Pour les observateurs de longue date du triangle États-Unis-Russie-Chine, cette semaine présente un panorama fantastique. Tout comme le sommet du G20 à Hambourg les 7-8 Juillet se penchera sur les grands enjeux de la croissance dans l’économie mondiale, tous les yeux seront fixés sur ce qui se passera en marge du somment lorsque le président américain Donald Trump tiendra ses « bilatérales » avec le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping.
En route vers Hambourg, Xi est arrivé lundi à Moscou pour une visite d’Etat. Les commentaires chinois ont présenté le partenariat avec la Russie en termes dithyrambiques comme étant la première priorité de la politique étrangère de Pékin (Quotidien du Peuple , Global Times). Xi lui-même a somptueusement fait l’éloge de la qualité du partenariat stratégique sino-russe. (Tass)
D’autre part, il n’y a eu aucune rhétorique analogue du côté russe. Au lieu de cela l’approche de Moscou de la rencontre Poutine-Trump recèle de grandes attentes et se concentre résolument sur cet événement. Les médias officiels ont souligné avec jubilation à peine dissimulée qu’il y aura une « véritable rencontre formelle » entre Poutine et Trump le 7 Juillet. Moscou pousse un soupir de soulagement que Trump traverse enfin le Rubicon, malgré les pressions incessantes à propos de sa « connexion Russie ».
Washington a tendu trois « carottes » à Moscou. Un, les membres républicains du Congrès à la Chambre des représentants ont bloqué le débat/vote sur le projet de loi de sanctions adoptées par le Sénat contre la Russie; deux, Washington fait entrevoir la perspective de rendre les deux propriétés russes illégalement confisquées par le Président Obama en Décembre.
Trois, surtout, des extraits d’une conversation entre le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson et le Secrétaire général Antonio Guterres la semaine dernière ont été « fuités » dans les médias, signalant la volonté des États-Unis de laisser l’initiative à la Russie en Syrie pour trouver une solution au conflit.
Bien sûr, ces « carottes » sont des cadeaux emballés typiquement à la manière américaine, et personne ne sait s’ils sont frais et comestibles. Il faudra au Kremlin un certain temps pour le savoir à coup sûr. Trump est probablement en train de mener une « guerre psychologique » contre Pékin. En effet, si l’administration Trump a offert 3 carottes à la Russie, il a brandi trois bâtons contre la Chine – les Etats-Unis ont l’intention de vendre 1,42 milliard $ d’armes à Taïwan; des sanctions pour avoir maintenu des relations d’affaires avec la Corée du Nord; et, l’approbation par le Comité des forces armées du Sénat américain d’un projet de loi pour que les navires de la marine des États-Unis puissent faire des escales régulières dans les ports de Taïwan.
Dans un premier temps, la Chine s’est retrouvée avec des bâtons dans les roues. Mais, le dimanche, le terrain a changé de façon spectaculaire quand USS Stethem, un destroyer lance-missiles basé au Japon, a navigué dans les 12 miles nautiques de l’ île Triton, qui fait partie des îles Paracel situées dans la mer de Chine méridionale entre la Chine et le Vietnam. Curieusement, Trump, le deal maker, téléphona à Xi lundi – probablement pour avoir une idée du jeu de Pékin. Selon l’agence de Xinhua News, Xi a déclaré à Trump dès le départ que les relations sino-américaines seront « affectées par certains facteurs négatifs. »
En tout cas, dans un éditorial cinglant mardi, China Daily a accusé l’administration Trump d’accentuer « les tensions entre les armées des deux pays. » Le journal remarque que :
- La dernière provocation montre que Trump n’a pas encore abandonné la stratégie adoptée par son prédécesseur qui consiste à attiser la confrontation dans la mer de Chine méridionale. Une telle pratique est à la fois dangereuse et contre-productive, car elle pourrait facilement déstabiliser les relations sino-américaines et mettre en péril les résultats fructueux obtenus jusqu’à présent pour faire avancer la coopération bilatérale.
Ce qui est sûr, c’est que lors de la rencontre du week-end à Hambourg avec Trump, Xi voudra d’abord savoir s’il y a eu « un revirement de la politique des États-Unis envers la Chine comme certains l’affirment. » (China Daily).
Cela fait que la feuille des scores ce week-end sera difficile à prédire. Poutine sera probablement le seul « gagnant ». Trump ne peut pas se permettre de revenir les mains vides de Hambourg. Il est également confronté à la colère de l’hôtesse du sommet du G20 – La chancelière allemande Angela Merkel. Poutine a une bonne chance de tirer parti des tensions sino-américaines.
Mais, comptez sur lui pour s’assurer également que Xi obtienne l’espace pour négocier efficacement avec Trump. « L’idée force » de la visite de M. Xi à Moscou a été le soutien sans équivoque de la Russie pour la position chinoise sur le problème de la Corée du Nord. Ne soyez pas surpris si le deal-maker accompli qui loge à la Maison Blanche est dépassé.
Traduction : Avic – Réseau International
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