemps associé au mouvement souverainiste.

Il y avait bien sûr les Pierre Karl Péladeau et Gilles Duceppe qui menaient le cortège d’élus présents, mais également Thomas Mulcair, du Nouveau parti démocratique, et Justin Trudeau, du Parti libéral du Canada. Tous deux étaient accompagnés de nombreux députés et candidats. Québec solidaire et le Parti libéral du Québec étaient également présents, tout comme le maire de Montréal, Denis Coderre. Seuls grands absents de la scène politique : la Coalition Avenir Québec et le Parti conservateur du Canada. «Nous avons cinq élus, et ils étaient tous avec leur premier ministre dans la Beauce», a indiqué l’attachée de presse du premier ministre Harper, Catherine Loubier. Les députés de la CAQ étaient quant à eux dans leurs circonscription, selon un porte-parole.

Première présence libérale en 47 ans

En 1968, Pierre Elliott Trudeau avait été hué, injurié à la Saint-Jean-Baptiste. Oeufs pourris et bouteilles de bières avaient été balancés au visage de celui qui, le lendemain, allait être élu pour la première fois premier ministre du Canada. Rien de tout ça 47 ans plus tard. La procession de mercredi marquait la première présence d’un chef du Parti libéral du Canada au défilé de la Saint-Jean-Baptiste depuis les événements de 1968 et depuis la reprise du défilé, en 1990, après une interruption de vingt ans.

Le thème de cette année, «Le Québec, une terre où il fait bon vivre», se déclinait en trois volets : le Québec terre d'histoire, terre d'accueil et terre fertile. L'événements qui se déroule habituellement le long de la rue Sherbrooke a plutôt emprunté la rue Saint-Denis, une artère plus étroite permettant un contact plus chaleureux entre les nombreux chanteurs, danseurs et autres chars allégoriques et la foule nombreuse, selon les organisateurs, qui incluaient Joël Legendre à la mise en scène.

Les différents manèges illustraient ces trois volets de la thématique, rendant hommage aux nouveaux arrivants comme aux peuples autochtones et aux traditions québécoises, dont une «grande tablée», rappel des grands soupers familiaux d’autrefois.

Réunis derrière une longue corde bleue, politiciens de toutes les allégeances fermaient la marche qui s’étendaient de la rue Boucher, dans le Plateau Mont-Royal, jusqu’au carré Saint-Louis, dans le Quartier Latin. Tous sauf Justin Trudeau, qui avait pris les devants, souhaitant une «bonne fête nationale» aux personnes présentes, entre deux égoportraits avec des fêtards, une fleur de lys dessinée sur la joue.

«Je reste près du cordon, mais pour moi c'est une occasion de rencontrer les gens et de serrer des mains», a dit le chef libéral. «On célèbre parce qu'on est fiers d'être Québécois. On célèbre notre langue et notre culture.»

Pendant que les supporters du Parti québécois, du Bloc Québécois et de Québec solidaire agitaient drapeaux et affiches à leur effigie, le chef du NPD, Thomas Mulcair, a expliqué que sa formation souhaitait demeurer plus discrète afin de «respecter le caractère non partisan» des célébrations du 24 juin. «Je suis avec plusieurs collègues députés, mais on ne va pas brandir des banderoles parce que moi je souhaite que ça demeure inclusif. C'est une belle fête et nous avons de quoi célébrer. On doit être fier de la présence de Québécois de toutes les communautés et de toutes les langues.»

Accompagné de sa fiancée Julie Snyder et de deux de leurs enfants, Pierre-Karl Péladeau a quant à lui incité les Québécois à «se remémorer ce peuple dont la vie a été ponctuée de luttes pour sa survie, son affirmation et son épanouissement».

«La Fête nationale, c'est également la fête du rassemblement, ce qui nous a justement permis de passer d'un peuple à une nation. C'est la fête de l'espoir. Celui de donner à cette nation toute la maîtrise de sa destinée.»

Flanquée de sa soeur, la ministre libérale de la Culture Hélène David, la députée solidaire de Gouin Françoise David a pour sa part rappelé l’importance de cette fête, «fête de tous les Québecois».

«Il est important qu’au moins un jour dans l’année, on se rappelle qu’on forme un peuple, une nation qu’on construit ensemble, tous ensemble. C’est une fête pour se rappeler qu’on doit se tenir debout contre l’austérité. C’est une journée pour se mobiliser pour ce qui s’en vient», a-t-elle dit.

Le Camerounais Joël Wafo Talom et sa conjointe Olena Savenko, arrivés d’Ukraine avec leur enfant il y a environ un an et demi, célébraient leur première Fête nationale du Québec, mercredi. «Cette fête, c’est parfait. On apprend beaucoup : la communauté, elle est diversifiée, il y a pas que les Québécois [dits «de souche»]. Ça montre que le Québec est une nation qui accueille les gens de toutes les parties du monde. Ça fait vraiment plaisir de voir tout ça. »


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